RIP Flip Saunders : la cérémonie en hommage au coach des Wolves, peut-être le moment le plus émouvant de la décennie
Le 04 déc. 2019 à 18:47 par Bastien Fontanieu
Revivre toute une décennie, ce n’est pas forcément l’occasion de repasser par des moments uniquement positifs. Il y a aussi eu de la tristesse sur ces 10 dernières années, et quand on regarde en arrière, peu de journées ont été aussi tristes que celle durant laquelle Flip Saunders nous a quitté. L’hommage qui a suivi était tout simplement inoubliable.
Rentrée des classes 2015, il y a de la joie dans le Minnesota. Et il faut dire que les raisons sont nombreuses pour avoir le sourire dans ce coin de grand froid. Les fans de la région ne le savent pas encore, mais ils viennent de drafter un crack générationnel, un monstre des parquets qui va devenir le franchise player indiscutable des Wolves pour les années à venir. Flip Saunders le sait, vidéo à l’appui ci-dessous, d’une réaction devenue mythique le soir de la Loterie 2015. Karl-Anthony Towns part de Kentucky, rejoint la NBA et enfonce la casquette de numéro 1 avec le logo de Minnesota bien mis en évidence. L’intérieur va d’ailleurs s’associer à un garçon plein de promesses et qui a été nommé Rookie de l’année quelques semaines avant la grande cérémonie de 2015. Andrew Wiggins, lui aussi 1st pick, a satisfait toutes les attentes du management pour sa première saison professionnelle. Entre le Canadien et KAT, l’avenir est déjà tout dessiné à Minneapolis. Et parce que les choses sont bien faites, parce qu’il y a une logique dans ce monde et que tout doit rentrer dans l’ordre au moment le plus important, c’est Kevin Garnett qui a retrouvé sa franchise de toujours après de longues années passées loin des Wolves. Le patron est là, les genoux craquent, certes, mais KG porte un maillot de Minnesota et c’est tout ce qui importe dans le dernier virage de son immense carrière. Garnett retrouve Flip Saunders, son mentor, son coach de toujours, également prési des opérations basket au moment précis, avec qui il a vécu ses plus grandes galères. La photo est trop belle pour être vraie, KG, KAT et Wiggins autour de Saunders, pour assurer une transition tout en douceur dans la franchise de Minny. L’été passe, les perspectives sont réjouissantes malgré la dureté de la Conférence Ouest, l’excitation est palpable. Elle sera malheureusement de courte durée, car ce qui va suivre sera un des moments les plus tristes de l’histoire des Wolves, et de la NBA d’une manière générale.
With the NBA Draft Lottery tomorrow night, this video seems appropriate.
Flip Saunders watching as the team landed the No. 1 pick in 2015, which ended up being Karl-Anthony Towns.
"I'm selfish right now. Just give me one more!"
Miss that guy. pic.twitter.com/cUq6LD8Ic7
— Kyle Ratke (@Kyle_Ratke) May 13, 2019
Flip, troublé, ne se sent pas bien et l’inquiétude monte dans les coulisses de sa franchise. Que se passe-t-il ? Pourquoi ce silence ? Il y a une vraie anxiété qui grimpe cet été là, et les premiers à apprendre la nouvelle respectent le désir de silence du principal concerné car l’annonce est compliquée à formuler. Nous sommes le 11 août 2015, Flip prend son courage à deux mains et envoie l’alerte à toute la planète basket : traitement contre la maladie de Hodgkin, un cancer du système lymphatique. Le début d’un long parcours, d’un traitement qui existe mais va forcément altérer la vie de l’entraîneur. La tristesse est réelle, palpable, le soutien l’est tout autant. Les projections médicales semblent pourtant aller dans la même direction, Saunders peut et va affronter cette maladie pour la vaincre. On se serre les coudes dans le Minnesota, autant que ce peut. Flip est lui-même convaincu et convaincant dans ses propos, il restera le coach des Wolves ainsi que le président, ce n’est qu’une étape dans un long parcours. Malheureusement, l’optimisme-né de Saunders va être de courte durée, et le pire va se produire pendant le mois de septembre. Complications liées au traitement, répercussions graves sur son système, Flip est obligé de rester à l’hôpital car les estimations initiales sont en train d’être réévaluées à un rythme alarmant. Le 24 octobre, Glen Taylor annonce que son entraîneur ne pourra pas être là de toute la saison, Sam Mitchell va assurer l’intérim. Tout va trop vite. Le rythme intense de la nouvelle saison qui approche ne laisse pas de place pour prendre des nouvelles de Saunders. La campagne démarre, il faut avancer et faire avec. Mais comment va Flip ? On ne peut pas le laisser comme ça, si ? Comment faire ? Il n’y a rien à faire.
Le 25 octobre 2015, à 60 ans, Flip Saunders décède.
Le choc est immense, dans le Minnesota, et dans tous les recoins de la planète orange. Un coach en activité, un président qui semblait en parfaite santé pendant l’été, qui nous quitte aussi subitement…? Le deuil va durer plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois même, et toute la NBA va se joindre à la peine des Wolves pour vivre ce moment, ensemble. Les hommages s’accumulent, en vidéo, sur les réseaux sociaux, dans toutes les salles de la Ligue une minute de silence est respectée. Comment vont réagir les petiots, les nouveaux qui ont des dents de lait et doivent se faire la main dans cette ligue de tueurs ? On ne sait pas. Mais le rendez-vous est pris, le 2 novembre 2015. Match à domicile, le loup pleure mais le loup rassemble sa meute pour cet instant hors du temps. Tim Mahoney, guitare en main, nous joue une sublime version de Hallelujah au milieu du terrain, accompagné par le groupe Sounds of Blackness à la voix. Le compteur de frissons a explosé et, en France, ceux qui vivent cet hommage avec nous en direct relâchent la pression. Certains pleurent, d’autres revivent ces années de coaching à leur façon, d’autres ne peuvent quitter l’écran de leurs yeux. Karl-Anthony Towns, choisi par Flip Saunders quelques semaines plus tôt à la Draft, est inconsolable. Kevin Garnett l’est tout autant. Ces images sont inoubliables. Le meilleur joueur de l’histoire des Wolves, qui s’était assis devant la place de parking de Saunders un peu plus tôt pour méditer, est dans l’esprit de chacun. Flip Saunders, probablement penché sur le Target Center ce soir-là, manque terriblement à son équipe, à son sport, mais la cérémonie est tellement belle et touchante que le véritable au revoir se fait dans un cadre de réelle paix intérieure. On secoue encore la tête, par incompréhension et désillusion, mais s’il fallait saluer Saunders avec la manière celle choisie ce soir-là était merveilleuse.
C’est le 25 octobre 2015, il y a maintenant plus de quatre ans, que Flip Saunders est décédé. Un triste moment dans l’histoire des Wolves, et de la famille NBA, mais qui fût suivi par la plus belle des cérémonies. Un souvenir pour toujours.