Playoffs en vue à Toronto : la fin de LeBronto, le début du règne sur la Conférence Est pour les Raptors ?

Le 25 févr. 2019 à 18:16 par Theophile Vincent

sweep the north raptors cavaliers
Source image : antoine

La fin de la saison régulière approche à grands pas, nous offrant un lot de franchises se mettant salement sur la figure soir après soir pour s’offrir la permission de participer à la plus prestigieuse des compétitions : les Playoffs. Dans moins de deux mois, seize équipes vont croiser le fer pour tenter d’aller décrocher le Graal et on va s’attarder sur l’autoroute laissée par LeBron du côté de la Conférence Est. Car pour cette belle saison 2018-19, ce sont bien les habituelles victimes du King qui pourraient aller poser le popotin sur le trône : les Raptors de Toronto. Allez, on range le balai et on sort le gourdin cette année.

Habitué aux joutes printanières, Toronto a également pris l’habitude d’être promené en laisse par LeBron James lorsque le printemps pointe le bout de son nez. Sur les trois dernières campagnes, la franchise de l’Ontario a perdu ses trois séries face à Cleveland, dont deux sweeps retentissants sur les deux dernières années. Celui de 2018, après une saison régulière historique, a sonné la fin du duo Lowry-DeMar et Masai Ujiri n’hésite désormais plus à tout chambouler pour mettre son équipe dans les meilleures dispositions. Le déménagement du roi a lancé une véritable course à l’armement chez les candidats à sa succession, relançant enfin le suspense et le spectacle dans une Conférence souvent décriée pour son manque de compétitivité. On n’est pas déçu cette année puisque le duo de tête formé par Milwaukee et Toronto a très vite fait forte impression et ne semble pas prêt à lâcher le bout de gras avec dans le rétroviseur les Pacers, Sixers et Celtics. On ne le dit jamais assez, mais l’Est a de sérieux atouts à faire valoir en Finales NBA cette année. Et si leur plus bel atout était Toronto ? La signature de James chez les Lakers a entraîné la fin de “LeBronto”, période ô combien traumatisante pour tout fan des Dinos, il est temps désormais de ranger la vaseline printanière et de se faire respecter. Et sans faire offense aux Sixers, Bucks ou Celtics, les Canadiens semblent cette année les mieux armés pour aller se frotter aux tarés en jaune au mois de juin. Explications.

LeBronto

Bien installés à la deuxième place de la Conférence Est, les Raptors seront bientôt assurés de jouer les Playoffs et ont encore une belle carte à jouer pour aller piquer la première place à leurs voisins du Wisconsin et pourquoi pas s’approprier le meilleur bilan de la Ligue. L’avantage du terrain pour l’intégralité des Playoffs, qui dit oui ? Pour retrouver une équipe de l’Est avec le meilleur bilan général, il faut remonter au Heat de 2013 ! Si l’Ouest a pris la fâcheuse habitude de recevoir à la maison les premiers matchs des Finales, cette année pourrait bien être différente puisque Toronto dispose actuellement de deux matchs d’avance sur les Warriors (quatre pour Milwaukee) et jouera la régulière jusqu’au bout. De leur côté, les champions en titre seront probablement tentés de faire souffler les bestiaux pour se focaliser sur leur réel objectif : chopper un troisième titre en trois ans. Recevoir chaque adversaire puis les Monstars à la maison dès le début, ça peut aider à mieux rentrer dans la série, on ne va pas se mentir. A Toronto de jouer le reste de la saison avec sérieux pour se mettre dans les meilleures dispositions et entamer chaque série devant un public toujours chaud bouillant de la Scotiabank Arena, porté par un Nav Bhatia qui sera là même s’il tombe dans le coma.

Mais au-delà du classement, c’est surtout la puissance et la complémentarité dégagées par l’effectif des Raptors qui impressionnent. Le début de la saison 2018-19 mettait déjà en avant les conséquences du trade estival avec les Spurs. Rapidement intégré, Kawhi Leonard a su redonner un regain à sa nouvelle franchise en devenant un leader en attaque comme en défense, en montrant l’exemple sur le parquet pendant que Kyle Lowry continue d’assumer son rôle de capitaine en prenant la parole et en mettant en place des rituels d’avant-match chelous. L’ancien de San Antonio, bien qu’un peu moins efficace depuis quelques temps, sera une arme redoutable lorsqu’il faudra aller se rentrer dedans lors des Playoffs. Accompagné de Danny Green, le MVP des Finales 2014 et champion NBA est un grand habitué des matchs à élimination directe, son manque d’émotions au quotidien fait de lui un joueur clutch et indispensable lorsque la pression est à son comble. Habitués à se faire dessus dans les moments très chauds, les Raptors ont récupéré un joueur qui représentera un atout énorme lorsqu’il faudra planter du grand game-winner ou défendre sur des gars comme le Freak (demandez donc à LeBron ce qu’il en pense). Bon, on conseille à Nick Nurse de le laisser sur le banc en cas de série face aux Pistons de Zaza Pachulia, une blessure à la cheville est si vite arrivée…

L’intégration de Kawaï a été expresse, la prise de pouvoir de Nick Infirmier efficace et les Raptors étaient jusqu’en février une des équipes qui tournait le mieux en NBA. Un banc toujours aussi profond et performant, un Pascal Siakam prétendant sérieux au titre de MIP, une place de dauphin et quelques victoires références contre des gros calibres, tout allait bien en Ontario. Mais pas assez visiblement pour Ujiri qui a décidé de refaire péter le compte Twitter de Woj, le soir de la trade deadline. Bon voyage Jonas Valanciunas, Delon Wright et C.J. Miles, bienvenue à Marc Gasol. Le GM a fini par comprendre qu’on juge une saison par les Playoffs et il n’a pas hésité pour aller chercher un vieux briscard habitué des grands matchs pour aider l’équipe dans les moments chauds. Gasol, puis Jeremy Lin et Jodie Meeks, trois vétérans débarqués au pays du sirop d’érable pour continuer de renforcer une armada dont l’objectif est de plus en plus clair : atteindre les Finales NBA. Devenu indésirable dans le plan de reconstruction de Memphis, le pivot espagnol de 34 ans a un joli curriculum vitae qui parle pour lui : champion d’Europe, champion du monde, vice-champion olympique, DPOY et quelques belles campagnes de Playoffs avec notamment une Finale de Conférence en 2013. Franchement, ça passe non ? Son expérience, sa science de la défense, son sens de la passe font de lui un nouvel atout pour Toronto qui s’offre une sacrée rotation sur le secteur intérieur, permettant ainsi aux Raptors de défendre pendant 48 minutes sur les meilleures raquettes de la Ligue, y compris celle des Sixers. Ça va chanter la Macarena dans la raquette avec le duo Ibaka-Gasol.

En plus du pivot, la franchise est allé au bout de son idée en signant deux joueurs expérimentés comme Jeremy Lin et Jodie Meeks. Ce dernier n’est pas un expert des Playoffs, on est d’accord, mais son adresse au shoot sera probablement la bienvenue dans les matchs chauds quand il faudra reposer Green. Pour ce qui est du premier cité, c’est un très joli coup pour les Dinos après avoir envoyé le petit Wright se faire les dents dans le tank des Grizzlies et suite au forfait pour plusieurs semaines de Fred VanVleet. Bien qu’ayant eu une carrière minée par les blessures, Lin a connu ses moments de gloire au Madison Square Garden et a participé à trois campagnes de Playoffs avec Houston et Charlotte. Du haut de ses 30 ans, le meneur de jeu mettra ses qualités et son expérience au service de l’équipe lorsqu’il faudra faire souffler Calorie. Après la Vinsanity, place à la Linsanity du côté de Toronto. Certains regretteront la profondeur sans fin du banc des Raptors, mais pas besoin d’une rotation à quinze joueurs lors des Playoffs, surtout lorsqu’on a trois vétérans sur le banc et quelques petits jeunes qui pourront découper les oranges. La franchise a progressé et fait partie des cadors de sa Conférence depuis maintenant plusieurs saisons, s’étant construite sur un noyau dur et sur le talent de nombreux jeunes. Déconvenue après déconvenue, il était grand temps pour la direction de passer le balai (non, pas celui là) et de prendre des risques afin de mettre toutes les chances de leur côté. L’effectif de Toronto semble désormais mieux taillé pour le printemps que ses concurrents : un esprit revanchard, plus d’expérience que Philly, Milwaukee ou Boston, un roster des plus sales sur le plan défensif, un ancien champion NBA qui pourrait bien se mettre à sourire et un ancien phénomène prêt à prendre les brides du second unit à la mène. On se prépare pour le choc qui risque d’être fatal pour l’Est, on se prépare également pour leur trouver un nouveau surnom en cas de nouveau sweep. On sait jamais avec eux.

Moins de deux mois pour se préparer pour la partie la plus excitante de la saison, pour les joueurs comme pour les spectateurs. Nick Nurse doit mettre à profit tout ce temps pour amener ses troupes dans les meilleures dispositions et il n’a pas le droit à l’erreur après tout ce gros boulot abattu par son GM. Plus de LeBron, plus d’excuses, cette année vous pourriez bien faire all-in sur le sirop d’érable !