Andrés Nocioni : des couilles, de la grinta dans chaque doigt et un palmarès XXL

Le 30 nov. 2018 à 10:59 par Clément Mathieu

Andrés Nocioni
Source image : YouTube/Euroleague

Nous sommes aujourd’hui le 30 novembre 2018 et Andrés Nocioni a 39 ans, l’occasion de revenir sur le parcours d’un monstre au sang-froid. Si vous ne connaissez pas l’Argentin, on va vous le présenter. Le bonhomme a tout gagné, et de quelle manière, mais reste assez peu connu auprès du public NBA. Dur au mal, clutch comme jamais, monstrueux des deux côtés du terrain, il est à l’image des joueurs de l’Albiceleste. Une teigne qui n’abandonne jamais. En 21 ans de carrière, Andrés Nocioni a eu le temps de marquer l’histoire partout où il est passé. On ne va pas vous faire sa biographie de manière exhaustive mais plutôt revenir sur les performances et les détails qui font de lui un joueur hors du commun, un véritable bad boy.

Flashback jusqu’au Jeux Olympiques de 2016. L’Argentine affronte le Brésil en poule. Même si ce n’est pas une finale ou une demie, ce match restera gravé dans comme l’un des plus beaux de l’histoire. Ce jour-là, Andrés Nocioni réalise une performance extraordinaire à l’image de toute la carrière du bonhomme. Quand ces deux équipes se rencontrent à  Rio, elles ont déjà joué deux matchs. A chaque fois, l’ambiance a été explosive. Tellement que les deux capitaines, Marcelo Huertas et Luis Scola demandent au public, juste avant le début du derby, de respecter l’esprit olympique. Autant vous dire qu’ils n’ont pas été entendu pour notre plus grand plaisir. La bronca s’élève à chaque fois qu’un joueur argentin touche le ballon. A chaque panier marqué pour la nation hôte, le stade menace de s’écrouler. Et c’est dans cet atmosphère qu’Andrés Nocioni nous sort son meilleur match en sélection.

La première mi-temps est très disputée, les Argentins prennent un excellent départ grâce notamment à notre héros du jour qui en est à 4/4 du parking. Les supporters des deux nations rivalisent d’intensité et on ne peut presque rien entendre. La deuxième mi-temps est du même acabit, mais ce sont les Brésiliens qui profitent de la défense douteuse de Luis Scola pour passer devant. La formation de Manu Ginobili est menée de trois points à 22 secondes de la fin du temps réglementaire. L’occasion pour ce dernier d’enfiler sa tunique de super héros. Malheureusement, le costume était au pressing, et c’est une bonne grosse brique que nous envoie El Manu. Rebond offensif, balle à Andrés qui shoot à 3-points complètement en déséquilibre. Filoche, le stade est en fusion, le seum est palpable dans le clan des locaux. Lors de la première prolongation, l’Albiceleste est encore menée de 4 points à 1 minute 30 de la fin. Le moment est tout choisi pour mettre la balle dans les mains brûlantes de Nono, résultat identique. Filoche si clutch, la clim commence à être posée dans tous le stadium, deuxième prolongation.

Cette fois-ci, les Argentins ne laisseront pas passer leur chance. Malgré un sursaut d’orgueil de Leandro Barbosa qui inscrit 9 points de suite pour ramener son équipe à 1 point, l’Albiceleste remportera ce match d’anthologie 111-107 et Andrés Nocioni finira avec 37 points et 11 rebonds à 8/12 du parking. Le gars était tout simplement trop clutch pour le Brésil, il aura joué 48 minutes en tout dans ce match… à 36 ans. Il semble avoir un moteur de tracteur à la place du cœur, jouer un match en entier ne lui a jamais fait peur, on y reviendra par la suite. Et comme on est des gens sympa, on vous met le lien de la fin du match dans son intégralité, avec pour seul son, celui des supporters sud-américains déchaînés. Ne nous remerciez pas c’est bien normal.

Si cette performance a marqué les esprits, la carrière d’Andrés Nocioni en équipe nationale ne se résume pas à un coup de chaud. Elle a fini avec les JO de 2016 et son maillot retiré en 2018 mais elle a commencé bien plus tôt, à la fin du XXème siècle, en 1999. Notamment lors d’un tournoi de qualification olympique. A seulement 19 ans, Andrés Nocioni choque la planète basket en dunkant violemment sur Tim Duncan et Kevin Garnett (on vous met la vidéo en dessous pour le plaisir). Ce dernier lui expliquera gentiment que s’il recommence, il lui casse le poignet. Après plusieurs tournois continentaux, le joueur est un titulaire incontesté avec l’Albiceleste. Il fera partie de l’histoire, avec son compatriote Manu Ginobili en devenant la première équipe à battre les Etats-Unis au basket, depuis que les joueurs NBA font partie de l’équipe, aux championnats du monde de 2002. S’ils perdront finalement en finale contre la Yougoslavie, cette performance était un teaser avant le miracle de 2004 où l’Argentine deviendra championne olympique. Oui Andrés Nocioni a remporté un titre olympique aux côtés d’El Manu, il fait partie de ces joueurs dont le palmarès défie toute concurrence. Ils ne sont pas beaucoup à pouvoir se vanter d’avoir battu Team USA au basket, encore moins deux fois de suite.

Mais ne vous inquiétez pas, nous n’allons pas nous concentrer uniquement sur la carrière internationale d’Andrés Nocioni. Il a également marqué de son empreinte la ligue espagnole avec Vitoria. Il finira MVP en 2004 avant de remporter l’or aux JO et de rejoindre la NBA. Les Bulls le sélectionnent en tant que rookie non drafté et ne le regretteront pas. Dès sa première saison, il impressionne mais pas grâce à ses statistiques honnêtes, 8,4 points et 4,8 rebonds. Non c’est bien sa défense que l’on remarque. Le mec est tellement nasty qu’il a créé la controverse car on l’accusait d’être trop rugueux en défense. Alors, se faire traiter de mec rugueux en 2004, ça veut dire qu’on serait un assassin dans la NBA moderne tout simplement. Nono se fera même suspendre après une vilaine faute de bad boy sur Tayshaun Prince. Puis il créera la polémique après un attentat sur Dwyane Wade, et sera poussé dans les photographes par Udonis Haslem où il essuiera un jet de boisson au visage. A l’époque, David Stern avait déjà eu son lot de bagarres avec le public, surtout quand ça commence avec un gobelet rempli. A peine arrivé, déjà une légende pour tous les amateurs de jeu dur. Un vrai bad boy on vous dit.

Et comment vous dire que la seule chose présente dans ses veines est un glacier ? Lors de son premier match de Playoffs pour son année rookie, Andrés Nocioni réalisera une performance extraordinaire avec 25 points et 18 rebonds en 48 minutes. Donc le mec découvre à peine l’intensité de la postseason en NBA, qu’il en fait son jardin. Et en plus, il ne sortira pas une seule fois du match où les spectateurs du United Center chanteront son nom. Bienvenue dans la Ligue monsieur. On respire une seconde pour réaliser le truc et on repart. Lors de sa deuxième saison en 2005-06, il sera élu meilleur joueur des Bulls et réalisera une deuxième campagne de Playoffs incroyable. Ses statistiques sont de 22,8 points, 9,6 rebonds et 1,6 assist dont un énorme match dans la deuxième rencontre du premier tour contre Miami : 30 points à 13/15 aux tirs et 3/3 from downtown. Voilà voilà.. Encore la preuve que joueur pro en Europe, c’est quand même autre chose que de jouer en NCAA.

Il passera cinq saison aux Bulls pour 12 points et 5 rebonds de moyenne en 25 minutes. Certains moments restent marquants, comme ses 7 points en 12 secondes (prends ça T-Mac) dans la série contre Miami en 2007. Mais au-delà des statistiques, il aura été le chouchou d’un des publics les plus exigeants de NBA. Il fera ensuite un détour par Sacramento et Philadelphie sans réussir à vraiment trouver sa place malgré des statistiques honnêtes. Le joueur est habitué à l’excellence et à la pression des grands matchs. Du coup quand il se retrouve dans des équipes sans ambition, forcément, c’est la soupe à la grimace. Il profitera du lockout en 2011 pour retrouver l’Argentine, au Atletico Penarol. Il les aidera à remporter le titre dès son arrivé. Et hop une ligne de plus. Andrés Nocioni a des envies d’ailleurs et quitte la Frande Ligue pour un retour en Europe dans la ligue espagnole en 2012. Direction Vitoria, terre de ses premiers exploits sportifs. Il passera deux saisons dans son club formateur avant de signer au Real Madrid en 2014. Lors de la saison 2015, il remporte tous les titres avec le Real, le championnat espagnol, la coupe nationale et l’Euroleague. Il est même élu MVP du Final Four du plus grand tournoi européen au terme de la finale contre l’Olympiakos, à 34 ans. Un titre de plus à son palmarès, le mec ne s’arrête jamais.

Andrés Nocioni prendra finalement sa retraite en 2017 après 21 saisons professionnelles. Que l’on retienne ses exploits avec la sélection argentine, ses performances aux Bulls ou sa fin de carrière en apothéose au Real Madrid, souvenons nous surtout de tous ces moments magiques qui le symbolisent tant. Ses shoots clutchs face au Brésil, son dunk face à Garnett, ses premiers Playoffs… On a tous découvert ce joueur d’une manière différente selon notre âge et notre génération. Celui qu’on surnommait El Chapu ou le taureau sauvage des pampas, a marqué l’histoire de ce sport et il mérite qu’on se souvienne de lui comme de ce qu’il est réellement. Un grand champion.