Le 19 juin 2016, LeBron James scotchait Andre Iguodala : J.R. Smith y était et revient pour nous sur ce morceau d’histoire
Le 19 juin 2019 à 22:58 par Arthur Baudin
Sa légende ne s’apprend plus mais ses prouesses se content. Le 18 juin 2016, à la veille du Game 7 des Finales entre les Warriors et les Cavaliers, l’enfant terrible du New Jersey J.R. Smith n’est encore qu’un Roi sans couronne, un Empereur sans conquête. Le monde entier sait que le talent de Gérard n’est plus à prouver, mais parmi ses 12 bagues de fiançailles, il n’en manque qu’une seule pour définitivement rentrer dans l’Histoire. Et cette bague, il va la décrocher grâce notamment au contre mythique de LeBron James qui est venu talquer les fesses d’Andre Iguodala. Placé au meilleur endroit pour observer la scène, le GOAT raconte son vécu de l’action avec tout le génie qu’on lui connaît.
Ce soir-là, les gars étaient tous présents, Kyrie, Mo, Kevin, l’ambiance était tendue mec. Un peu dur car la veille j’étais sorti avec Iman et Richard pour aller voir un film sur le gavage des canards dans le Massachusetts, une sale histoire. À peine je rentre sur le parquet pour l’échauffement que je vois Bron donner les dernières consignes au coach. Tyronn est un type décontracté, je ne comprends pas qu’on le juge seulement car il a une tête marrante. Les choses s’accélèrent, Kevin stoppe son échauffement et sort en sprintant pour aller payer le livreur domino’s. C’est l’heure du hand-check time, puis le match débute…
J’avais la main plutôt chaude ce soir-là, attendez je regarde les stats… Kyrie avait la main plutôt chaude ce soir-là. Kevin n’était pas trop dedans mais je suis quasiment sûr que la Calzone n’était pas en pâte fine. Personnellement j’envoie 2/8 du parking et je suis plutôt fier de ma sélection de tirs, pas un seul ouvert. Au début, on prend tranquillement le rythme et à la pause je me sens plutôt dans mon match. Du coup je me dis que le titre est dans la poche même si on est à -6 à la mi-temps, et j’appelle J. Cole pour nous rejoindre dans le vestiaire après la rencontre. Ouais, j’étais carrément sûr de moi car si Tyronn fait jouer Mo Williams en première période c’est qu’il sait qu’on va gagner, non ? Quand le jeu reprend, je suis au taquet et je plante trois shoots de loin, histoire d’aider mes potes à recoller au score. Je ne voulais pas forcer mon talent mais bon c’était un Game 7 quand même, j’étais obligé de porter Bron sur mes épaules et aider Tyronn, en manque de solutions. Dans le vestiaire, il avait encore buggé, ça lui arrive souvent de phaser avec la bouche ouverte sur un truc. Du coup à chaque fois c’est l’intendant qui va le chercher mais ça nécessite souvent quelques minutes pour que Lue reprenne ses esprits.
Bref, le match suit son cours et c’est serré de bout en bout. Nous arrivons au moment du contre. Je ne vais pas vous mentir, je n’avais aucune connaissance du score à ce moment-là, ni du temps. Mais ce que je sais, c’est que si Bron n’avait pas été là c’est moi qui aurait détruit ce lézard d’Iguodala. J’étais juste en dessous et j’ai laissé passer Bron pour partager la gloire, tout le mérite serait dur à porter pour moi tout seul. Néanmoins j’avoue que l’action était violente mec. Sur le coup j’étais choqué, le genre de gifle que je me prends quand je force un peu trop sur la bouteille. Au départ, je vois Iguodala tourner la tête dans tous les sens, je pense qu’il attendait qu’on lui dise “c’est un prank mec, regarde la caméra cachée est là”. Étonnamment, j’ai même ressenti de la compassion pour lui qui a dû se sentir plus mal que Chris Paul après une victoire. C’est quand même dur d’avoir moins de cheveux que de titres et se faire laver comme les chaussettes de Bogut après douze minutes de footing. Honnêtement, je m’en souviendrai comme le plus beau contre de l’histoire avec celui de Joel Embiid sur Rihanna.
Du coup après le block, j’ai pris le rebond et je n’ai jamais couru aussi vite en contre-attaque car j’avais peur que Bron me fasse la même chose. Après ça ne reste qu’une action défensive, et puis le tir n’était pas assez contesté mec. Tu veux que je te dise ce qui reste dans l’Histoire ? Les trois points dans le corner sur une jambe en dansant la Carioca avec trois pivots devant soi. Ça c’est ce qui témoigne de ta paire, pas un contre. Et puis derrière, la fin du match avec le tir de Kyrie qui nous a fait remporter le titre. Cavs in seven mec, c’était le destin de toute manière. Champagne, gros joi…cigares, la fête était vraiment cool. Pour l’anecdote, je ne me souviens plus trop des sept jours qui ont suivi mais en voyant toutes les chaînes de télévision retransmettre l’action de mon rebond, j’ai tout de suite compris que j’avais marqué l’Histoire. Il paraît aussi que j’ai passé tout mon temps torse nu pendant la célébration, mais c’est probablement parce que j’avais un peu chaud avec tout l’alcool dans le sang.
Gérard est au basket ce que Mozart est au Classique et ce que Gandhi est à l’Humain. Un génie trop souvent incompris mais qui demeurera à jamais le seul joueur bagué à saluer le banc adverse en pleine phase de jeu. Concernant le “What a block by James”, c’est probablement le plus grand contre de tous les temps, le plus clutch en tout cas. Forcément, il fallait que J.R. Smith soit sur la photo.