Ja Morant régale encore : 25 points, 8 passes, 1 gros money-time et 1 Mike Conley calé dans son rétroviseur
Le 16 nov. 2019 à 06:35 par Bastien Fontanieu
C’était le gros match qu’il ne devait pas louper, et encore une fois il a assuré. Auteur d’un début de carrière sacrément sexy chez les Grizzlies, Ja Morant a ponctué ce premier mois de compétition avec une performance aussi prometteuse que symbolique.
Le scénario était écrit depuis juin dernier, il était juste question de savoir s’il allait être déroulé ce vendredi 15 novembre, oui ou non. Lequel de scénario ? Celui qui entourait Mike Conley, meilleur meneur de l’histoire de la franchise à Memphis, leader respecté depuis des siècles, patron d’une équipe qui jouait dur tous les soirs, un pilier dans les récits des fans du Tennessee. Présent depuis le début de sa carrière chez les Grizzlies, Conley devait dire au revoir à son maillot de toujours en étant transféré chez le Jazz, une autre équipe qui se frottait bien les mains en récupérant un tel joueur dans son cinq majeur. Ce que Utah savait, comme beaucoup de monde au printemps dernier, c’est que le management de Memphis réalisait notamment ce deal pour sélectionner Ja Morant à la Draft 2019 et donc tourner une page définitive. Grit and grind dans la bibliothèque, on écrit un nouveau livre autour du meneur et de son poto Jaren Jackson Jr. Ainsi, lorsque le calendrier officiel de la saison 2019-20 sortait ensuite en août, tous les habitants de Memphis avaient entouré en rouge ce fameux 15 novembre. Le grand retour de Mike Conley à la maison, face à Morant le rookie à qui il a filé les clés du camion en partant, on était forcément chauds. Et le public comme les autres joueurs présents sur le terrain, eux aussi étaient chauds. Dillon Brooks, en premier, ajoutait les actes aux paroles en rentrant tir sur tir à distance. Gobert et Mitchell, à leur façon, tenaient tête en proposant des performances de haut-niveau. Sauf que dans une fin de match serrée, avec la pression sur leurs épaules et le besoin de montrer qu’ils étaient les meilleurs, les visiteurs de Utah ont craqué. Ils ont mal exécuté, mal abordé ce money-time, et donc fini dans la gueule de l’ours… en l’occurrence Ja Morant.
Oui, on ne pensait pas l’écrire, mais c’est bien un rookie, présent en NBA depuis quelques semaines, qui a montré le plus de sérénité et de cool-attitude, dans un match où les gars d’en face avaient un bon paquet d’expérience. La défense de Memphis, jusqu’au bout, aura tenu malgré les soucis de fautes de Jaren Jackson Jr. Celle du Jazz, de manière assez surprenante, n’aura pas serré les vis au bon moment. Le genre de faille dans laquelle Morant adore s’enfoncer, afin de punir ces adversaires qui se ramènent pas assez préparés. Les Hornets avaient eu droit à leur propre dose cette semaine suite à un panier de la gagne, cette fois le meneur a fait peut-être encore plus fort, dans un contexte aussi tendu. Antenne nationale, Mike Conley en face, Utah réputé en défense… oh, Ja Ja… en attaque dans l’money-time tu dead ça. Action après action, séquence après séquence, le leader dans la course au Rookie de l’année va enchaîner les décisions intéressantes et donc hisser sa franchise jusqu’à la victoire. Un drive culotté sur Manu Mudiay, un floater plein de toucher, des lancers provoqués tel un vétéran ou un caviar pour un copain, Morant avait la dégaine d’un type présent depuis des lustres chez les pros alors que ce n’est absolument pas le cas. Une fois le travail réalisé, et donc un dernier stop demandé, c’est Solomon Hill qui fera le nécessaire en stoppant Donovan Mitchell au buzzer. Une victoire arrachée, dans le grind, mais surtout en suivant le flow d’un jeune meneur qui a décidé de prendre sa destinée en main et souhaite représenter le futur des Grizzlies. Si ça c’est pas la tête d’un ROY, alors on ne sait plus quoi dire.
Les larmes ont coulé pour Mike Conley, c’est un fait. Mais les sourires ont dominé autour de Ja Morant, ça aussi c’est indéniable. Dans une soirée riche en émotions, les Grizzlies l’ont emporté et savent, plus que jamais, que la mène post-Conley est gérée. On te suit, Ja, maintenant montre-nous jusqu’où tu peux aller ainsi.