Ricky Rubio est prêt à ensoleiller le jeu des Suns : de retour de Chine, le timing est parfait pour briller comme sa médaille

Le 26 sept. 2019 à 10:45 par Benoît Carlier

Source image : YouTube/FIBA

Depuis le temps que les fans des Suns réclamaient un meneur, la franchise ne s’est pas moquée d’eux en leur ramenant Ricky Rubio cet été. Fraîchement élu MVP de la Coupe du Monde où il a aussi décroché la médaille d’or avec l’Espagne, le barbu a enfin l’occasion de changer de dimension en NBA cette saison.

Phoenix, son soleil, ses température caniculaires et ses couleurs ocres. Tout cela a de quoi raviver quelques souvenirs à l’enfant de Barcelone qui passera du rouge de la sélection espagnole au orange et violet de la franchise des Cactus. A bientôt 29 ans, il arrive dans l’Arizona pour trois saisons et 51 millions de dollars. On a tendance à penser que si tout se passe comme prévu, il pourrait même prospérer quelques années de plus à la Talking Stick Resort Arena. Mais avant de penser à couler une retraite dorée sous les rayons UV du sud-ouest des States, Ricky Rubio est peut-être tout simplement en train de nous préparer la plus grosse saison de sa carrière. En tout cas, tous les feux sont au vert pour l’ancien prodige de Badalone qui avait fait ses grands débuts en Liga ACB à 14 ans et 11 mois. Une décennie et demie plus tard, le meneur a déjà passé la moitié de sa vie dans le monde professionnel ce qui fait de lui l’un des joueurs les plus expérimentés de la Ligue… à moins de trente piges. Mais contrairement à certains cracks qui n’arrivent jamais à percer, le double R a confirmé, année après année, sa réputation de surdoué du basket en enchaînant les titres avec la Roja et en prenant des responsabilités en club. Pourtant le plus beau reste sûrement à venir.

Interrogés sur les nombreux forfaits au sein de Team USA, les joueurs présents en Chine durant la première quinzaine de septembre ont tous tenu le même discours. Jouer une compétition internationale de haut niveau durant l’intersaison est une belle manière de rester en forme plutôt que de sombrer dans un régime tacos – bières sur le canapé de sa villa et cela peut parfois servir de tremplin dans une carrière. On peut même aller plus loin en citant quelques joueurs qui ont directement bénéficié de leurs bonnes performances à la Coupe du Monde à leur retour en NBA. L’exemple récent le plus frappant est évidemment celui de Kenneth Faried qui a braqué la banque de retour de Turquie pour signer un contrat de 50 millions de dollars sur quatre ans qui, avec le recul, était surcoté. Mais l’argent n’est plus la priorité pour Ricky qui avait déjà paraphé son contrat avant de s’envoler en Asie. On peut donc prendre la situation de Kyrie Irving qui a totalement changé de sphère après son trophée de MVP du Mondial remporté par les cainris en 2014. Par un heureux hasard, le grand tournoi du meneur coïncidait aussi avec le retour du King à Cleveland pour tout de suite faire des Cavaliers le boss de la Conférence Est lors des quatre prochaines années. Là encore, le Catalan n’aura pas cette chance puisqu’il devra jouer les vétérans auprès de Devin Booker et Deandre Ayton. Mais cela ne l’empêche de pouvoir entretenir de grandes ambitions à Phoenix.

C’est donc avec des attentes nouvelles qu’il débarque dans le désert de l’Arizona. Loin de devoir l’effrayer, il semble être l’homme de la situation. En effet, cette compétition internationale nous a aussi permis de constater les progrès de Ricard au tir extérieur. Historiquement, le double R n’a jamais été très fiable au shoot, tournant à 38,8% de moyenne au tir dont 32,2% du parking depuis son arrivée dans la Grande Ligue. Mais, avec un peu de retard, il semble enfin prêt à briller dans le basket moderne. Bien sûr, la ligne est un peu plus proche en FIBA que sur les parquets NBA mais Rubio a tourné à 43,6% FG et 38,7% de loin, ce qui lui a permis de créer plus de décalages pour ses coéquipiers. Conséquence immédiate de cette nouvelle menace de loin bien qu’elle soit encore perfectible, il est devenu le meilleur passeur de l’histoire de la Coupe du Monde grâce à ses 6 caviars de moyenne en 26 minutes distribués tout au long du tournoi en attirant les défenseurs vers lui pour libérer ses teammates. Un joli événement qui sonne un peu comme une preview de ce que Monty Williams attendra de lui cette saison.

La gestion, ça connaît bien Rubio avec ses cinq campagnes à plus de 8 assists de moyenne dont une pointe à 9,1 cadeaux en 2016-17. Sauf que cette fois, il pourra aussi sanctionner les défenses quand son vis-à-vis décidera de passer sous les écrans ou sera un peu paresseux. Sinon, il pourra abreuver les Booker, Oubre et même Okobo ou Kaminsky en passes laser derrière l’arc tandis que le pivot sophomore rêve déjà de pick-and-roll avec l’Espagnol après une saison passée sans véritable meneur. De quoi changer la vie des Suns pour commencer à relever le menton et viser vers le haut plutôt que de toujours regarder les prochains cracks inscrits à la Draft. Evidemment, cela prendra un peu de temps pour que Bookie s’habitue à moins monopoliser la balle et que les plus jeunes prennent leurs marques en NBA. Mais c’est un processus normal qui aurait déjà dû être lancé il y a longtemps et l’intelligence de Ricky va permettre d’accélérer tout ça pour grapiller ce retard. Dans la forme de sa vie, le MVP mondial sera un peu le thermomètre de cette équipe des Suns à la rentrée. S’il commence à envoyer des briques et laisse les défenses se resserrer, Phoenix pourra se préparer à passer une longue soirée. Au contraire, si les premières flèches trouvent la cible et qu’il peut exprimer pleinement ses qualités de passeur premium, on pourrait vite commencer à prendre au sérieux les Cactus.

Il faudra s’inspirer du Goran Dragic de 2017 en évitant les pièges dans lesquels il était tombé. Cette année-là, le point guard du Heat rentrait en Floride fort d’un titre continental avec la Slovénie et du trophée de MVP de la compétition. Mais il a payé cette surprise européenne en paraissant épuisé dès la fin de l’année civile. Néanmoins, ça ne l’empêchera pas d’obtenir son ticket pour son premier All-Star Game en remplacement numérique de Kevin Love malgré des statistiques inférieures à celles proposées la saison précédentes. A Ricky Rubio de prendre quelques jours de repos bien mérité pour tenir la saison dans toute sa longueur. Ce n’est sûrement pas cette année que Phoenix retournera en Playoffs mais c’est maintenant qu’il faut prendre les bonnes habitudes pour espérer remonter dans le Top 8 la saison prochaine. En tout cas, le timing semble idéal avec un noyau de joueurs très jeune et le double R qui atteint seulement son prime selon Sergio Scariolo qui l’a vu évolué en sélection depuis plus de 10 ans. Alors préparez-vous parce que ce n’est peut-être que le début du Ricky dominant dans la Grande Ligue.

Les Suns semblent avoir tiré une bonne pioche avec le meneur emblématique de la sélection espagnole qui a dominé le basket international lors de la dernière décennie. Ricky Rubio arrive tout juste à maturité son jeu n’a jamais été si adapté à celui pratiqué dans la Grande Ligue. A lui de confirmer cela avec une saison de référence. On entend parler de lui depuis plus de 15 ans mais le meilleur reste encore à venir.


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