Giannis Antetokounmpo à la conquête de l’Olympe : la marche était haute, bien trop haute pour le Greek Freak
Le 10 sept. 2019 à 11:34 par Nicolas Meichel
À partir de ce mardi 10 septembre, les huit meilleures équipes du Mondial vont commencer les matchs à élimination directe avec le début des quarts de finale. Parmi les grands absents, il y a la Grèce de Giannis Antetokounmpo. En effet, le Greek Freak n’a pas réussi à porter les siens en dehors de la deuxième phase de poule. C’est évidemment une déception énorme pour Giannis, qui avait pour objectif de conquérir le monde pour devenir un dieu vivant dans son pays. L’ascension du Mont Olympe était trop difficile.
République Tchèque – Grèce, quatrième quart-temps, cinq minutes et 37 secondes à jouer. La bande à Giannis Antetokounmpo mène de dix points dans le deuxième match de la seconde phase de poule. Suite à un tir raté de Jaromir Bohacik, le Greek Freak prend le rebond et comme souvent, il part en transition, où il a l’habitude de faire des ravages. Sauf que là, les choses ne vont pas du tout se passer comme prévu. Sur la contre-attaque, Giannis attaque le panier à toute vitesse et rentre en contact avec le Tchèque Ondrej Balvin. Ce dernier s’écroule et l’arbitre décide de siffler faute offensive, une décision aussi controversée que cruciale. Controversée car on voit mal comment on peut sanctionner Antetokounmpo sur cette action, et puis cruciale car c’est la cinquième faute du Freak, synonyme d’expulsion. Cette séquence, c’est la toute dernière de la compétition pour Giannis, puisque les Grecs n’ont pas réussi à se qualifier pour les quarts de finale malgré leur succès 84-77 face à la République Tchèque. Ils avaient besoin d’une victoire avec au moins 12 points d’écart pour espérer passer au tour suivant, une marche un peu trop haute pour eux. Concernant le Freak, terminer de cette manière est évidemment très frustrant, lui qui a souvent eu des problèmes de fautes dans ce tournoi. À noter que la fédération grecque a même envoyé une lettre à la FIBA pour demander le bannissement des officiels qui ont arbitré la dernière rencontre, mais ça c’est encore une autre histoire. La story principale, c’est que la superstar de ce Mondial ne verra pas les quarts de finale. MVP de la NBA, Antetokounmpo était venu en Chine pour dominer le monde, pour conquérir l’Olympe, pour emmener sa Grèce le plus loin possible et rejoindre les 12 divinités olympiennes.
Malheureusement pour lui, il a échoué dans sa mission, lui qui n’a jamais vraiment réussi à enclencher le mode Freak. On avait déjà mis en avant à la fin du premier tour les raisons qui se cachaient derrière ses difficultés, et on a eu la confirmation durant la seconde phase, où la Grèce a rencontré Team USA et la République Tchèque. Les règles FIBA, l’utilisation de Giannis par le coach grec, le style de jeu et le supporting cast de son équipe… tous ces éléments expliquent en partie son impact limité et pourquoi on n’a pas vu le même phénomène que durant la saison NBA à Milwaukee. La NBA et une Coupe du Monde FIBA, ce n’est pas du tout le même délire, en particulier pour un joueur du style de jeu d’Antetokounmpo. Comme son surnom l’indique, on parle d’un monstre physique, un joueur qui détruit tout sur son passage quand il a de l’espace, un joueur tout simplement inarrêtable en transition. Sauf que le Freak, c’est aussi un joueur qui a une vraie marge de progression malgré le niveau déjà atteint. C’est très flippant dit comme ça mais on a vu sur ce Mondial les limites de son jeu actuel, que ce soit en FIBA ou en NBA. Son shoot extérieur reste sa principale faiblesse, ce qui peut le rendre prévisible sur attaque demi-terrain. Il a tendance à s’empaler aussi sur les défenses adverses en essayant de forcer le passage, ce qui lui permet certes de provoquer des fautes mais dans le même temps, ça peut aussi jouer contre lui (fautes offensives, pertes de balle). Cette Coupe du Monde FIBA avec la Grèce a mis en avant ces faiblesses-là sur lesquelles Antetokounmpo devra continuer à travailler pour vraiment devenir un human cheat code, et pourquoi pas porter un jour son pays vers une médaille dans un grand tournoi international.
Après une campagne NBA mémorable, Giannis Antetokounmpo ne gardera donc pas un grand souvenir de son passage en Chine. Étant donné l’ambition du bonhomme, il est probablement encore en train de rager à l’heure actuelle. Ce Mondial lui tenait à cœur. Il voulait emmener sa Grèce le plus loin possible, et bien plus loin que le deuxième tour. Mais ce Mondial, ça va surtout lui servir d’apprentissage, un peu comme son élimination face aux Raptors en Finales de Conférence après la magnifique saison régulière des Bucks. Souvent, il faut passer par des grosses déceptions pour atteindre le niveau supérieur avant d’aller chercher le Graal. Le Greek Freak est actuellement dans cette phase-là avec deux éliminations prématurées en quelques mois. Forcément, certains en profitent pour dire que le bonhomme n’est qu’un monstre physique surcoté, mais on sait qu’il va utiliser tout ça comme motivation pour revenir avec un esprit revanchard et la ferme intention de dominer la planète basket. Le mec a seulement 24 piges. Vous en connaissez beaucoup vous des joueurs qui ont remporté le titre de MVP à cet âge-là, tout en étant le grand symbole d’un pays ? Giannis est forcément visé par l’opposition à chaque fois qu’il met les pieds sur un terrain de basket, que ce soit en NBA ou en FIBA. Alors bon, on peut critiquer son Mondial car il n’a clairement pas répondu aux grosses attentes placées en lui, et la Grèce est sans aucun doute à ranger dans la catégorie des déceptions. Mais le phénomène est loin d’être un produit fini, et il aura bien d’autres opportunités pour grimper sur le toit du monde.
On attendait un Giannis au taquet pour sa Grèce durant ce Mondial, on a eu un Freak dans le dur tout au long de la compétition, avec une élimination dès le deuxième tour en prime. Pour gagner sa place sur le Mont Olympe un jour, il devra revenir à la charge à l’avenir, et on peut compter sur lui pour ça. Attention au monstre revanchard !