Les Nuggets ne feront pas le même coup deux fois : une fin de saison brutale qui ne doit pas faire oublier le reste

Le 13 mai 2019 à 01:56 par Benoît Carlier

Nuggets fan
Source image : YouTube

De retour à la maison pour terminer la série, les Nuggets pensaient refaire le coup du premier tour en s’imposant à la photo-finish lors du Game 7. Ça n’est pas passé très loin mais Nikola Jokic était trop seul pour résister au comeback des Blazers ce dimanche, ponctuant abruptement une superbe saison du côté de Denver (96-100).

On aura le temps de revenir plus en détail sur la saison des Nuggets lors d’un bilan plus complet, mais il fallait parler de ce dernier match de Denver version 2018-19. Quelques secondes après le buzzer, les sentiments étaient évidemment partagés entre la fierté du chemin parcouru et la désagréable sensation d’être passé juste à côté d’un exploit retentissant. Il faudra s’en accommoder, ce sont bel et bien les Blazers, troisièmes de la Conférence Ouest en régulière, qui iront affronter l’ogre californien en Finale de Conférence. Pourtant, l’affaire avait plutôt bien commencé pour les représentants de la Mile-High City. Profitant de son expérience, Paul Millsap montrait l’exemple alors que Mike Malone s’égosillait à répéter que le vainqueur serait celui qui saurait le mieux défendre pendant 48 minutes. Si on s’arrête sur les pourcentages de Portland, on peut dire que c’est une grande réussite. Limiter Damian Lillard, C.J. McCollum, Seth Curry et toute leur clique à 4/26 du parking et 40,9% au tir sur un match aussi important, il y a presque de quoi crier au génie. Alors avec 17 points d’avance au milieu du deuxième quart-temps, on se dit que les dauphins des Warriors ont pris une belle option et que le match pourrait vite tourner en blowout, comme lors du Game 5 déjà disputé au Pepsi Center. Mais il ne faut jamais crier victoire trop vite, surtout avec de tels spécimen en face, surtout quand les cadres de l’équipe se cachent tous derrière leur franchise player dans le money-time de la saison.

On dit que les Game 7 sont faits pour les grands joueurs, nous sommes désormais en position de dire que toute la hype autour de Nikola Jokic était bien fondée. Quasiment en triple-double depuis le début de la série, le Serbe ne s’est pas défilé quand son équipe avait besoin de lui. Le problème, c’est qu’il ne peut pas encore tout faire tout seul à la manière d’un LeBron James à Cleveland en 2007. Alors quand Jamal Murray (4/18 dont 0/4 de loin) et Paul Millsap se liquéfient en deuxième mi-temps, le poids devient trop lourd à porter. Même pour les épaules du Joker. Le moment idéal pour balancer la ligne de statistiques qui tue pour Denver. Car si les Blazers ont mal shooté, que peut-on dire des Nuggets qui ne sont visiblement pas du matin (entre-deux initial à midi et demi, heure locale). 37,1% au tir et même 10,5% derrière l’arc ainsi que 11 points lâchés sur la ligne des lancers (28/39). Finalement, Michael Malone avait raison. La meilleure D (ou la O la moins dégueu) s’est imposée dans ce festival de la brique. Avec son 11/26, Jokic est le troisième joueur le plus adroit de son équipe derrière Gary Harris et Will Barton, un chiffre aussi impressionnant que douteux pour ses coéquipiers qui n’ont pas réussi à exploiter les prises à deux sur le Monsieur Triple-Double du Colorado. A un quart-temps près, cela passait. Mais C.J. McCollum est passé par là avec son lance-flammes, réduisant en cendres les derniers espoirs des Pépites. Finalement, le match et la série se sont joués à rien. Les deux équipes étaient très proches comme en attestent les quatre prolongations jouées lors du Game 3 mais il fallait bien désigner un vainqueur et le destin a penché du côté de l’Oregon. L’histoire est belle mais elle l’aurait aussi été pour les Nuggets, privés de Playoffs à une minute près en 2018 et impressionnants de régularité tout au long de la saison régulière cette année. Néanmoins, cette défaite ne doit pas être prise comme un échec et elle servira forcément pour la suite. Comme le sweep des Blazers leur a permis d’en arriver là aujourd’hui.

Les Nuggets sont jeunes et il leur fallait du vécu. Plusieurs d’entre eux n’avaient jamais disputé un match de Playoffs. L’intégralité du roster pourra être reconduit l’année prochaine, à quelques micro-détails près. Et à ce moment-là, toute cette expérience leur sera bénéfique pour tenter d’aller plus loin en 2020. Avec un groupe identique, deux Game 7 sur le CV et un an de vie commune en plus, Denver ne va faire rire personne en 2020. En attendant, il y a un adversaire à féliciter pour s’être imposé à la loyale dans la citadelle la plus imprenable de NBA et dans un contexte irrespirable. Merci pour les émotions, et à l’année prochaine !