Hommage à Rudy Gay : l’homme qui a surmonté une rupture du tendon d’Achille, avec classe et persévérance

Le 15 janv. 2019 à 17:59 par Enzo Ferretti

rudy gay
Source image : NBA League Pass

La rupture du tendon d’Achille : une des blessures les plus redoutées et craintes au basket, et même dans tout sport confondu. Chaque fois qu’un joueur doit affronter cette galère, on se dit qu’il ne retrouvera plus son meilleur niveau et qu’il ne sera plus jamais comme avant. Beaucoup de joueurs dans l’histoire de la NBA ont eu la malchance de faire face à une rupture de tendon d’Achille et peu d’entre eux s’en sont réellement relevés. Mais Rudy Gay lui y est parvenu, et plutôt bien même.

D’abord, avant de parler du retour au top de l’ailier des Spurs, petite leçon d’anatomie puis d’histoire, juste pour savoir de quoi on parle : comme l’explique si bien le Dr Kevin Stone, médecin du sport américain, le tendon d’Achille sert à attacher le muscle du mollet à l’os du talon, on pourrait le décrire comme un morceau de caoutchouc flexible et très résistant qui s’étire et qui permet d’absorber le choc lorsqu’un un athlète atterrit après un saut. En gros, c’est ce qui sert pour chaque appui, donc forcément, c’est essentiel à la pratique du basket-ball. Et du coup, quand cette partie du corps est touchée, on en ressort affaibli au niveau des appuis et c’est très difficile de revenir à son meilleur niveau. Cette blessure maudite est désormais célèbre en NBA pour avoir éteint certains joueurs qui, trahis par leur tendon d’Achille, ont été fauchés en plein vol. Sur son tableau de chasse figurent des joueurs dont on se moque tristement aujourd’hui comme par exemple Brandon Jennings qui a vu sa belle carrière partir en fumée du jour au lendemain, mais aussi des énormes stars comme Kobe Bryant qui a dû finir péniblement ses dernières années dans la Ligue à cause de ce fichu tendon d’Achille, ou Isiah Thomas le Hall of Famer qui a quitté la grande scène sur ce pépin physique. Plus récemment, c’est DeMarcus Cousins qui a dû passer sur le billard il y a presque un an de cela, ce qui lui a coûté de signer un contrat à la mid-level exception chez les Warriors, au lieu de prendre le max à New Orleans, pauvre chéri. Aujourd’hui, tout le monde sait ce que représente une rupture du tendon d’Achille en NBA et les conséquences qu’elle peut avoir dans le futur. Heureusement, certains joueurs ont réussi à la surmonter et à revenir tant bien que mal au niveau physique qui était le leur avant de se blesser. C’est le cas de Rudy Gay, qui a su se refaire chez les Spurs malgré s’être fait le tendon d’Achille il y a presque deux ans jour pour jour, lorsqu’il évoluait encore à Sacramento.

En effet, quel retour au premier plan que celui de Rudy Gay cette année. L’ailier s’éclate à San Antonio sous les ordres de Gregg Popovich actuellement. La maison Spurs avait décidé, lors de la free agency 2017, de miser sur ce joueur qui sortait donc fraîchement d’une rupture du tendon d’Achille. Le front-office avait choisi à l’époque d’offrir au joueur deux années de contrat dont la dernière en player option avec à la clé un salaire tout à fait honnête (17 millions de dollars). Bah vous savez quoi ? Rudy Gay est toujours à San Antonio, et il est toujours aussi précieux dans la rotation, utilisé autant au poste d’ailier qu’au poste d’ailier fort. Lors de sa première saison, aucun risque pris par Pop, Rudy Gay sera utilisé en tant que sixième homme, prudence est mère de sûreté. Bingo, le bonhomme réussit une saison très prometteuse avec plus de 11 points et 5 rebonds à 47% au tir en 21 minutes de moyenne sur ses 57 rencontres jouées sur la campagne. Les appuis reviennent, l’intensité dans les efforts aussi. Bonne pioche pour les Spurs, une de plus.

À l’été 2018, Gay se permet même de rejeter sa player option pour aller tester le marché mais décide finalement de rempiler pour une saison supplémentaire à San Antonio. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ailier continue sur sa lancée. Mieux, il est désormais titulaire chez les Spurs et a encore augmenté ses moyennes statistiques. En effet, cette année, Rudy Gay c’est 13,6 points, 6,6 rebonds et 2,4 assists par match en 27 minutes de jeu. L’ancien joueur de Memphis a participé à 35 des 45 matchs des Spurs cette saison, dont 32 dans le cinq majeur. Bon après, quand ta concurrence s’appelle Marco Belinelli ou Dante Cunningham, c’est pas non plus un exploit, mais tout de même. La fâcheuse blessure subie il y a deux ans n’est aujourd’hui qu’un lointain souvenir. À 32 ans, Rudy Gay est donc en train de se relever peinard d’une blessure censée être la plus meurtrière dans la carrière d’un joueur NBA. Il profite pleinement de cette renaissance et compte bien servir de référence pour les futurs joueurs qui subiraient la même blessure que lui à l’avenir. Après être revenu sur sa douloureuse période de rétablissement, il a prononcé cette même phrase au micro de Jeff McDonald pour le San Antonio Express News :

“Je suppose que je peux être un exemple pour toutes les personnes qui ont cette blessure.”

Effectivement Rudy, tu es le parfait exemple qui montre que le travail et le mental peuvent faire en sorte de se relever d’une telle blessure, mais tu n’es pas le seul. Toute proportion gardée, l’actuel joueur des Spurs partage cette prouesse avec une personnalité bien connue de la grande Ligue, en la personne de Dominique Wilkins. En effet, un soir de janvier 1992, the Human Highlight Film se rompt le tendon d’Achille alors que l’ancienne star des Hawks d’Atlanta tournait calmement à 28 points, 7 rebonds, 4 assists et 1 steal par match en moyenne sur la saison. L’ailier est encore dans son prime et se voit stoppé tout net en pleine carrière. Ah bah non en fait, car il revient la saison suivante, joue 71 matchs et envoie 30 pions, 7 rebonds et 3 passes de moyenne toujours accompagnés de la petite interception qui va bien, le tout en emmenant ses Hawks en Playoffs. Rudy Gay c’est bien sympa, mais là c’est carrément impressionnant, presque surhumain. Rupture du talon de qui ? Des broutilles pour Dominique Wilkins, réputé pour être l’une des bêtes physiques les plus impressionnantes de l’histoire NBA. Aucun joueur à l’heure actuelle ne peut se vanter de s’être remis aussi rapidement d’une telle blessure. Cependant, cela n’enlève bien sûr rien au mérite qu’a aujourd’hui Rudy Gay de dominer son corps pour retrouver un niveau honorable, comme l’avait donc fait le légendaire numéro d’Atlanta, mais à son niveau bien entendu. Certes, il ne sera peut-être plus le joueur qu’il était à Memphis ou encore à Sacramento, mais qu’importe. À l’aide de Gregg Pop et de la maison Spurs en général, il a su se réinventer et progressivement redevenir un bon joueur référencé de NBA. Mieux, on le revoit exploser des arceaux en regardant le plexiglas droit dans les yeux. Le 17 août prochain, le 8ème choix de la Draft 2006 fêtera ses 33 ans, et peu importe ce qu’il adviendra, on pourra se souvenir de Rudy Gay comme d’un joueur qui, malgré les blessures récurrentes dont il a dû faire face tout au long de sa carrière, aura toujours su se relever. Une belle leçon de persévérance et de mental pour tous.

Aujourd’hui, Rudy Gay a mis derrière lui cette malheureuse histoire de tendon d’Achille. Il s’éclate sous les ordres de Gregg Popovich, et c’est pas prêt de s’arrêter. En effet, lorsqu’on observe sa progression actuelle, on est en droit de se dire qu’il lui reste encore quelques belles années à tirer en NBA. Du coup, nos yeux seront tous naturellement rivés vers la baie d’Oakland pour savoir si oui ou non DeMarcus Cousins sera capable de retrouver son niveau d’avant blessure. Le pivot part en revanche avec un désavantage car on sait à quel point ce genre de blessure est encore plus difficile pour un big man. Mais tout est possible en NBA, Rudy Gay nous l’a montré.

Source texte : San Antonio Express News


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