Interview Donovan Mitchell x TrashTalk : “Mon objectif n’a pas changé, je veux gagner un titre NBA”

Le 13 juil. 2019 à 18:45 par Bastien Fontanieu

Donovan Mitchell
Source image : Adidas France / TrashTalk

Dans le cadre du Take on Summer Tour d’adidas qui passait par Paris, nous avons eu l’occasion de passer ce vendredi 12 juillet avec la marque aux trois bandes et donc passer un bon moment avec un certain Donovan Mitchell. De passage par la capitale comme James Harden, l’arrière du Jazz a lâché Spiderman quelques instants et nous a accordé une chouette interview.

Il est jeune, il est souriant, il a un charisme évident et il met tout le monde à l’aise dès le premier instant. Bienvenue dans le monde de Donovan Mitchell, sorte de mélange entre futur All-Star de la Ligue, pote d’enfance avec qui tu te marres, et gros basketteur qui aime parler de la balle orange. Si la plupart des observateurs (et lecteurs de ce site) connaissent le coéquipier de Rudy, peu nombreux sont ceux qui connaissent le garçon dans son intimité. Vendredi matin, décalage horaire encore un peu présent dans la gueule, et pourtant la pêche est là. Un peu comme ses dunks qui ont fait mal à beaucoup de crânes, Donovan a l’air d’avoir la pêche en permanence. Du coup, quand on s’installe, c’est tout de suite avec le smile. Et cela donne forcément un petit échange fort sympathique, entre Draft, calendrier, Conférence Ouest et… légende du circuit.

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TrashTalk : Salut Donovan, merci pour cette interview. Première question évidente, quand on voit le recrutement réalisé par le Jazz cet été, il y a de quoi être excité. Quel est ton sentiment actuel concernant ton équipe, à quelques mois de la reprise ?

Donovan Mitchell : Oui, je suis très excité pour la saison à venir. On a plein de nouvelles pièces dans l’effectif. Je pense que ce qui sera le plus important, c’est de voir ce qu’on peut faire entre nous car la Ligue a beaucoup bougé cet été. L’Ouest a toujours été une jungle, mais comme je le dis souvent, tant qu’on se focalise sur nous et sur ce qu’on peut faire, le plafond que l’on peut atteindre, tout va bien se passer.

TT : Parmi les grosses acquisitions de l’été, Mike Conley débarque à Utah. Quelle a été ta réaction en apprenant ce transfert, que penses-tu que Mike va pouvoir apporter à ton équipe ?

DM : Sa personnalité sera super, notamment avec les titulaires. Il colle très bien avec ce qu’on fait, avec qui nous sommes, notre ADN. Mike est un super leader, un joueur qui pense avant tout aux autres. C’est une très bonne acquisition et j’ai hâte de jouer avec lui. On a déjà réalisé quelques workouts ensemble et c’est ce que je voulais faire d’entrée, se découvrir chacun, comprendre les automatismes de l’un et de l’autre. J’ai beaucoup de choses à apprendre de lui, ça c’est sûr.

TT : Lorsqu’on voit le haut de la Division Nord-Ouest, avec Portland et Denver notamment car on ne va pas parler d’OKC et de Minnesota, il y a de quoi se retrousser les manches. Penses-tu que le Jazz peut aller chercher le trône de cette division ?

DM : Disons que… je ne me soucie par trop de ce que vont faire Portland et Denver. C’est trop tôt pour ça, il faut qu’on développe notre cohésion d’équipe, et ensuite le reste viendra.

TT : Maintenant qu’on a parlé de collectif, penchons-nous sur l’individuel. Comment abordes-tu ta saison prochaine ? Est-ce que tu as des objectifs spécifiques, All-Star, All-NBA Teams ?

DM : Gagner un titre, tout simplement . Tout le reste suivra, tant qu’on remporte un maximum de matchs. C’est mon objectif depuis mon premier jour en NBA, et cela n’a pas changé. Maintenant qu’on a fait tous ces moves cet été dans la franchise, on s’en rapproche. Mais on doit désormais aller sur le terrain et y arriver.

TT : Ce n’est pas fréquent d’entendre ça, chez les jeunes joueurs qui arrivent en NBA et veulent se faire une image. On a reçu d’autres joueurs à Paris durant cette intersaison, et qui parlaient d’avantage de All-Star Game, par exemple.

DM : Oui, mais pour moi c’est normal. Car quand vous gagnez des matchs, les récompenses individuelles suivent. Cela me semble logique. Maintenant, je ne vais pas me ramener aujourd’hui et te dire que je ne veux pas être All-Star ou un MVP, ce serait incroyable d’y arriver et j’y travaille chaque jour. Mais je n’aborde pas la saison prochaine en me disant que c’est la saison durant laquelle je dois être All-Star. Ce n’est pas ça : c’est la saison durant laquelle on doit jouer le titre. Une carrière de joueur en NBA est souvent jugée par les bagues, pour la plupart des gens. Donc ce qui importe le plus pour moi actuellement, c’est cela.

TT : La Conférence Ouest est une jungle, tu l’as dit. Pas sûr qu’on puisse en dire autant de la Conférence Est… Quel est ton avis sur le modèle de la NBA et notamment des Playoffs, avec 8 équipes de chaque conférence ? Préférerais-tu les 16 meilleures équipes qualifiées au final ?

DM : Personnellement, cela ne me dérange pas. L’Ouest est évidemment rempli de très bonnes équipes, et cette conférence a des équipes plus dominantes qu’à l’Est…

TT : … c’est aussi une meilleure compétition.

Exactement. C’est une très bonne compétition pour nous, et c’est pour ça que vous pratiquez ce sport. Vous ne faites pas du basket pour taper des équipes de 20 ou 30 points tous les soirs, vous voulez jouer contre les meilleurs et vous battre. Donc je ne suis pas là à vouloir dire qu’il faut changer ceci ou cela, le format est tel qu’il est, mais on doit faire avec et jouer ensemble. Je n’ai pas de véritable préférence, notamment car je ne sais pas quelles seraient les alternatives possibles. Je dirais juste ceci, que la meilleure équipe l’emporte.

TT : Il fallait qu’on parle de trashtalking avec toi aujourd’hui, nom de média oblige. On sait que le public a une image particulière de Joe Ingles…

DM : (rires)

TT : Ah ! Donc c’est bien lui le meilleur trashtalker chez le Jazz ?

Clairement. Joe est vraiment le meilleur trashtalker dans notre équipe. En fait, tout ce qu’il fait est super discret, c’est juste qu’on ne peut pas le voir quand on regarde le match à la télé. Il va certes envoyer des bisous à son adversaire comme certains ont pu le voir, mais il va aussi faire ces petites choses qu’on ne peut pas voir via une caméra. Les coudes dans les cotes, par exemple. Je vais te raconter un truc. Ma première année, j’arrive au camp d’entraînement et je le vois. Je me dis que ce type est juste vieux et lambda, et que je vais pouvoir le dépasser en un coup d’épaule… j’avais tort. C’est un gros compétiteur, je le respecte énormément. C’est typiquement le genre de joueur que vous voulez dans votre équipe. Joe est le meilleur trashtalker chez nous en tout cas, de loin.

TT : Et toi du coup, tu parles pas mal sur le terrain ? On a vu qu’il ne fallait pas te chauffer…

DM : En fait, moi il faut me piquer pour que je me lance dans du trashtalking. Je ne débarque pas en début de match en me disant que je vais rentrer dans tel ou tel joueur. Par contre, si tu me dis un truc et que ça me lance ? Alors là tout change.

TT : Et Rudy (Gobert), il donne quoi niveau bla-bla ?

DM : Rudy est drôle en fait. Il va parler, et parler, mais il faut plutôt le lancer en fait, comme moi. On a une personnalité similaire, il faut qu’on nous pique pour qu’on se mette à trashtalker, on ne démarre par une rencontre en affirmant qu’on va provoquer un adversaire. Mais on est des gros compétiteurs, donc si on nous taquine, là c’est parti et on va répondre du tac-o-tac.

TT : Question de culture générale. Tu as été drafté en…

DM : 2017, en 13ème place.

TT : Exactement. Connais-tu d’autres joueurs, dans l’histoire, qui ont été draftés en 13ème place ?

DM : Bien sûr. Kobe Bryant, Devin Booker, Thabo Sefolosha avec qui j’ai joué.

TT : Tout à fait. Et Karl Malone du coup ?

DM : Karl Malone…? Karl Malone a été drafté en 13ème position ? J’y crois pas.

TT : 13ème place en 1985, c’est noté sur ma feuille.

DM : Quelqu’un peut vérifier maintenant ? C’est chaud…

(L’agent de Donovan Mitchell rentre dans la conversation) : Nan mais c’est impossible… Attends, je vérifie.

TT : Me dites pas que j’ai fait une erreur en suivant Wikipédia.

(Deux membres d’Adidas Europe, en même temps) : Karl Malone a été drafté en 13ème place en 1985.

(L’agent de Donovan Mitchell) : WOW.

DM : Wow. C’est impressionnant, je ne savais pas. La connexion avec Utah en plus… j’en avais aucune idée. Vous avez fait votre boulot avant l’interview ! Et bien j’ai encore beaucoup de travail à réaliser pour arriver à un tel niveau (rires).

TT : Est-ce que cette 13ème place te pousse à donner davantage sur les terrains, comme si tu avais quelque chose à prouver en permanence ?

DM : Oui, je pense que j’ai toujours quelque chose à prouver. Mais je ne le fais pas en me disant que j’ai été choisi 13ème. Je n’étais pas censé en arriver là, avoir ce statut aujourd’hui. J’ai montré à beaucoup de gens qu’ils avaient tort, mais j’en ai d’autres à convaincre. Ce qui est sûr, c’est que 12 équipes m’ont zappé (rires), mais je ne passe pas mon temps à me dire que je veux battre impérativement ces 12 équipes pour leur prouver qu’elles ont eu tort. Il faut battre tout le monde, toutes les équipes.

TT : On a souvent cette image, des joueurs qui reçoivent leur calendrier mi-août et encerclent des dates importantes, comme des rencontres immanquables par exemple. Est-ce que tu en as, toi, auxquelles tu penses chaque année ?

DM : C’est sûr, j’en ai. Bien évidemment, quand on joue les Knicks je retourne à la maison. C’est la première date que je regarde sur le calendrier, car j’ai grandi là-bas, j’ai encore de la famille là-bas, donc j’encercle la date chaque année. Mais avec les mouvements qui ont eu lieu cet été en NBA (soupir)… vous essayez surtout de vous dire qui vous jouez, et quand. Houston, Portland, Denver, quand est-ce qu’on les joue ? Est-ce qu’on les joue à domicile ? Au final, on n’a pas d’excuses. Personne ne va accepter une défaite parce que le calendrier était plus compliqué ou il y avait de la fatigue, donc on doit gagner quoi qu’il arrive.

TT : Et bien merci Donovan, très bon séjour à Paris, et n’oublie pas de dire à Karl Malone son choix de Draft la prochaine fois que tu le croises à Utah.

DM : (rires) C’est sûr, je lui dirai !

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Remerciements : Adidas France – Donovan Mitchell et son agent / équipe – #TakeOnSummer