Bilan de la saison 2019, version Blazers : un collectif, du caractère et de vrais soldats, bravo les mecs !
Le 21 mai 2019 à 13:30 par Arthur Baudin
Avec un roster peu changé, les pionniers de l’Oregon avaient pour but de faire oublier la dérouillée de l’an dernier face aux Lakers Pelicans d’Anthony Davis. C’est ce genre de débâcle qui marque au fer chaud l’histoire d’une franchise. Finir troisièmes de la jungle pour finalement manger une masterclass d’Alvin Gentry, c’est emmerdant. Voilà pourquoi Terry Stotts et ses hommes avaient à cœur de montrer qu’ils ne sont pas bons qu’à débiner des gueules en saison régulière.
Ce que Trashtalk avait annoncé
“La fracture est-elle irréparable ?”, c’était la problématique posée en octobre dernier. On pouvait imaginer le pire quant à la porcherie de l’Oregon et ses gros contrats, forcée de conserver l’effectif qui a connu le naufrage. Pour nous, deux scénarios étaient plausibles : l’un où tout se déroule bien, des Blazers revanchards réalisent une grosse saison régulière (49-33) et tambourinent les Pelicans en Playoffs. Puis, la débâcle oubliée grâce à un Lillard sur des standards de MVP. Une chouette Love Story quoi. L’autre issue était moins sexy : des Blazers à la place du con avec un petit bilan de 39-43 et un Terry Stotts en pleurs, tout juste limogé, qui bafouille “Je ne gombrends bas”. Côté transferts, l’arrivée de Nik Stauskas semblait lui promettre un avenir radieux rempli de pétards des dix mètres. Un autre cas individuel à traiter, celui de C.J. McCollum. Personne ne connait alors son vrai potentiel puisqu’à l’issue de la série contre New-Orleans, il n’a montré aucun caractère. N’est-il qu’un gros shooteur de série sans leadership ? Lillard et lui forment-ils vraiment un backcourt complémentaire ? Le premier octobre 2018, la rédaction pronostique alors un Portland en 43-39.
Ce qu’il s’est vraiment passé
C.J. et Stotts conservés ainsi que Nurkic prolongé, les Trailblazers surprennent et réalisent une saison régulière en 53-29. Comme annoncé Damian Lillard crame les feuilles de match avec 25,8 points à 43% au tir. Viennent compléter 6,9 assists, 4,6 rebonds et 1,1 steal. En bref, encore une saison de bestiau pour Mista Dame Time. McCollum ajoute ses 21 points de moyenne pour que le backcourt de l’Oregon puisse s’affirmer comme l’un des meilleurs de la ligue. Côté peinture, on retrouve l’Australopithèque de service qui termine en double-double sur l’exercice 2018-2019 : 15,6 points, 10,4 rebonds de moyenne et des grosses gifles sur les fesses de Cauley-Stein, c’est ça qu’on veut. Portland tient enfin son Big Three. Aminu réalise une saison solide avec 9,4 points et 7,5 rebonds de moyenne. En sortie de banc quelques joueurs apportent comme le sophomore Zach Collins, Seth Curry, Evan Turner ou encore Meyers Leonard. Un ballon qui circule, un collectif bien huilé, des clémentines du logo et du gras dans la raquette, voilà ce qu’on a pu observer pendant 82 matchs dans l’Oregon. Bon, au final c’est par contre un résultat mitigé pour Sauce Castillo qui est rapidement envoyé faire un tour du pays. Avec dix succès de plus que nos prédictions, les pionniers impressionnent et réalisent la saison parfaite pour faire le plein de confiance. Enes Kanter, ce gros malin, pose ses valises à Portland en février en quittant la Big Apple. Passer de la pire équipe de la ligue à la troisième de l’ouest, coup de maître. Le type arrive du banc de New-York avec sa miche de pain et son bout de fromentin, et rejoint une équipe qui joue le titre. Mais un gros mois plus tard, catastrophe chez les Blazers : Jusuf Nurkic retombe mal et se brise la jambe gauche. Toutes les ambitions sont revues à la baisse côté fans, mais les cadres demeurent forts et Lillard essaie de tourner la page :
“Jusuf Nurkic est mon “grand petit frère”. L’autre jour après l’entrainement, il est venu à la maison juste pour voir mon fils. Tu es chez toi et il veut simplement passer et voir ton enfant. Il est venu à son premier anniversaire. Je crois que ça en dit long sur notre relation. Ce que je sais, c’est qu’il ne voudrait pas que l’on arrête de se soucier du terrain et qu’on s’apitoie sur son sort ou sur le notre.” – Damian Lillard
Des joueurs gonflés à bloc, couteaux entre les dents, flingues dans le vestiaire voilà ce qu’on s’attend à voir en Playoffs. Le premier tour les oppose au Thunder d’Oklahoma, Kanter rempli parfaitement sa mission de remplacer l’huileux Nurkic. Il fait ce qu’il sait faire, gobe des rebonds, remonte avec ou sans la faute, apporte de l’énergie et chauffe le Moda Center. La série se conclue au Game 5. Dernière possession, 115 partout, et un tir dans la légende. Dame Time est de retour et les Blazers rejoignent les Nuggets du gros Jokic en demi-finale de conférence. Ça va discuter cuisson de steak dans la peinture. Cette fois-ci c’est bien C.J. McCollum qui se montre et qui réalise deux performances d’écervelé avec un 41-8-4 et un 37-9-1. Gros malade va. L’atelier de l’Oregon sort Denver au terme d’un match 7. Coup de théâtre, Portland est en finale de conférence. Bon, on arrête ici car la suite est anecdotique, ils affrontent les Warriors. Dame se pisse dessus et McCollum cherche ses roustons. En clair, la saison des Blazers est une véritable bouffée d’air pour tous les fans de la franchise puisque l’objectif est atteint : faire oublier la brossée de l’an dernier et redorer le blason. Le front office a eu le mérite de conserver un entraîneur et un groupe, et de croire en eux. Chose réussie puisque Stotts a trouvé son rythme avec ses joueurs et le Big Three est bel et bien en marche. À voir comment évolue la blessure de Nurkic mais atteindre les finales de conférence sans son pivot titulaire, relève de l’exploit.
L’image de la saison
L’image résume parfaitement la belle saison des pionniers : une belle bande de potes, emmenée par un vrai leader. C’est pas Russ qui vous dira le contraire.
On ne l’attendait pas (ici) et il a cartonné : Jusuf Nurkic
Malgré sa blessure, l’Australopithèque a réalisé quelques performances de mammouth et a parfaitement bien participé au jeu, dans une équipe pourtant portée sur le jeu extérieur. Le premier Janvier 2019, il atomise les Sacramento Kings avec une performance all-time : 24 points, 23 rebonds, 7 assists, 5 steals, 5 blocks. WTF ? Sans Nurkic, les Blazers se seraient débrouillés avec Kanter, Collins ou Meyers Leonard (qui réalise une belle série contre Golden State ). Le rendement serait forcément moindre et toute la saison des Trail Blazers aurait été remise en cause. Jusuf permet de ne pas baser le jeu uniquement sur le tir extérieur dans une équipe où l’on a tendance à dégainer sans réfléchir. Il est ce point d’appui qui permet d’appuyer sur tous les secteurs défensifs adverses et quand il est trappé, la balle ressort pour un tir ouvert. Il s’est imposé comme l’un des meilleurs pivots de la ligue et même si Dame et ses hommes ont atteints la finale de conférence sans lui, on peut imaginer qu’il aurait donné du fil à retordre aux Warriors. Elle est peut-être là, la pièce qui emmènera Portland en finales NBA.
On l’attendait au taquet, il a abusé : Evan Turner
En réalité, il est difficile de trouver une réelle déception au sein du roster de Portland, désolé Evan. On peut lui reprocher sa baisse statistique notamment son joli 21% du parking qui fait tâche sur le CV. Mais bon, il reste une demi-déception puisqu’il a désormais 30 ans et que les cannes commencent à flancher. Il a néanmoins pu apporter son expérience au vestiaire. T’inquiète gros, on te pardonne.
La vidéo de la saison
Ce qui va bientôt se passer
Al-Farouq Aminu est free agent dès cet été, difficile de le laisser filer compte tenu de son rendement cette année. Le Big Three est engagé jusqu’en 2021 minimum donc aucune inquiétude à avoir de ce côté-là. Rodney Hood est aussi free agent, lui qui a réalisé une campagne de postseason impressionnante. En gros, Neil Olshey devra s’inquiéter de la profondeur du banc et envisager de rechercher des soldats dévoués puisque certains à l’image de Seth Curry (également free agent), verront leur salaire augmenter dans certaines franchises. L’objectif de cet été est donc de conserver la fraîcheur du banc et pourquoi pas réaliser un steal avec le vingt-cinquième choix de la draft.
Source texte : basketballreferences