Initiation à l’humour canadien avec le bide en vrac : Joel Embiid a passé l’une des pires soirées de sa vie à Toronto
Le 08 mai 2019 à 05:27 par Benoît Carlier
Atroce pour le Game 4, Joel Embiid ne pouvait pas se douter qu’il allait passer une soirée bien pire deux jours plus tard par-delà la frontière nord des Etats-Unis. La nuit va être longue dans l’avion qui rentre à Philadelphie pour le Camerounais.
Chacun sa légende, chacun son flu game. Ce qui est sûr, c’est que celui du Process était beaucoup moins classe que la fameuse prestation de Michael Jordan chez les Mormons en 1997. On ne cherchera pas à comparer la température des deux athlètes avant le début de la rencontre, ni à savoir qui a rempli le plus de sacs de vomis, mais tout ça pour dire que Jojo n’avait pas l’air très frais à l’aube de ce Game 5. Pourtant, Brett Brown semble au courant de l’état de son pivot qui lui a avoué ne pas avoir fermé l’œil de la nuit précédent le dernier match à Philadelphie. Mais apparemment, le virus est tenace et ne veut pas laisser sa victime tranquille. Si cela s’était passé au milieu de la régulière, on aime se dire que le staff médical des Sixers l’aurait mis en quarantaine en lui imposant de se reposer pour ne pas contaminer les autres et revenir quand il se sentirait prêt. Sauf que la situation est urgente et que la franchise de la cité de l’amour fraternel n’aura peut-être plus jamais l’occasion de sortir de la Conférence Est avec le roster actuel. Jimmy Butler et Tobias Harris sont tous les deux en fin de contrat et pourraient aller voir ailleurs pendant l’été et c’est donc un one-shot avec obligation de résultat pour Philly. Jusque-là, on est d’accord. Mais c’est justement là que les interrogations apparaissent autour des choix effectués par le coach des 76ers. En sachant pertinemment que son meilleur joueur n’est pas à 100%, a-t-il eu raison d’insister malgré de nombreux signes lui indiquant le contraire ? La réponse est un peu dans la question et ce n’est pas la ligne de stats du compatriote de Pascal Siakam qui va nous dire le contraire.
13 points et 6 rebonds à 5/10 au tir dont 2/6 de loin et 8 turnovers en 31 minutes
Ses 11 points lors du Game 4 auraient déjà dû lui mettre la puce à l’oreille, l’intérieur semblant aussi raide que Pau Gasol sur un trottinette trop petite tout au long du match et se montrant incapable de contourner les trappes systématiques sur sa personne dans la fin de match. Cette nuit, le Camerounais a planté sa tente derrière l’arc des 7,23 mètres, comme s’il voulait se ménager pour éviter les coups de coudes dans la peinture. Sauf qu’avec un Process en mode attentiste et peu adroit à l’extérieur, Marc Gasol, dont le temps de jeu était calqué sur celui de son adversaire, a passé une soirée tranquille à le défier de shooter sans lui laisser la moindre chance de venir dominer sous le cercle. Tout de suite, ça a nettement moins d’intérêt pour les Sixers qui jouaient ainsi quasiment à trois en attaque si on enlève Ben Simmons et sa menace lointaine inexistante couplée à sa timidité excessive dans ce match. Profitant des temps-morts pour s’hydrater le visage et semblant parfois proche du malaise, Embiid a forcé et il a desservi son équipe dans ce blowout canadien. En défense, celui qui s’autoproclame DPOY a aussi vécu un cauchemar, assistant aux premières loges aux envolées de Kawhi Leonard qui peut facilement contourner ses grands compas en tenant la balle d’une seule main comme s’il jouait au handball. Pour couronner le tout, le Process, si rieur d’habitude, s’est fait battre à son propre jeu. Finalement épargné quelques précieuses minutes par son entraîneur dans le quatrième quart-temps, le natif de Yaoundé a pu apprécier le sens de l’humour des spectateurs de la Scotiabank Arena et de son plus célèbre abonné, Drake. Lorsque 20 000 personnes reprennent votre ancienne célébration pour vous dire au revoir en mimant un avion, on n’est pas loin de l’humiliation suprême. Mauvais esprit selon certain étant donné le contexte, on retournera simplement la question en demandant s’il n’aurait pas été le premier à le faire dans la situation inverse.
Joel Embiid sort…
Le public de Toronto fait l’avion, Drake aussi 💀💀💀💀💀💀💀 pic.twitter.com/CxRXb1MQ0p
— TrashTalk (@TrashTalk_fr) May 8, 2019
Le sommeil va être difficile à trouver pour Joel Embiid en attendant le Game 6. Mais c’est un très beau test qui lui est proposé dans cette série. Déjà battu au même stade de la compétition par les Celtics après avoir beaucoup parlé la saison dernière, il a l’occasion de prouver qu’il a grandi. Evidemment, il faudra d’abord s’assurer que son transit intestinal soit rétabli ou on conseille à Brett Brown de tenter autre chose pour ce match éliminatoire.