Bilan de la saison 2019, version Rockets : encore une explosion en vol pour les Fusées, mais peut-être celle de trop

Le 12 mai 2019 à 13:33 par Gianni Mancini

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Le simple fait que cette preview sorte aussi tôt est une preuve de foirage pour les Rockets. Après une régulière dans des clous solides, on avait l’objectif assumé à portée de mire. Malheureusement, la bande à The Beard n’a pas su conclure et franchir ce fameux cap. Encore une fois a t-on envie de dire. 

CE QUE TRASHTALK AVAIT ANNONCÉ

La dernière intersaison annonçait bien quelques galères, avec les départs de Trevor Ariza et de Luc Mbah a Moute, pas les noms plus clinquants, mais deux pièces maîtresses de l’assise défensive des Rockets. Oui, parce que c’est bien beau de shooter à vue dans tous les sens, mais de l’autre côté du terrain, il faut que ça assure si on veut aller loin, et c’était justement une question qui se posait en préambule d’exercice. Il allait être difficile de faire mieux qu’en 2017-18, mais cela était pourtant l’objectif assumé de la franchise : avec un groupe qui se connait bien, un head coach a qui on a laissé le temps de mettre sa philosophie en place, c’était du maintenant ou jamais. Pour palier les éventuels manques, Daryl Morey a tenté quelques coups de poker, avec en tête de ligne la signature de Carmelo Anthony, mais aussi les arrivées d’énigmes telles que Brandon Knight ou Michael Carter-Williams. Malgré les incertitudes, on avait quand même un groupe très solide sur le papier dans le Texas, avec un backcourt All-Star ayant très peu d’équivalents. Pour cette raison, nous y étions allés de notre petit pronostic optimiste, 58 victoires pour 24 défaites, soit nettement moins bien que les 65 wins de l’année d’avant, mais tout de même un bilan plus qu’honorable.

CE QU’IL S’EST VRAIMENT PASSÉ

Bon, par où commencer ? Quand on tire le bilan, en prenant en compte les événements récents, la saison de H-Town ressemble à une éternelle bataille pour assumer un statut que l’on est plus trop en mesure de porter, celui de grosse menace à l’hégémonie des Warriors. Après un début de saison bien pourrave, on commençait déjà à tirer un trait sur les aspirations de titre de ce côté du Texas. Sauf que, ce qu’on avait pas prévu, c’est la saison tout simplement all fucking time de James Harden, surtout à partir de janvier. La barbe du numéro 13 avait des airs de crinière de Super Saiyan, on n’avait pas vu plus cheaté depuis des décennies auparavant. Sous son impulsion dantesque, Houston valide la remontada au classement, et d’ici la fin d’exercice parvient à se mêler à la lutte au podium. Au final, ce sera la quatrième place à l’Ouest avec un record de 53-29, bien loin de la campagne précédente, et également de ce qu’on avait avancé. On peut tout de même venir nuancer cela, puisque aucune équipe n’est parvenue à attendre les 60 wins cette saison dans une Conférence historiquement impitoyable. D’accord, mais avec le recul, le gros push réalisé en deuxième partie d’exercice ressemble pas mal à l’arbre qui cache une foret dépeuplée, et il ne faut pas se voiler la face, Houston n’avait pas la même force de frappe que l’an passé. Sur les joueurs recrutés l’été dernier, aucun n’a terminé la saison sous le jersey rouge. Ah si, pardon, Isaiah Hartenstein… Un manque de profondeur, appuyé par les absences à répétition de cadres tels que Chris Paul ou Clint Capela, ou les perf’ longtemps en dents de scie d’Eric Gordon. Ne vous y trompez pas, si Harden réalisa une saison historique, c’est avant tout bien parce que ces Rockets-là en avaient grandement besoin pour rester dans le coup. De sacrées galères, mais tout aurait pu être oublié à partir des Playoffs mais pour ça, il fallait passer ce dernier obstacle fatidique… Oups, nouveau fail pour Mike D’Antoni et ses hommes, cette fois dès les demi-finales, et en figurant même moins bien face au champion qu’en 2018, ce qui est assez révélateur. Houston a bel et bien un problème.

L’IMAGE DE LA SAISON

James Harden

En cas de victoire des siens, cela aurait pu être les prémices d’une perf’ légendaire pour James Harden, le genre de cliché que l’on regarde encore plusieurs années après, avec nostalgie et admiration. A l’arrivée, tout ce que cette image représente, c’est le mood de toute la ville depuis hier…

ON NE L’ATTENDAIT PAS (AUTANT) ET IL A CARTONNÉ :  JAMES HARDEN

On est d’accord, à première vue, c’est une farce, un sacrilège, une ineptie sans nom que de faire figurer le MVP en titre dans cette catégorie. Sur le principe, pas de problème, sauf que James Harden n’a pas réalisé une campagne à la hauteur de celle d’avant, non. A la place, il a trouvé le moyen de nous claquer une saison qui a sans doute sa place dans les cinq plus impressionnantes de l’histoire, à titre individuel. Vous savez que vous êtes en train de faire quelque chose de ouf quand on compare votre forme du moment à celle d’un certain Chamberlain, à l’époque où le gros Wilt prenait tout le monde par le coltard comme si il était à la maternelle. Qu’on aime le style ou qu’on déteste, c’est un niveau de domination historique, qui donne 36,1 points de moyenne par match, agrémentée de 6,6 rebonds et 7,5 passes… Oui, ça fait peur, et ça laisse sur le cul, même pour un MVP en titre. Les Rockets fans auraient sans doute juste aimé que ces sorties d’alien se traduisent davantage en postseason.

ON L’ATTENDAIT AU TAQUET, IL A ABUSÉ : CHRIS PAUL

D’ordinaire, on n’aime pas tirer sur les ambulances, et là, c’est vraiment le cas de le dire, puisqu’une nouvelle fois, Chris Paul manqua plus d’une vingtaine de match en régulière… On commence à avoir l’habitude, mais le gros problème cette fois, c’est que l’ambulance coûte la bagatelle de presque 160 millions de dollars sur quatre ans, vous en connaissez beaucoup des comme ça vous ? Pour la première année de son monster deal, non seulement CP3 fut une nouvelle fois embêté physiquement, mais une fois sur le parquet, son apport ne fut pas à la hauteur de celui de l’an passé : des chiffres en baisse aux points, aux rebonds, à l’adresse globale et à distance, ça fait un peu tâche. Puis, cette fois, Paul était bien en tenue pour le choc face aux Warriors, lui, le grand absent de 2018, mais eut un rendement bien trop neutre pour être le game-changer annoncé. Le contrat XXL gratté par le Point God il y a un an commence à bien puer le moisi maintenant…

LA VIDÉO DE LA SAISON

Parce qu’il faut bien rendre hommage à l’un des plus beaux moments de la saison.

CE QU’IL VA BIENTÔT SE PASSER

Et maintenant, on fait quoi ? Daryl Morey a eu pratiquement carte blanche pendant des années afin de bâtir une équipe à même de pouvoir renverser les Warriors mais le souci c’est que là… on semble plafonner du côté de H-Town, avec une nouvelle explosion prématurée et une gifle reçue de la part du grand rival. L’an passé, on pouvait se conforter en se disant que ça ne s’était vraiment joué à rien, sauf que là, le scénario est bien différent, puisqu’on parle d’une élimination en 6 avec Golden State sans Kevin Durant pour le dernier match. Difficile à dire où est-ce qu’on va décider d’aller maintenant, mais peu importe la direction elle passera par une grosse remise en question, dont personne n’est à l’abri. Oui, pas même The Beard, parce qu’être meilleur en régulière qu’en Playoffs, ça commence à faire. Pour le reste, on ne peut s’empêcher d’avoir un peu peur pour D’Antoni, en poste depuis déjà trois ans et dont le système semble avoir montré ses limites… Est-ce que quelques rafistolages à l’intersaison seront suffisants pour faire repartir la machine, ou bien ne serait-on pas en train d’observer une équipe en fin de cycle ? Après le nouvel échec cuisant, ça semble être du quitte ou double.

A ce sujet, James Harden a déclaré en conf’ de presse de fin de saison qu’il “savait exactement” ce que les Fusées avaient besoin de faire cet été. Un propos énigmatique qui peut être lourd de sens… Il devrait peut-être filer l’info à Morey maintenant, car on ne sait pas si le GM a lui-même la réponse au casse-tête pour le moment.