NBA Flashback 2018-19 #62 : ce jour où Kevin Durant nous a offert un scénario aussi dingue que dramatique pour lui et les Warriors
Le 30 août 2019 à 15:30 par Julien Dubois
La saison 2018-19 est à peine écoulée qu’elle nous manque déjà. Comme chaque été, TrashTalk vous propose donc de revenir sur ces événements qui nous ont fait vibrer, sursauter, rire ou pleurer, histoire aussi de garder notre belle NBA en tête H24 et douze mois sur douze. Allez, coup d’œil dans le rétro histoire de se rapprocher tranquillement… de la reprise. Comment ça on se repose l’été ? Comment ça on est des geeks ?
On a tous déjà joué au pile ou face avec un ami pour décider qui de nous deux va faire quelque chose de relou. La vaisselle après une soirée, aller sonner chez le voisin pour récupérer le ballon qu’on a envoyé chez eux sur un gros airball, accoster son crush et risquer de se prendre un râteau. Bref, à ce moment là, on a l’impression de jouer gros et si on perd, d’avoir toute la malchance du monde qui nous tombe dessus. Aujourd’hui, on parle d’un mec qui a vraiment été frappé par la poisse alors qu’il jouait gros, bien plus que vous lundi dernier, quand vous avez dû payer un demi parce que vous avez perdu à Shi Fu Mi.
Les Warriors sont menés 3-1 dans ces Finales 2019 et le cinquième match a lieu à Toronto, dans une Scotiabank Arena blindée et prête à fêter un titre de champion. Kevin Durant ne s’est pas encore montré de la série et on imaginait déjà les Californiens se sortir de ce bourbier sans lui. Toutefois, les minutes tournent et Steve Kerr annonce que le numéro 35 foulera le parquet ce soir, et même rapidement : KD est titulaire. Dans la tête de tous les fans de NBA, une explosion a lieu : s’il y a bien une équipe, en dehors de celle des Cavs de 2016, capable de revenir d’un déficit de 3-1, ce sont bien ces Warriors-là, ceux qui alignent un cinq de fou furieux dès le début du match. Allez, café, canapé, et on se prépare pour un match tellement important.
Le premier quart commence sur les chapeaux de roues avec Curry et Klay en mode patrons, de quoi mettre en sueur l’équipe de Toronto. Seulement, un autre garçon met la manière et donne une avance sympatoche à Golden State : Kevin Durant, qui plante 11 points dans les 18 premières minutes du match, à 3/3 derrière l’arc. Dans la tête de tous les fans, le Game 6 arrive déjà en courant. Les trois pyromanes sont dans leur match et le rythme semble trop fort pour Toronto qui est bloqué six points derrière les double-champions en titre. Mais, plot twist, sur un appui classique, en tentant de crosser Serge Ibaka, Kevin Durant va perdre le ballon et s’arrêter de jouer. L’ailier de 2m13 se met au sol et se tient le bas de sa grande jambe, l’air de sentir qu’il vient de se passer quelque chose de grave. L’histoire on la connaît, les fans de Toronto huent et s’esclaffent pour finalement être calmés par les joueurs de Toronto qui, eux aussi, sentent… qu’il s’est vraiment passé quelque chose. Le grand numéro 35 se relève en boitillant et quitte le terrain, alors que les Dubs sont sous le choc.
C’est donc parti pour le moment spéculation de la soirée où on ne suit qu’a demis-yeux le match, tant on est occupé à sortir des phrases du style : “c’est sûr que c’est son mollet qui a pété, les Warriors l’ont forcé à rejouer”, “je sens que c’est la cheville, il est grand ça a dû tourné sur l’appui”, “c’est quand qu’on ouvre la prochaine bière”. Bref, personne ne sait ce qu’il se passe et le mode vibreur de notre téléphone préchauffe pour les futurs notifs du Woj. Mi-temps, +6 Warriors, et le sentiment que la blessure de KD change beaucoup : les Guerriers sont plus revanchards que jamais et se motivent à grand coup de “allez les gars, pour Kevin”, tandis que les Raptous peuvent souffler un bon coup puisqu’ils n’auront plus à défendre sur le monstre. Le Woj revient alors avec des nouvelles rassurantes, minor injury pour l’ailier, on respire enfin depuis notre canapé, le management des Knicks aussi (lol).
Le troisième quart commence, et, dans le sillage de Curry et de Cousins, les Warriors vont prendre jusqu’à treize points d’avance, de quoi espérer retourner à l’Oracle pour un Game 6 d’anthologie. Trop peu pour les Raptors qui, avec un cœur de (futur) champion, vont revenir à portée de Golden State. C’est l’heure du Kawhi time : le numéro 2 au sang très froid va planter pas moins de dix points de suite dans les six dernières minutes, de quoi replacer les Canadiens devant : 97-103. Le momentum est clairement noir et rouge, la salle devient folle, et on a le sentiment que c’est une force supérieur qui empêche les Warriors de l’emporter ce soir-là. Croire au destin et aux esprits divins ? Trop peu pour les Splash Brothers qui, plein de classe, d’expérience, de sang froid et de maîtrise, vont dès lors planter 9 points consécutifs. Des systèmes à en faire tourner la tête, des ficelles qui tremblent jusqu’à notre canapé, 106-103 Warriors. Les derniers efforts de Kyle Lowry ne suffiront pas, le match se termine avec un +1 pour les Dubs, direction San Francisco pour un Game 6. Whaou, quelle claque ce match, on en oublierait presque la blessure dramatique de KD en milieu de second quart. Mais vous savez quoi, les insiders, eux, ne l’ont pas oublié et le mot « Achille » est sur toutes les lèvres… De quoi bien refroidir l’ambiance de la planète NBA. Résultat, la news va tomber et les interviews du camp Warriors vont s’enchaîner, avec notamment un Bob Meyers au bord des larmes et les Splash Bros en mode tête baissée. Whaou, quelle claque ce match.
Soirée particulière pour la NBA, le 10 juin restera comme une oxymore entre la beauté et les méfaits du basket. L’interview de Curry en fin de match en est d’ailleurs le symbole : le buzzer vient de retentir, la victoire est sienne, et pourtant, ses pensées vont pour KD, de quoi complètement casser l’ambiance. Que l’on soit fan des Raptors, des Warriors ou de la NBA en général, cette soirée ne nous aura pas laissé indifférent, c’est surtout ça qu’il faut retenir.