One Last Dance – Chapitre 1 : quand Dwyane Wade évoluait dans l’ombre de LeBron et Melo

Le 22 nov. 2018 à 19:03 par Nicolas Meichel

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Le 16 septembre dernier, Dwyane Wade a annoncé à la planète basket que sa seizième saison NBA serait la dernière. Sélectionné par le Miami Heat lors de la fameuse Draft 2003, Flash a connu une carrière magnifique qui va l’emmener tout droit au Hall of Fame. Avec trois bagues de champion, un titre de MVP des Finales, treize nominations au All-Star Game et une médaille d’or olympique, Wade fait incontestablement partie des meilleurs arrières de l’histoire. TrashTalk a ainsi décidé de lui rendre hommage à travers une série de six articles retraçant son parcours au sein de la grande ligue. Place au premier chapitre, dédié à ses grands débuts.

26 juin 2003, Madison Square Garden, New York City. Cette date et ce lieu mythique marquent le début de l’aventure NBA pour un gamin de Chicago qui avait comme rêve de ressembler à son idole Michael Jordan. Son blaze ? Dwyane Wade, et non pas Dwayne comme certains l’écrivent parfois. Auteur d’une très belle campagne junior sous les couleurs de l’université de Marquette en 2002-2003, Wade débarque à la Draft avec un CV plutôt bien rempli. Sa performance exceptionnelle face à Kentucky trois mois plus tôt, durant laquelle il a réalisé un superbe triple-double avec une flopée d’actions de grande classe, a propulsé l’arrière des Golden Eagles dans une nouvelle dimension, notamment sur le plan médiatique. En effet, juste après ce show face à l’un des poids lourds du basket NCAA, qui a permis à Marquette d’intégrer le Final Four pour la première fois depuis 1977, le nom de Wade a résonné dans tout le pays. Mais le jour de la Draft, il est loin d’être au centre de l’attention. Le monde de la balle orange est avant tout focalisé sur deux phénomènes considérés comme des superstars en puissance, à savoir LeBron James et Carmelo Anthony. Le premier est un prodige sorti tout droit d’Akron dans l’Ohio, surnommé “The Chosen One” par le célèbre magazine Sports Illustrated. Quant au second, il vient tout juste de remporter le titre universitaire avec Syracuse en terminant meilleur joueur du Final Four, le tout lors de sa saison freshman s’il vous plaît. Sans la moindre surprise, LeBron est sélectionné en première position par les Cleveland Cavaliers. Melo est choisi par les Denver Nuggets en numéro trois, juste après le pivot serbe Darko Milicic, drafté par des Detroit Pistons amoureux de son potentiel (vous pouvez rigoler). Pendant ce temps, Dwyane attend son heure de gloire.

“With the fifth pick in the 2003 NBA Draft, the Miami Heat select Dwyane Wade, from Marquette University.” Ça y est, la libération. Contrairement à James et Anthony, Wade ne savait pas trop à quoi s’attendre en ce 26 juin 2003. Il aurait pu tomber plus bas que le cinquième choix, car il y a des vrais points d’interrogation autour de son profil. Oui, le combo guard formé à Marquette possède un talent certain des deux côtés du terrain, de grosses qualités de slasheur et une éthique de travail exemplaire. Par contre, son shoot extérieur et sa petite taille pour évoluer sur le poste deux sont considérés comme des points faibles dans son jeu. Même Pat Riley, le président du Heat, a longtemps hésité avant de le sélectionner. Bien qu’intrigué par Dwyane, Patoche était plutôt chaud sur le pivot Chris Kaman, car il était à la recherche d’un intérieur pour booster sa raquette. Un mec de 2m13 dans la peinture, avec un bagage offensif intéressant, ça peut faire beaucoup de bien. Mais au final, Riley a donc jeté son dévolu sur Wade, et ce malgré la présence de l’arrière vétéran Eddie Jones, triple All-Star entre 1997 et 2000. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance en sa faveur ? Sans doute un coup de fil vers le préparateur physique Tim Grover, ancien entraîneur de Michael Jordan qui a bossé avec les deux prospects avant la Draft. Au cours de cet appel, Pat a posé une question toute simple à Grover. Il voulait savoir lequel des deux joueurs avait le plus de chances de devenir une superstar en NBA. La réponse fut claire, nette et précise. Dwyane Wade. Résultat, ce dernier arrive en Floride pour essayer d’apporter sa contribution à une équipe de Miami qui reste sur une saison en carton avec seulement 25 victoires pour 57 défaites. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne va pas perdre de temps.

Dès son premier match de saison régulière, disputé à Philadelphia face à l’ancien MVP Allen Iverson, Wade donne un aperçu de ses grandes qualités. 18 points, quatre rebonds, quatre caviars, le tout avec des moves qui sortent déjà de l’ordinaire. Le ton est donné. Après un départ difficile, le Heat commence à prendre goût à la victoire et Dwyane n’est évidemment pas étranger aux progrès de la franchise floridienne. Le numéro 3 enchaîne les bonnes perfs et enflamme le public de l’American Airlines Arena, un peu dégoûté par le basket depuis le début du nouveau millénaire. En l’espace de 61 matchs, dont 56 comme titulaire (essentiellement à la mène), le rookie formé à Marquette tourne à des moyennes très solides de 16,2 points, 4,0 rebonds et 4,6 passes décisives, à 46,5 % de réussite au tir. Sa belle campagne lui donne accès au All-Star Weekend de Los Angeles, où il participe au Slam Dunk Contest Rookie Challenge en compagnie de ses potes LeBron James et Carmelo Anthony. Mais surtout, il aide Miami à retrouver les Playoffs après deux saisons de merde caractérisées notamment par les problèmes de santé du pivot star Alonzo Mourning. C’est ce qu’on appelle une entrée en matière réussie. Malgré tout ça, Dwyane est souvent relégué au second plan derrière LeBron et Melo, qui cartonnent sur le plan individuel. Les deux stars de la Draft dominent l’actu durant toute l’année. Qui va finir Rookie of the Year ? Qui est le boss entre les deux ? Quand est-ce qu’ils jouent l’un contre l’autre ? Voici le genre de questions qui animent les discussions chez les fans et les spécialistes. Il faut en fait attendre la postseason pour véritablement voir D-Wade sortir de l’ombre de ses copains de la classe 2003.

Avec 17 victoires lors des 21 derniers matchs de saison régulière, le Heat termine quatrième de la Conférence Est et arrive en Playoffs chaud comme la braise. Au premier tour, Miami affronte les New Orleans Hornets de Baron Davis et Jamaal Magloire. Le Game 1 se déroule en Floride, devant un public en mode all-black. Dans une ambiance électrique, les deux équipes se rendent coup pour coup. Le score indique 79-79 à onze secondes du buzzer, avec possession pour le Heat. Durant le temps-mort, le coach Stan Van Gundy se tourne vers Dwyane Wade, qui a prouvé durant la saison régulière qu’il n’avait pas peur de poser ses couilles sur la table. Mais là, on est en Playoffs, c’est un autre monde. C’est rare de voir un entraîneur donner une telle responsabilité à un rookie, surtout lorsqu’il possède à sa disposition des joueurs comme Eddie Jones ou Lamar Odom. Sauf qu’au final, ce choix s’avère payant. En un-contre-un face à B-Diddy, Wade fait la diff’ et donne la victoire à son équipe grâce à un floater assassin. Premier match de postseason, premier exploit, mais pas le dernier. Dwyane se montre également clutch dans la cinquième rencontre de la série alors que les deux équipes sont à égalité 2-2, puis apporte sa contribution pour permettre au Heat de l’emporter en sept. Après quatre années sans la moindre victoire en Playoffs, Miami est de retour en demi-finale de Conférence. Contre les Pacers de l’Indiana, meilleure équipe de la saison régulière, Wade continue de faire du bruit, beaucoup de bruit même. Pendant que LeBron et Melo matent les matchs à la TV, Dwyane fait le spectacle face à Jermaine O’Neal, Ron Artest et Cie. 21,0 points, 4,0 rebonds, 5,7 assists et 48,9 % de réussite au tir. Ses stats sur la série parlent d’elles-mêmes. Il est seulement rookie, mais il joue déjà comme un All-Star, c’est-à-dire avec beaucoup de maturité et sans la moindre timidité. O’Neal en prend pour son grade, le meneur Jamaal Tinsley découvre le phénomène, et les Pacers galèrent pour trouver une solution efficace face aux attaques incessantes de ce dernier. Sous l’impulsion de Wade, le Heat pousse Indiana dans ses retranchements. Les Floridiens remportent le Game 3 et 4 à la maison et sont à deux doigts de forcer une rencontre décisive dans le sixième match, mais ils s’inclinent finalement 4-2.

Malgré la déception qui accompagne cette élimination, Dwyane Wade quitte les Playoffs la tête haute. Ses performances ont impressionné le monde de la NBA, qui en avait que pour LeBron James et Carmelo Anthony durant toute la saison. Le rookie de Miami a prouvé qu’il méritait de figurer dans la discussion des meilleurs espoirs de la ligue.