Deandre Ayton : focus sur un mec dont on ne parle que trop peu… pour le moment

Le 23 juil. 2019 à 11:33 par Alexandre Martin

Deandre Ayton Booker Suns
Source image : YouTube / NBA

Troisième du trophée du rookie de l’année 2019, Deandre Ayton a connu une première saison bien discrète pour un numéro 1 de Draft. Le pivot a pourtant un potentiel évident. Il va entrer dans sa deuxième saison alors que les Suns ont fait beaucoup de changements pour enfin en finir avec la médiocrité. A lui de nous montrer qu’il peut devenir un dominant pour de nombreuses années dans les raquettes NBA et l’un des piliers d’un duo très prometteurs.

Peut-être que l’ami Deandre ne deviendra jamais cet intérieur de niveau All-Star. Il est vrai que son indéniable nonchalance défensive lui a valu quelques critiques à peine arrivé sur les parquets de la Grande Ligue. Peut-être qu’au final son potentiel ne va jamais vraiment se traduire sur les terrains. En attendant, à quelques mois du début de l’exercice 2019-20, il ne faudrait pas oublier le Bahaméen. Il ne faudrait pas l’ensevelir trop profond sous la hype (méritée !) du prodige Luka Doncic et du faucon mais vrai talent qu’est Trae Young. Car du haut de ses 215 centimètres harnachés de 115 kilos de muscles, Ayton ne fête que ses 21 ans aujourd’hui. Et pour sa saison rookie, il vient de jouer 71 matchs dont 70 en tant que titulaire en affichant des moyennes statistiques très solides : 16,3 points à 58,5% au tir, 10,3 rebonds, 1,8 passe décisive ainsi que quasiment 1 interception et 1 contre. 16/10/2/1/1 en tant que rookie… Très solide ne parait donc pas être une qualification surfaite dans le cas de Deandre. Loin de là !

Des rookies en double-double (points/rebonds) de moyenne, il y en a eu 48 dans l’histoire NBA, en comptant Ayton. Sur les 47 autres, 24 sont entrés au Hall of Fame. Bientôt 25 d’ailleurs puisqu’un certain Tim Duncan ne devrait pas tarder à se faire introniser. Toujours sur ces mêmes 47 joueurs, seuls six d’entre eux n’ont jamais été All-Star lors de leur carrière (Clark Kellogg, Lloyd Neal, Emeka Okafor, Ray Scott, Elmore Smith et Reggie Harding) : logique étant donné que les autres ne sont pour la plupart que des monstres du jeu (liste complète ici). Bien sûr, ces comparaisons historiques ne représentent pas une assurance pour la suite de la carrière d’Ayton mais c’est un très bon signe qui a au moins le mérite de mettre en avant la qualité – discrète – de la première saison du pivot des Suns. D’autant plus que tout cela a été réalisé au sein de la pire équipe de la Ligue. N’en déplaise aux Cavs et aux Knicks, ce sont bien les Suns qui ont proposé le basket le plus pitoyable sur 2018-19.

Pas évident donc dans ces circonstances de se mettre… en évidence justement, en tant que rookie. Le pauvre Deandre a erré sous les cercles et n’y a reçu que très peu de ballons. On peut considérer qu’au-delà de l’absence de véritable fond de jeu chez les Suns, c’est surtout l’absence d’un meneur expérimenté qui a largement contribué à brider son apport offensif. On a pu le constater à quelques reprises : quand il est servi, Ayton est capable de faire de gros dégâts, quelle que soit l’opposition. Rappelez-vous par exemple de cette fin de mois de décembre qu’il nous a offerte : 23 points et 18 rebonds sur les Celtics, 26 points et 18 rebonds sur les Nets, 33 points et 14 rebonds sur les Nuggets. Solide ! Quand il est alimenté, le pivot des Cactus produit des stats et pèse sur les matchs. Pour vérifier cela, on peut s’appuyer sur l’Offensive Win Share, celle d’Ayton (4,1) est la meilleure des Suns la saison dernière alors qu’il n’est que sixième de l’équipe en terme de Usage Rate et seulement le quatrième plus gros marqueur, derrière Booker, Oubre et Warren ! Sans aller si loin que ça dans les stats avancées, on a probablement une piste intéressante pour le le nouveau coach, Monty Williams, dans le but de faire progresser l’attaque de Phoenix : nourrir la bête, faire en sorte qu’Ayton puisse avoir des espaces pour s’exprimer, pour peser sur la défense, l’obliger à faire des choix et donc certainement aussi créer des brèches pour ses potes de talent sur les extérieurs.

D’ailleurs, le management des Suns a travaillé d’arrache-pied pour donner à Monty Williams les moyens d’améliorer le rendement offensif des Cactus qui étaient notamment la pire équipe de la Ligue derrière l’arc la saison dernière avec un peu moins de 33% de réussite. Avouez que dans la NBA moderne, ça la fout mal et que pour trouver des espaces sous les cercles ou dans le périmètre, tout se complique. C’est dans cette optique que Kelly Oubre a été prolongé, que Cam Johnson et Ty Jerome ont été draftés (si haut), ou que Dario Saric a été récupéré dans le trade avec les Wolves. Du spacing, un joueur dominant à l’extérieur en la personne de Devin Booker ET un joueur dominant à l’intérieur en la personne de Deandre Ayton. Le tout avec l’arrivée de Ricky Rubio qui aura pour rôle d’apporter son expérience, sa vision, sa qualité de passe dans le but de fluidifier le jeu, de gérer le tempo et de faire en sorte que les jeunes talents des Suns puissent s’exprimer. On a quand même hâte de voir ce que peut donner le duo hispano-bahaméen sur pick-and-roll !

Et, inutile de se voiler la face, c’est là que Deandre Ayton va avoir une vraie pression dès sa deuxième saison. Car si on peut estimer qu’il était très compliqué pour lui de faire mieux lors de son premier exercice chez les pros et même qu’il a envoyé du lourd, il va être très attendu sur 2019-20. Les Suns vont compter sur lui. Ils ont fait un recrutement auquel on peut trouver de vrais défauts mais qui a le mérite de répondre à beaucoup de besoins de l’équipe : du shoot, de l’expérience, des role-players intelligents, un effectif complet avec tous les postes doublés… On a vu que Devin Booker peut envoyer du 25/5/5 sans trembler et sans que personne ne puisse rien y faire en face. Il doit montrer qu’il peut le faire en gagnant des matchs maintenant. Ayton lui, va devoir montrer qu’une fois bien entouré et au sein d’une équipe où les espaces se créent (si tant est que ce soit le cas) il peut faire mal aux intérieurs adverses chaque soir, qu’il peut devenir une menace permanente, un pivot qui marque 20 points ou plus à chaque fois que c’est un peu léger dans la raquette ennemie. Il a toutes les armes pour ça : mobilité, agilité, détente, longueur, puissance, une technique et un footwork sérieux, un shoot honnête à mi-distance. Il a même de quoi faire les efforts nécessaires en défense, sait-on jamais. Encore une fois, il n’a que 21 ans…

Talent, physique de monstre, jeunesse. Ayton a tout ce qu’il faut pour affronter la pression qui va tomber sur ses épaules dès sa saison de sophomore. Les Suns ne peuvent pas continuer de végéter comme lors des neuf dernières années. Les fans ont envie de voir un groupe qui se donne autour d’un duo de stars capables de tirer l’équipe vers le haut. Allez, à toi de jouer Deandre ! 



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