Preview des Mavericks 2018-19 : transmission de flambeau entre le passé et le futur

Le 26 sept. 2018 à 14:24 par Benoît Carlier

Dirk Nowitzki Luka Doncic
Source image : Twitter - @REVERSEMAGAZINE

Auteurs d’un tanking assumé dès le mois de décembre, les Mavericks ont obtenu exactement ce qu’ils étaient venus chercher le soir de la Draft à Brooklyn. Une petite tête blonde tout droit venue des Balkans qui n’est pas sans rappeler la venue d’un autre Européen, vingt ans plus tôt. Cerise sur le gâteau, ce dernier va battre le record de longévité en NBA au sein d’une seule et même franchise cette année et pourra transmettre le flambeau à son successeur, le jeune Luka Doncic.

Résumé des transferts de l’été

  • Ils arrivent : DeAndre Jordan, Luka Doncic et sa hype, Devin Harris, Kostas Antetokounmpo (two-way contract), Jalen Brunson, Raymond Spalding, Ding Yanyuhang, Codi Miller-McIntyre, Ryan Broekhoff, Daryl Macon (two-way contract).
  • Ils prolongent : Dirk Nowitzki et sa légende, Salah Mejri.
  • Ils sont partis : Seth Curry, Nerlens Noel, Doug McDermott et son arc, Yogi Ferrell, Aaron Harrison, Kyle Collinsworth.

La grande nouveauté concerne évidemment l’arrivée tant attendue de DeAndre Jordan, trois ans après avoir mis l’une des plus grosses vestes de l’histoire à Mark Cuban. Le géant se donne encore le droit de réfléchir dans un an en signant une pige d’une saison pour 24 millions de dollars dans son Texas natal. De quoi retourner tâter le marché dans quelques mois pour espérer s’offrir un dernier gros contrat. Autre bonne nouvelle dans la catégorie des nouveaux arrivants, la sélection de l’un des rookies les plus prometteurs de ces dernières années, ainsi que le retour de Devin Harris pour son troisième passage au pays des cow-boys. Le grand Dirk a quant à lui décidé de prolonger le plaisir d’au moins une année supplémentaire alors que Yogisanity déménage à Sacramento et que Nerlens Noel joue déjà la carte de la dernière chance à OKC.

Effectif pour la saison 2018-19

  • Meneurs : Dennis Smith Jr., J.J. Barea, Devin Harris, Jalen Brunson.
  • Arrières : Wesley Matthews, Ryan Broekhoff.
  • Ailiers : Harrison Barnes, Luka Doncic, Ding Yanyuhang.
  • Ailiers-forts : Dorian Finney-Smith, Dirk Nowitzki, Maxi Kleber, Ray Spalding, Kostas Antetokounmpo.
  • Pivots : DeAndre Jordan, Salah Mejri, Dwight Powell.

Les joueurs en gras sont ceux qui devraient intégrer le cinq majeur au début de chaque rencontre dès le début de la saison.

L’événement de la saison du côté des Mavericks concerne évidemment la sortie du Wunderkind du cinq majeur pour la première fois de sa carrière. Trop lent pour continuer à jouer ailier-fort, barré dans la raquette par l’arrivée de DJ, l’Allemand va donc faire un nouveau sacrifice pour le bien de sa franchise de toujours. Un état d’esprit collectif et nécessaire pour permettre aux jeunes joueurs d’emmagasiner de l’expérience. En effet, Luka Doncic et Dennis Smith Jr. seront alignés ensemble d’entrée de jeu pour se partager la création et développer des automatismes le plus tôt possible dans la saison. Les habituels Barnes et Matthews complètent un starting five qui aura vraiment de la gueule cette année.

Question de la saison : à quoi doit-on s’attendre de la part de Luka Doncic ?

Encensé par son coach et tous ses coéquipiers, le jeune prodige est promis à un avenir brillant même si ses homologues de Draft ne le voient pas dominer outrageusement sa cuvée. On les excusera en expliquant qu’ils n’ont pas pu suivre les exploits du Slovène sur le Vieux Continent mais la claque s’annonce encore plus forte pour tout ceux qui s’attendent à un feu de paille. Déjà confronté à des hommes depuis trois ans dans le championnat espagnol, en Euroligue et lors des championnats d’Europe, il ne devrait pas avoir trop de mal à s’adapter à la plus grande ligue du monde. Si le niveau athlétique peut encore faire douter certains, rappelons-leur que Lucky Luke n’a que 19 ans et a donc les réservoirs de nitroglycérine remplis jusqu’à ras-bord. Dans le jeu, il devrait se partager la gonfle avec DSJ la majeure partie du temps pour nous faire profiter de ses qualités de distributeur. C’est en défense où il pourrait souffrir un petit peu si le schéma de jeu de Rick Carlisle est confirmé avec un seul intérieur de métier et donc des gros formats à se partager avec Harrison Barnes durant au moins les premières minutes de chaque match. Mais c’est aussi l’occasion pour Luquito de nous montrer toute sa polyvalence, du haut de ses 198 centimètres. Pour résumer, Doncic a déjà sa place réservée au Rookie Game en février mais devrait surtout lutter avec les tous meilleurs joueurs de sa génération pour succéder à Ben Simmons au palmarès de ROY. En tout cas il part avec un avantage de taille puisqu’aucun de ses pairs de la promo 2018 n’a gagné ne serait-ce que la moitié de ce qui figure déjà sur son CV. Et dire qu’il n’a que 19 piges…

Candidat sérieux au transfert : Harrison Barnes

Seulement une année de contrat restante avant que l’ancien Warrior ne décide d’activer ou non sa player option. Un mauvais départ des Mavericks dans la saison pourrait pousser Dallas à passer une dernière année dans les bas-fonds de la Ligue pour développer les jeunes et tenter d’obtenir un nouveau prospect intéressant avec leur first-round pick uniquement protégé entre les spots 1 et 5. Dans ce cas, inutile de conserver plus longtemps le Black Falcon et son contrat le plus cher du roster alors qu’un beau trade pourrait être trouvé avec une équipe à la recherche d’un joueur solide mais malheureusement incapable d’assumer correctement son rôle de franchise player.

Candidat sérieux pour la surprise : Maxi Kleber

La Deutsche Qualität ne va pas disparaître avec Dirk puisqu’un autre de ses compatriotes a rejoint la maison des Mavericks depuis un an. Il n’est que sophomore mais Maxi Kleber doit saisir l’opportunité qu’il lui est offerte de devenir la nouvelle référence de son équipe au poste 4. Il part déjà avec l’avantage de la nationalité, tant on aime les Allemands à Dallas depuis maintenant deux décennies. Reste à devancer les autres intérieurs pour tenter de garder sa place au chaud dans le cinq majeur d’ici quelques années à l’intérieur. Energique au rebond et capable de s’écarter derrière l’arc, il va devoir faire fructifier les conseils du MVP des Finales 2011 pour tenter de devenir la nouvelle référence dans son pays et au Texas.

Meilleur et pire scénario possible

  • La mayonnaise prend tout de suite entre Dennis Smith Jr. et Luka Doncic qui se partagent les remontées de balle et les caviars en attaque. Le pick-and-roll entre les deux jeunots est lui aussi redoutable et c’est toute l’équipe des Mavericks qui décolle dans le sillage de ce duo encore improbable il y a deux ans. Les vétérans font aussi le boulot tandis que DJ se régale dans la peinture et termine toutes ses actions par des dunks. Même Dirk Nowitzki retrouve des jambes pour balancer quelques bombinettes du parking pour faire pencher le momentum en faveur de son équipe. Il parvient même à dépasser Michael Jordan au rang des meilleurs marqueurs de l’histoire et s’offre une dernière campagne de Playoffs grâce à un spot arraché in extremis devant les Wolves, les Spurs et les Nuggets. Le reste est anecdotique et l’American Airlines Center a déjà tout ce dont il rêvait : deux matchs supplémentaires du grand blond à la maison. Les adieux sont humides et déchirants mais Dirk devient à jamais une légende pour les habitants de la Dallas et toute la NBA.
  • Les débuts de Luka Doncic en NBA sont plus laborieux que prévus et les blessures n’oublient pas de frapper à nouveau Wesley Matthews. Le début de saison est catastrophique alors que Dirk n’arrive plus à mettre un pied devant l’autre. Avec un bilan dans le rouge à la mi-décembre, Mark Cuban avoue que le tanking est à nouveau l’objectif de la saison. Un discours qui arrive jusqu’aux oreilles d’Adam Silver qui n’hésitera pas à le punir une seconde fois pour ses propos anti-sportifs. Les derniers mois ne servent qu’à développer le jeune Slovène pendant que l’Allemand fait sa tournée d’adieu officielle dans les salles de la Ligue. La saison se termine par une standing ovation mais ce n’est pas le niveau de jeu qu’applaudissent les fans, seulement le plus grand joueur de l’histoire de leur franchise. Auf wieder sehen Champion, maintenant les Mavs ont du boulot.

Pronostic de la rédaction : 32 victoires – 50 défaites

Les avis sont unanimes, Dirk Nowitzki a déjà joué son dernier match de Playoffs en carrière. Les Mavericks ne devraient pas tanker pour autant, par respect pour leur légende et pour permettre à leurs jeunes de ne pas prendre de mauvaises habitudes. Les Mavericks n’y croiront pour autant certainement jamais tant la concurrence s’annonce relevée à l’Ouest. Mark Cuban devrait peut-être songer à changer de Conférence…

La passation de pouvoir entre Dirk et Luka sera tout l’intérêt de cette saison de transition pour une équipe de Dallas qui s’apprête à tourner l’une des plus belles pages de son histoire. C’est douloureux, ça fait mal et c’est parfois trop long, un peu comme l’histoire de Kobe aux Lakers, mais à la fin on ne se souvient que des bons moments.