Robert Sarver l’a fait à l’envers : au moins là c’est clair, le plus gros problème des Suns est leur propriétaire

Le 11 oct. 2018 à 11:19 par Alexandre Martin

Robert Sarver
Source : Youtube / ESPN

L’an dernier, les Suns ont viré leur coach Earl Watson après tout juste une semaine de régulière. Il y a deux jours, c’est le Président des Opérations basket (et GM) Ryan McDonough qui a pris la porte, à 10 jours du début de l’exercice 2018-19. Si ces décisions peuvent se comprendre sur le fond, le timing surprend et met en avant des dysfonctionnements sérieux dans la cactus machine. Des dysfonctionnements dont l’origine ne serait autre que son propriétaire, Robert Sarver. Les infos tombées lors des 48 dernière heures ne sont pas du tout rassurantes pour les fans de la franchise d’Arizona…

Le licenciement d’Earl Watson le 22 octobre 2017, soit seulement cinq jours et trois matchs après le début de la saison, ne nous avait pas trop mis la puce à l’oreille parce que son bilan en tant que head coach des Suns était tellement mauvais que le voir partir semblait tout aussi logique qu’inévitable. Et pourtant, le timing était déjà très surprenant. Watson aurait tout à fait pu être remercié à la fin de l’exercice 2016-17. Ce ne sont pas les 24 maigres victoires et l’affreux jeu proposé par les Cactus qui auraient pu le sauver à l’époque. Mais le management des Suns a préféré le garder tout l’été et le virer une fois la nouvelle saison entamée, le tout en ayant à gérer en même temps le trade d’un Eric Bledsoe qui “ne voulait plus être ici”. On peut d’ailleurs se demander, a posteriori, si le mal-être du Mini-LeBron à Phoenix n’était pas dû – au moins en partie – à une mauvaise gestion de la franchise dans sa globalité plus qu’à l’absence de résultats. Les deux étant tellement souvent liés.

Cette année, quelques jours avant le début de la saison, c’est donc Ryan McDonough (ainsi que quelques membres de son équipe) qui se fait mettre à la porte par Robert Sarver. La décision peut également se comprendre car on ne peut pas dire que McDonough ait vraiment réussi à redresser les Suns depuis cinq ans qu’il est en poste, même s’il y a eu de bonnes choses dans son mandat (draft de Devin Booker en 13ème, au bord des Playoffs lors de sa première saison avec un effectif malin…). En attendant, il est indéniable que certains choix de Draft (Dragan Bender ou Marquese Chriss notamment), certains choix de coachs ou choix tout court (la gestion du trio Dragic – Isaiah Thomas – Bledsoe) peuvent lui être reprochés. Si l’ami McDo avait été viré au printemps, juste après la régulière, on aurait tous pu comprendre et on aurait attendu de voir ce qu’allait pouvoir faire son remplaçant autour de Devin Booker et avec un choix de Draft très élevé ainsi que quelques autres jeunes joueurs à fort potentiel. Sauf que dans le cas actuel, on se demande pourquoi Robert Sarver a laissé McDonough gérer toute l’inter-saison. Pourquoi le laisser drafter en numéro 1 ? Pourquoi le laisser assumer le choix de prendre Deandre Ayton et pas quelqu’un d’autre ? Pourquoi ensuite le laisser mener la danse dans les deux premières semaines de juillet ? Pourquoi le laisser proposer sans hésitation le max du max à Booker ? Pourquoi le laisser monter cet échange important qui a vu Ryan Anderson débarquer à Phoenix ? Pourquoi laisser un président des opérations basket être le centre d’un été aussi chargé et aussi réussi sur le papier ? Pour le virer ensuite à l’aube de la nouvelle saison ??? Le niveau de crédibilité de cette décision est proche du néant.

Et qu’on ne vienne pas nous parler du poste de meneur qui doit être comblé en tant qu’excuse valable pour dégager McDonough. C’est vrai qu’il y a encore du boulot sur le poste 1 mais premièrement, ce n’est pas si grave car les Suns ne sont pas non plus destinés à jouer quelque chose de grand dès cette saison. Ils ont donc encore du temps devant eux pour faire un choix et rien ne sert de se précipiter. Deuxièmement, le marché n’est pas fini et si une belle opportunité venait à se présenter pour récupérer un meneur d’expérience, les Suns auront des assets intéressants à proposer. Donc non, ce n’est pas une raison suffisante pour virer le boss du sportif à 10 jours de la reprise. NON. En fait, on a l’impression que la décision de remercier McDonough a été prise tout simplement parce que le propriétaire a jugé que le temps était venu de se débarrasser de celui qu’il a mis en place il y a cinq ans et renouvelé il y a un an. Un timing qui n’a absolument aucun sens, surtout pour une décision aussi importante. D’ailleurs, c’est clairement l’incompréhension qui règne du côté de Phoenix si l’on en croit certaines réactions rapportées par le Washington Post.

“Cétait mon premier General Manager” a déclaré Deandre Ayton. Un GM qui l’a drafté en numéro 1 et qui ne sera donc plus en fonction pour son premier match en NBA. Igor Kokoskov a paru très surpris et n’a pu s’empêcher d’expliquer que “personne ne s’était préparé pour ça”. Lui aussi, le coach serbe a été choisi par Ryan le GM et son staff pour diriger les joueurs. Désolé monsieur Sarver mais seules des organisations extrêmement mal gérées peuvent proposer un process de décision aussi horrible. Du coup, on s’intéresse à Robert Sarver et des informations arrivent. On entend parler d’un propriétaire beaucoup trop présent dans les discussions de recrutement, dans les négociations avec les joueurs, trop pressant avec ses entraîneurs afin de pousser tel ou tel choix tactique sur le devant de la scène. Ensuite, on en vient à se demander si ce n’est pas lui – ce cher Robert – qui a fait fuir Bledsoe, qui a poussé certains choix dénués de sens, qui a préféré garder les frères Morris plutôt que Jeff Hornacek pour finalement les trader un peu plus tard… Bref, on se dit que c’est lui le principal problème de ces Suns qui n’y arrivent pas depuis maintenant huit ans. En 2004, il a acheté une franchise certes non titrée mais avec une vraie histoire et quand même du succès au sein de la ligue. Il a eu la chance de démarrer avec des Colangelo, des Kerr, des D’Antoni autour de lui mais depuis qu’il est plus livré à lui-même, les résultats sont minables sur tous les plans. Et en plus, il ne semble pas conscient des ses erreurs de jugements ni enclin à les accepter visiblement ce qui est un défaut rédhibitoire ou presque pour quelqu’un qui prétend être le décisionnaire final d’une entreprise, quelle qu’elle soit.

Malheureusement pour les Suns et tous leurs fans, l’histoire l’a déjà montré à maintes reprises : si ce sont bien les joueurs qui sont les pièces les plus importantes d’une franchise NBA, la qualité du propriétaire est l’élément crucial du succès sur le long-terme. L’état dans lequel se trouvent les Suns aujourd’hui – après 14 années sous la gouvernance de Robert Sarver – est donc tout sauf une surprise. Et au final, le message que l’on a envie de passer à “Bob” est simple : cher monsieur, si vous aimez un temps soit peu la balle orange et les cactus, calmez-vous et laissez les gens compétents faire leur métier ou… vendez !