Les Pacers face à un dilemme après la blessure de Victor Oladipo : quelle direction donner à la franchise pour la suite ?
Le 30 janv. 2019 à 11:38 par Theo Malet
Sans contestation, la blessure de Victor Oladipo fait partie des très mauvaises nouvelles de ce début d’année civile. Victime d’une rupture du tendon du quadriceps de la cuisse droite, il devra passer sur le billard et regarde déjà vers la saison prochaine pour envisager un retour. Au-delà du choc immédiat pour les Pacers qui perdent là leur meilleur joueur, les conséquences pourraient être énormes pour la suite de la franchise.
Et si, finalement, cette horrible blessure n’était pas si handicapante que ça pour les résultats à venir des Pacers ? Impossible aurait-on pu se dire, et pourtant certains facteurs pourraient bien nous mettre dans cet état d’esprit. On a, tout d’abord, déjà pu assister à une série de 11 matchs sans l’arrière à cheval sur les mois de novembre et décembre en raison d’une blessure au genou. Et devinez quoi ? Les Pacers s’en étaient superbement bien sortis avec 7 victoires pour seulement 4 défaites. Mais surtout, ce qui était le plus flagrant lors de cette absence c’était à quel point l’équipe semblait la même. Peu importe les chaînons ajoutés ou enlevés, Indianapolis est une machine qui tourne. Quand Darren Collisson sort pour laisser la mène à Cory Joseph, l’équipe ne bouge pas et conserve le même visage. Elle s’adapte juste de temps en temps, en jouant plus de balles au poste haut lorsque Domantas Sabonis est sur le terrain par exemple, mais les principes de base restent inchangés. Une grosse défense bien organisée où tout le monde se donne autour de la muraille Myles Turner – meilleur contreur de NBA avec 2,8 bâches par match – c’est un incontournable chez les Pacers de Nate McMillan cette saison. Deuxième meilleur defensive rating de la Ligue actuellement, la défense d’Indiana ne paraît pas forcément suffocante comme peut l’être celle du Thunder par moment en raison de leur densité physique incroyable. Cependant, contrairement à OKC, elle reste toujours bien concentrée et ajustée à ses adversaires du soir. En bref, les Rednecks défendent et attaquent à cinq pendant 48 minutes. Parce que même s’ils ne pratiquent pas le jeu le plus flamboyant de la Ligue, leur mouvement de balle reste propre et cohérent, mais surtout les Pacers sont pragmatiques. Souvent basé autour d’un pick-and-roll ou pick-and-pop, le jeu est fluide et le reste même en l’absence de Dipo sur le terrain. En fin de compte, celui qui réalisait une saison en-deçà de nos attentes notamment depuis son retour de blessure avec “seulement” 18,8 points par match accompagnés de 5,6 rebonds et 5,2 passes n’était pas aussi indispensable à son équipe qu’on pouvait le croire malgré son statut assumé de franchise player. On pourrait même dire que l’absence de Myles Turner se fait beaucoup plus sentir notamment d’un point de vue défensif. Peut-être que Victor n’est pas indispensable après tout et qu’Indy va terminer la saison en gardant le même rythme.
Ça peut en faire tousser certains, mais les faits sont là. Pourtant, d’autres problèmes apparaissent avec cette blessure. Dans l’état actuel des choses, Victor était sûrement le seul joueur capable de se créer son propre tir avec Tyreke Evans dans l’effectif. Un bon casse-tête en perspective pour l’ancien coach des Blazers qui sait qu’il le pourra pas se contenter de bricoler quelques matchs en attendant le retour de son go-to-guy. Nate McMillan va donc se retrouver confronté à un dilemme : comment gagner face aux grosses écuries de la NBA sans l’ancien numéro 2 de Draft pour créer des espaces en attaque ? Déjà que son équipe ne brillait pas dans les très grosses affiches (4 wins pour 6 losses face au top 4 de l’Est) cela semble foutu sans le troisième meilleur marqueur de la NBA dans le clutch time. Les fans des Celtics pourront en témoigner, on pouvait toujours compter sur Vicky pour asséner le coup final à son adversaire. Désormais, il semble compliqué d’imaginer Indiana s’en sortir dans le money time face à une défense bien en place. Pas de bon augure pour les Playoffs qui se profilent doucement à l’horizon dans le Midwest. Car oui, il ne fait aucun doute qu’ils se qualifieront, leur équipe est trop bien en place et leur bilan est déjà trop bon pour les voir descendre beaucoup plus bas qu’à la cinquième place à l’Est. Néanmoins on les imagine mal rester accrocher au podium et par conséquent avoir un adversaire bien plus abordable au premier tour en avril prochain. Ce sera donc, selon toute vraisemblance, un affrontement avec Philly ou Boston. Et là, ça s’annonce très compliqué. On aurait envie de croire au miracle et à un upset magnifique comme celui qui a failli se produire face aux Cavaliers lors du premier tour des Playoffs 2018, mais l’absence de star va peser lourd et les chances d’Indianapolis sont presque nulles à ce niveau-là de la compétition sans Victor. On espère bien entendu qu’ils nous feront mentir et qu’ils créeront la surprise mais aujourd’hui, rien ne semble aller dans ce sens, et cela nous emmène à nous questionner sur la suite pour la franchise.
Quelle options pour cette jeune équipe sans sa star et avec une très forte probabilité de se faire sortir au premier tour des Playoffs ? Parce que la solution de juste laisser passer l’orage cette saison pourrait être envisagée, mais l’arrivée en fin de contrat de nombreux cadres (Darren Collisson, Thaddeus Young, Bojan Bogdanovic ou encore Cory Joseph) complique l’équation. Certains pourraient avoir envie de partir dans un plus gros marché ou au moins chez un contender au titre plus sérieux, même avec un rôle réduit. Or il sera difficile pour Indiana de se renforcer réellement cet été étant donné le faible attrait de la franchise. Les dirigeants doivent prendre le risque de miser sur juillet et la doublette Oladipo-Turner signée sur le long terme pour attirer des free-agents. Ou Kevin Pritchard pourrait tenter un trade dès maintenant en anticipant les départs de certains joueurs et essayer dans le même temps de rendre l’équipe plus compétitive pour la fin de la saison et faire meilleure impression. Mais alors qui aller chercher ? Anthony Davis ? Non, on déconne. Plus sérieusement on ne voit pas trop quels joueurs de gros calibres pourraient récupérer les Pacers. Pourquoi pas Jrue Holiday qui pourrait avoir envie de se barrer de la Nouvelle-Orléans si son copain Anthony quittait le bayou et qui rejoindrait son petit frère Aaron. Mais tout ça n’est que spéculation, il sera sûrement très difficile voire impossible pour Indiana de réaliser un gros move avant le 7 février. La patience est de mise tout comme l’espoir de revoir Victor Oladipo au top de sa forme. Parce que sinon le projet des meilleurs fermiers de la Ligue prendrait un sacré plomb dans l’aile.
Heureusement pour eux, les Pacers ont encore le temps grâce à un effectif très jeune. Mais cette blessure permet quand même de mesurer leur plafond. Avec ou sans Dipo, un titre semble utopique pour Indianapolis. Le manque de stars est criant et risque de leur faire défaut pour longtemps mais la réelle question que doivent se poser les dirigeants actuellement, c‘est comment ramener une star en étant un minimum compétitif et en étant un marché très peu attractif, le tout sans s’appeler les Spurs ? Vous avez quatre heures.