La story d’Élie – Dernier Episode : Élie Okobo termine fort, bon présage pour sa saison sophomore

Le 14 avr. 2019 à 12:14 par Aymeric Saint-Leger

Elie Okobo
Source image : NBA League Pass

Oh my, here we are. Dans le dictionnaire, à côté du terme “ascension fulgurante”, vous trouverez une photo d’Élie Okobo. Le gamin de Bordeaux, passé à la postérité à la mène avec l’Élan Béarnais, a fait le grand saut le 22 juin 2018, où il a été sélectionné par les Suns à la 31ème position de la Draft. Du talent plein les doigts, des rêves de gosse plein la tête, le jeune frenchie débarque aux States avec l’insouciance de la jeunesse. De quoi lui dédier une rubrique bimensuelle afin de suivre son évolution lors de son année rookie dans la Grande Ligue. Celle-ci touche à sa fin, place donc au dernier épisode de la story d’Élie pour clôturer sa première année en NBA.

NBA :

  • 26 mars @ Utah Jazz (défaite 125 à 92) : 27 minutes de jeu, 4 points (à 2/6 aux tirs, dont 0/2 du parking), 2 rebonds, 4 assists, 1 interception, 1 block, 3 fautes, 1 balle perdue
  • 28 mars vs Washington Wizards (défaite 124 à 121) : 10 minutes de jeu, 3 points (à 1/2 aux tirs, dont 1/2 du parking), 2 rebonds, 1 interception, 1 faute, 1 balle perdue
  • 31 mars vs Memphis Grizzlies (défaite 120 à 115) : 7 minutes de jeu, 3 points (à 1/2 aux tirs, dont 0/1 du parking, 1/2 aux lancers-francs), 2 rebonds, 1 interception, 2 fautes
  • 2 mars vs Cleveland Cavaliers (victoire 122 à 113) : 13 minutes de jeu, 6 points (à 2/3 aux tirs, dont 2/3 du parking), 1 rebond, 1 faute, 3 balles perdues
  • 4 mars vs Utah Jazz (défaite 118 à 97) : 25 minutes de jeu, 15 points (à 6/11 aux tirs, dont 2/3 du parking, 1/1 aux lancers-francs), 1 rebond, 2 assists, 1 block, 2 fautes, 2 balles perdues
  • 6 mars vs New Orleans Pelicans (victoire 133 à 126) : 23 minutes de jeu, 7 points (à 3/7 aux tirs, dont 1/5 du parking), 1 rebond, 3 assists, 1 interception, 1 balle perdue
  • 8 mars @ Houston Rockets (défaite 149 à 113) : 25 minutes de jeu, 12 points (à 5/10 aux tirs, dont 0/2 du parking, 2/2 aux lancers-francs), 3 rebonds, 4 assists, 1 interception, 2 fautes, 1 balle perdue
  • 10 mars @ Dallas Mavericks (défaite 120 à 109) : 26 minutes de jeu, 11 points (à 3/6 aux tirs, dont 3/5 du parking, 2/2 aux lancers-francs), 1 rebond, 3 assists, 2 interceptions, 3 fautes, 3 balles perdues

Statistiques sur la saison NBA: 53 rencontres disputées (16 fois titulaire), 18,1 minutes de jeu, 5,7 points (à 39,3% au tir, 29,5% du parking, 78,7% aux lancers-francs), 2,4 assists, 1,8 rebond, 0,6 interception, 0,1 block, 2,1 fautes, 1,3 balle perdue.

Contrairement à ce que pouvait laisser à penser la tendance post All-Star Game, Élie Okobo a terminé sa saison de belle façon. En pénurie de temps de jeu depuis des semaines (il était même allé en prendre en G League), son nombre de minutes a bien augmenté sur les dernières sorties des Suns cette année, jusqu’à le catapulter titulaire sur cinq de leurs huit derniers matchs. La fin de saison et les blessures (Tyler Johnson, Devin Booker) aidant, notre Frenchie a eu droit à 19,5 minutes par rencontre, soit un chiffre plus conséquent que sa moyenne cette année. Il approche même les 25 minutes de moyenne sur les quatre derniers matchs.

Plus intéressant encore, sur ces trois dernières semaines, le prodige formé à la JSA est devenu consistant, même constant dans son jeu, mais également sur son adresse. C’est simple, le meneur rookie est au-dessus de ses moyennes de l’exercice 2018-19 sur ce court laps de temps au scoring : 7,6 points, pas dégueu. Ce qui l’est encore moins, ce sont les pourcentages. Alors qu’il a parfois pu vendanger au cours de cette phase régulière, il vient de tourner, sur les huit dernières oppositions, à 49% au global, et à un très bon 39,1% du parking. De sacrés stats pour un rookie, dommage que cela n’ait pas été la même chose tout au long des 53 matchs auxquels il a pris part.

On ne va cependant pas jeter la pierre au numéro 2 des Suns. Le propre d’une saison rookie est justement d’avoir de bonnes phases, d’autres plus complexes, que ce soit sur ou hors du parquet. Certaines comptent plus que d’autres : bien entrer dans sa saison, bien la terminer, voilà ce qui peut marquer les esprits. Et bien, le meneur de jeu tricolore vient tout simplement de terminer ses deux dernières rencontres en double digit au scoring. Performance rare pour lui, puisqu’il ne l’avait réalisé qu’une fois auparavant, au… mois d’octobre, pour ses trois et quatrièmes oppositions dans la Grande Ligue. Démarrer correctement, finir fort… Voilà qui est fait pour Élie Okobo, qui a continué de développer son jeu et sa notoriété sur la fin du mois de mars et la première partie du mois d’avril.

# ÉLIE OKOBO A SU SE MONTRER POUR LES DERNIERS MATCHS DES SUNS. L’APPRENTISSAGE NE S’ARRÊTE JAMAIS, NI EN FIN DE SAISON, ET SURTOUT PAS L’ÉTÉ

À l’heure du bilan, il est compliqué de prendre du recul sur la saison rookie du transfuge de Pau en NBA. Cependant, même si c’est tout frais, on peut déjà considérer qu’elle n’est pas ratée. Avec 53 rencontres au compteur, Swaggy E a quasiment pris part aux deux tiers des rencontres de Phoenix. Pas de blessure significative à signaler, ce qui est un bon point. Le temps de jeu du meneur a été fluctuant : parfois énorme (plus d’une demi-heure), parfois inexistant. À tel point qu’il a été contraint, à quatre reprises, d’aller rejoindre les Northern Arizona Suns, afin de trouver des minutes sur le parquet, ainsi que de la confiance. Des assignations parfois incompréhensibles à l’annonce de celles-ci, mais qu’il ne faut pas dévaloriser ou prendre à la légère. Malgré la frustration, cela a pu apporter à Élie, lui qui n’a jamais rechigné à faire les efforts, à faire le taf lorsqu’il était en G League, comme il l’a confié à nos confrères de beIN Sports lors de leur Sunday Night Live du 24 mars.

🏀💻 @ElieOkobo_0 des Suns est l’invité skype du #SNL ! (1/2)
🗨️ “Je fais toujours partie du projet de Phoenix, pour un jour finir meneur titulaire”
#NBAextrapic.twitter.com/LfoKxT1bAi

— NBAextra (@NBAextra) 24 mars 2019

Avec son mental de compétiteur, son éthique de travail et son professionnalisme, le jeune Cactus n’a jamais baissé la tête, même dans les moments les plus complexes à gérer. C’est aussi pour cela qu’il est toujours dans le plan du cirque management des Suns pour le futur. Objectif ? Terminer meneur titulaire de manière régulière. C’est tout ce que l’on peut lui souhaiter, il est sur la bonne voie. Ouais, parce qu’il y a certes eu des phases de galère, des moments de doute, mais il y a également des instants marquants, positifs, significatifs à noter dans la saison d’Élie Okobo. Un vrai gros career-high à 19 points chez les Clippers, face à des gars qui sont loin d’être des manches défensivement, Patrick Beverley et Shai Gilgeous-Alexander. Puis, qui se souvient de l’apparition de notre Frenchie dans un Top 5 ? Sooooolide. Cela fait partie des actions qui comptent, et qui vont rester gravées dans l’esprit du bambin de 21 ans et de tous ses fans. Tout comme la phase de jeu ci-dessous.

1⃣…2⃣…3⃣!@ElieOkobo_0 gets the 3-point play! pic.twitter.com/hHrTq5IrMQ

— Phoenix Suns (@Suns) 4 avril 2019

S’offrir un petit and-one sur Rudy Gobert, a.k.a. le Défenseur de l’année en 2017-18 (on attend un possible doublé) qui se trouve être un compatriote, quasi All-Star ? Done. Bien que jeune et inexpérimenté, le point guard n’a pas peur de la Stifle Tower, ni de personne. L’envie de jouer, de performer auprès de ses coéquipiers est bien présente. C’est bien clair, Swaggy E a le basket en lui, et ce depuis tout petit. En témoigne cette anecdote qu’il livre dans une petite vidéo 1 v 1 réalisée par sa franchise (on vous laisse apprécier la miniature).

1⃣ v 1⃣ @ElieOkobo_0pic.twitter.com/gOfEBlrHmz

— Phoenix Suns (@Suns) 3 avril 2019

“Je pense que la seule chose qui me représente, concernant le basketball pour moi, c’était quand j’étais jeune. J’adorais le basketball. Et chaque fois que j’étais à la maison, je faisais semblant de jouer au basket sans ballon. Je jouais dans toute la maison avec ma mère, mon père, on faisait des un contre un pour de faux.”

Ça ne s’invente pas. Qui a besoin d’un ballon quand on a de l’imagination ? Enfant, Swaggy E devait donc faire des fake cross, des fade-away sans ballon dans tout son salon. Et à cette époque, il pouvait déjà voir à la télévision un de ses coéquipiers actuels. Drafté en 2000, alors que le Bordelais n’avait que trois ans, Jamal Crawford était déjà dans le coin. Aujourd’hui, c’est devenu un mentor, un exemple à suivre pour le tricolore, surtout lorsque l’on voit la performance exceptionnelle qu’il a réalisé lors du dernier match des Suns cette saison. Le jeune homme n’a d’ailleurs pas manqué de saluer la classe et le talent de son aîné, J-Crossover.

Congrats to @JCrossover ! What a great role model, such an inspiration for every player 👏 🔥 🌵 ☀️ #legendhttps://t.co/Y16MdhFOXY

— Elie Okobo (@ElieOkobo_0) 10 avril 2019

Légende ? Inspiration ? Modèle ? Ouais, un peu de tout ça.


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This guy right there…🤦🏽‍♂️ LEGENDARY

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Soyons en conscients. D’accord, Phoenix a fait une saison catastrophique, et n’a même pas atteint la barre des vingt victoires. Par contre, posséder un vétéran comme le père Jamal (si si, on vous jure, c’est un vétéran même s’il paraît avoir 25 ans) dans le roster, c’est une aubaine pour tous les jeunes, et a fortiori pour ceux qui jouent au même poste que lui. Élie Okobo a pu profiter de son expérience, de ses conseils pour se développer. Crawford a clairement une part de responsabilité dans la réussite de la saison rookie du Frenchie. L’homme 3+1, au range illimité est un exemple de longévité et d’attaquant hors-pair. Un profil qui correspond à celui de son jeune coéquipier, qui commence d’ailleurs à s’en inspirer, et à mitrailler de n’importe où.

👀HALF COURT @ElieOkobo_0pic.twitter.com/i4e7Is77cx

— Phoenix Suns (@Suns) 9 avril 2019

IL L’A MIS ! IL REMPORTE 20 000 DOLLARS ! Ah non, pardon, c’est juste Swaggy E qui a planté un shoot du milieu de terrain. On attend qu’il puisse reproduire ça non plus en practice, mais en confrontation officielle la saison prochaine. En attendant, Élie Okobo a réussi sa fin d’exercice 2018-19, ce qui n’était pas gagné d’avance. Et puis, comment mieux finir qu’en affrontant Dirk Nowitzki pour sa dernière à domicile ? Clairement difficile à battre. Par séquence, sur des switchs, le meneur a pu se retrouver face au Wunderkind, des deux côtés du terrain. En voilà un autre, de souvenir impérissable que le gamin girondin aura en mémoire quand il repensera à son année rookie. Le défi est relevé, la saison est terminée. Elle aurait pu être plus brillante, éclatante. Ceci dit, le contexte n’a pas forcément été favorable (coucou James Jones, Igor Kokoskov), et il s’en est tiré quand même. It ain’t easy, et l’aventure ne fait que commencer. Il va falloir continuer à travailler dur, et essayer de s’imposer de manière durable en NBA, et pourquoi pas aux Suns, pour se développer tranquillement, si tel est le désir du tricolore. Avant de se projeter sur la suite, petit point statistique.

Classement du nombre de points inscrits lors de la saison de rookie pour les Français passés en NBA :

  1. Tony Parker : 705
  2. Joakim Noah : 488
  3. Frank Ntilikina : 463
  4. Timothé Luwawu-Cabarrot : 445
  5. Nicolas Batum : 426
  6. Rodrigue Beaubois : 397
  7. Tariq Abdul-Wahad : 376
  8. Johan Petro : 353
  9. Boris Diaw : 342
  10. Mickaël Gélabale : 321
  11. Élie Okobo : 304
  12. Yakhouba Diawara : 284
  13. Mickaël Pietrus : 279
  14. Nando De Colo : 276
  15. Evan Fournier : 202
  16. Kévin Séraphin : 154
  17. Rudy Gobert : 104
  18. Joffrey Lauvergne : 93
  19. Guerschon Yabusele : 79
  20. Axel Toupane : 76
  21. Alexis Ajinça : 70
  22. Ronny Turiaf : 45
  23. Damien Inglis : 36
  24. Jérôme Moïso : 35
  25. Ian Mahinmi : 21
  26. Antoine Rigaudeau : 17
  27. Pape Sy : 7

Élie Okobo est dans le milieu du paquet. N’ayant pris part qu’à 53 matchs, son total aurait pu être plus élevé. Ceci dit, sa moyenne de 5,7 points inscrits est fort correcte, puisqu’il devance par exemple Nicolas Batum (5,4 points lors de son année rookie) ou encore Boris Diaw (4,5). Cela reste anecdotique, puisque l’essentiel réside dans le fait d’augmenter sa production dès son année sophomore. Le voilà, le prochain défi d’Élie.

# LA SUITE POUR SWAGGY E

Mi-avril, et la saison des Suns est déjà terminée (quelle surprise). Super, cela fait potentiellement quatre ou cinq mois de vacances pour le Frenchie ? Euh… Nope. S’il devrait prendre quelques jours pour se ressourcer, Élie Okobo va rapidement retourner au travail auprès de sa franchise. Pour un jeune joueur l’été est surtout là pour progresser, s’améliorer sur certains domaines. Pour le numéro 2 de Phoenix, ça sent le bon gros taf sur le physique, la défense, l’agressivité, certains le trouvant parfois un peu tendre pour certains match-ups en NBA. S’il va bien évidemment bosser auprès des Soleils à l’intersaison, Swaggy E vise également une autre destination pour cet été… Et pas pour chiller.

🏀💻 @ElieOkobo_0 des Suns est l’invité skype du #SNL ! (2/2)
🗨️ “J’aimerais vraiment faire partie de l’équipe de France, ça serait un honneur de représenter mon pays”
#NBAextra pic.twitter.com/Ywt1ZQ4m13

— NBAextra (@NBAextra) 24 mars 2019

La quote parle d’elle-même. Le Frenchie a envie d’aller mouiller le maillot tricolore cet été en Chine, du 31 août au 15 septembre. Le désir de représenter son pays pendant l’été est là, ce qui n’a pas toujours été le cas pour tous les NBAers de l’Hexagone. Nonobstant l’envie manifeste de jouer sous le maillot bleu, deux conditions doivent être réunies pour lui permettre de participer à cette belle aventure. En premier lieu, il lui faudra l’accord des Suns. Souvent, les jeunes joueurs européens, ou non-américains sont retenus par leur franchise durant l’intersaison afin de travailler longuement et sérieusement, pour parfaire leur préparation avant la saison régulière. Une compétition internationale étant un risque de blessure, ou de revenir hors de forme à un mois du début de saison, l’autorisation n’est pas souvent acordée. Le tout frais arrivé Jeff Bower et James Jones auront la décision entre leurs mains. L’envie ne suffit pas toujours à convaincre. Puis, si Phoenix libérait Swaggy E pour jouer avec les bleus, il faudra, dans un deuxième temps et de manière stupide évidente, être sélectionné par Vincent Collet parmi le groupe qui ira au pays du grand Yao. S’il a des contacts réguliers avec des membres de l’encadrement (Patrick Beesley, Boris Diaw), rien n’est encore fixé, aucune liste n’est encore dégagée, et il n’est pas certain qu’Élie en soit, même s’il possède évidemment ses chances.

Cela fait donc beaucoup de conditions à réunir pour voir le désormais ancien rookie en Chine en septembre. Une chose est certaine, la papatte gauche va chauffer cet été, ça ne va pas chômer du tout. Work in progress.

Élie Okobo a bouclé sa première saison en NBA, que nous terminons ensemble avec ce treizième et dernier épisode de la story d’Élie. Des hauts, des bas, des joies, des doutes, tant d’émotions ont jalonné cette aventure du rookie français cette année. La greffe prend sur et hors des parquets, il faudra désormais confirmer les étincelles aperçues chez les Suns. La saison sophomore de Swaggy E sera à suivre de près. Allez, il est temps de refermer ce premier chapitre du livre d’Élie, qu’on espère aussi long qu’un roman de Proust. On souhaite bonne route à Élie Okobo, c’est désormais à lui d’écrire la suite de cette belle histoire. 

Sources texte : Twitter/@NBAextraTwitter/@ElieOkobo_0Twitter/@SunsInstagram/@elie_0kb, Twitter/@NBAextra