Les Sixers étaient sûrs à 100% : une fois épargné par ses blessures en début de carrière, Joel Embiid allait changer le game

Le 13 juil. 2019 à 17:32 par Bastien Fontanieu

Joel Embiid
Source image : NBA League Pass

C’est un de ces témoignages qu’on aime avoir aujourd’hui, car il fait écho à plusieurs années en arrière. Joel Embiid, drafté en 2014 par les Sixers, était un pari rempli de points d’interrogation. Mais s’il y a bien une franchise qui n’a jamais douté, c’est celle de Philadelphie.

On s’en souvient encore, comme si c’était hier. Deux moments marquants, bourrés d’incertitude, et qui passent aujourd’hui pour des anecdotes quand on voit le niveau de domination du Camerounais en NBA. D’abord, il y a eu cette première saison chez les pros, après deux ans passés à l’ombre. Choisi en 2014 en troisième place de la Draft derrière Andrew Wiggins et Jabari Parker (sic), Embiid est sujet à de nombreuses blessures et le label est tout de suite posé sur le front du jeune homme : bonjour Greg Oden, bonjour Sam Bowie. Les inquiétudes sont palpables en Pennsylvanie, on voit les Sixers tanker sans demi-mesure et tout le monde cherche à obtenir des infos sur Embiid, ce projet gardé en secret, loin des caméras. Pendant de longs mois, les mauvaises langues vont pouvoir bomber le torse et crier haut et fort à quel point Joel pue le bust à plein nez. Impossible de voir un joueur aussi grand et avec de telles galères physiques tenir dans cette Ligue, au mieux il aura quelques coups d’éclat et devra ensuite aller à l’infirmerie, au pire c’est une carrière gâchée et un choix de Draft hué par toute une fanbase. Ce premier moment, celui qui concerne les débuts d’Embiid en NBA, est inoubliable. Les premiers matchs, la hype, les célébrations, les chutes spectaculaires, le staff médical qui panique, les fans qui se bouffent les doigts, l’anxiété était quotidienne. Le deuxième moment ? C’est cette prolongation de contrat, signée en octobre 2017, au sein de laquelle des alinéas vont être allongés pour s’assurer que Joel remplisses ses tâches sans avoir à finir chez le kiné chaque semaine. Encore de quoi paniquer pour les fans des Sixers. Sauf qu’aujourd’hui ? Il n’y a plus rien à redire. Embiid fait partie des meilleurs joueurs au monde, des hommes les plus dominants des deux côtés du terrain, et ce statut n’étonne pas ceux qui ont eu la chance incroyable de voir l’animal bosser en coulisses. Lloyd Pierce, coach des Hawks aujourd’hui, était précédemment assistant de Brett Brown à Philly. Il a vu, de ses propres yeux, ce que Joel pouvait faire, loin des caméras. Il a vu ce que ce monstre pouvait offrir rapidement, que ce soit dans le jeu, dans l’approche, la personnalité, et tout ce qui entoure le phénomène de Pennsylvanie. C’est donc avec nostalgie que Pierce est revenu sur ces deux années passées dans le noir total, mais sans jamais douter.

Le meilleur jeune joueur que j’ai entraîné ? C’est dur comme question… mais je dirais Joel Embiid.

Quand j’ai entraîné LeBron à Cleveland, c’était sa cinquième saison en NBA. Et Steph (Curry), je suis arrivé lors de sa deuxième saison pro. Mais pour moi, Joel… Beaucoup de gens ne savent pas ceci car il a été beaucoup blessé lors des deux premières années suivant sa Draft, mais avant que sa deuxième blessure n’apparaisse, on a eu la chance de pouvoir le voir jouer en coulisses. Et on l’a su tout de suite, instantanément. On a su qu’une fois en pleine santé, Joel allait changer le jeu, il allait changer toute notre franchise. Et on parle d’un joueur qui n’avait même pas encore joué une seule minute dans un match NBA. On le savait tous, directement. Encore plus avec lui, vu que c’était un pivot. On peut parfois déceler le potentiel des joueurs extérieurs grâce à leur technique, mais de voir un joueur aussi dominant, aussi tôt… Et pourtant, on avait des gars comme Jahlil Okafor et Nerlens Noel dans l’équipe. Mais cela n’avait rien à voir, il était déjà à part. Il avait déjà le shoot, il avait déjà le footwork, et il avait surtout cette méchanceté intérieure… On le sait tous désormais, si Joel voit une faiblesse en vous et qu’il peut en abuser, il va vous démolir sans hésiter. Donc je dirais Joel.

Les step back, les tirs sur une jambe, les feintes de tir, il les a appris tellement vite. Pendant un moment, il observait James Harden jouer. Et il nous a très vite demandé comment faisait-il pour aller si souvent sur la ligne des lancers-francs. On lui a dit que c’était notamment son utilisation des bras, sa façon de créer le contact et donc la faute. Et bien devinez qui était le deuxième joueur avec le plus de lancers provoqués l’an dernier en NBA ? Joel n’a pas grandi en faisant ça, il étudie simplement les joueurs, et il prend ce qu’il veut prendre pour les intégrer dans son jeu. Une de ses phrases préférées, c’est de dire au pivot adverse que ce soir il va prendre 6 fautes. Et bien pour sa troisième saison professionnelle, il est juste derrière un des plus grands provocateurs de lancers francs de l’histoire de ce jeu. Joel a déjà intégré cette partie dans son jeu, alors que d’autres joueurs mettent des années à y arriver, et certains continuent en ce moment même à essayer de comprendre comment faire.

Ce n’était qu’une question de temps, finalement. Déjà, à Kansas, nombreux étaient les coéquipiers qui hallucinaient devant ce côté éponge que possède Embiid. Le matin, les universitaires s’entraînaient et Joel découvrait un nouveau move. Le soir-même, en match, l’intérieur posait son move et le réussissait, comme si cela faisait des années qu’il le travaillait. Et en effet, depuis son arrivée réelle en NBA, donc depuis qu’il joue, le géant apporte systématiquement quelque chose de nouveau. Offensivement, il n’y a pas grand chose qu’il ne peut pas faire. Défensivement, sa présence terrorise les joueurs adverses. C’est notamment en cela, cette saison, qu’Embiid a eu droit à des comparaisons all-time. Un mélange de Shaq en terme de domination, et d’Hakeem en terme de polyvalence. Difficile de demander mieux. Mais le prochain challenge de Joel, on le connaît tous. Il faudra déjà commencer par tenir physiquement, sur la durée. D’abord 31 puis 63 puis 64 matchs, même si cela ne tue pas les Sixers au final puisqu’ils sont dans l’élite, c’est en touchant la barre des 70 rencontres qu’Embiid pourrait notamment aller gratter un trophée individuel à trois lettres possédé aujourd’hui par un Grec. Ensuite, il faudra faire mieux en Playoffs, après avoir été tué par le shoot interminable de Kawhi Leonard sur sa tête. Le franchise player de Philadelphie le sait, il a l’effectif pour jouer en juin, maintenant il doit assurer sur les parquets. Si on en croit les paroles de Lloyd Pierce, il ne faudra pas s’étonner si le type nous ramène quelque chose de nouveau dans son approche ou son jeu à la reprise, et que les Sixers se pointent gentiment en finale de conférence 2020…

Elle est sublime, l’histoire de Joel Embiid en NBA. Et on espère qu’elle durera le plus longtemps possible. Car même si ses adversaires le détestent, et de nombreux fans repoussent son arrogance, on ne peut nier ceci : ce joueur est incroyable à voir jouer.

Source : Sirius XM


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