Doc Rivers veut une réconciliation des Celtics de 2008 : sortez les muselières, cérémonie du Hall of Fame à suivre

Le 05 sept. 2018 à 11:24 par Aymeric Saint-Leger

Kevin Garnett Celtics
Source image : Pinterest

Dix ans. Sacrebleu, cela fait dix ans que le dernier sacre vert a eu lieu. Et quel succès. Le peuple des Celtics est en liesse après la victoire 4-2 en Finales NBA face à l’ennemi héréditaire, les Lakers. Rondo, Pierce, Allen et Garnett sont tous ensemble, et partagent leur bonheur avec leur coach, Doc Rivers. Cette allégresse, c’est le départ de Jesus Shuttlesworth chez un concurrent, le Heat en 2012, qui va la briser. Et depuis, la hache de guerre n’est pas vraiment enterrée. C’est pourtant le souhait du technicien bagué qui connaît ses anciens joueurs.

On connaissait Doc Rivers colérique, paumé, efficace… Le voilà désormais nostalgique et pacificateur. Dans le conflit qui oppose Ray Allen à ses anciens coéquipiers des Celtics, il est seul à être relativement neutre, et apprécier chacune des personnes qui y sont parti prenantes. La rancœur est pourtant tenace, car cela fait six ans. Oui, six longues années depuis que Jesus Shuttlesworth a quitté Beantown pour South Beach, une manière d’aller chercher un titre pour certains, une trahison pour d’autres. Les déclarations cinglantes, les révélations sur certains d’entre eux se sont enchaînés au fil du temps, semblant rendre une réconciliation impossible. Pourtant, certains ont fait des efforts. Paul Pierce, le patriarche, le Celte de base, a mis du temps, mais a fait le premier pas vers Ray-Ray pour recoller un peu les morceaux. Suivant l’exemple de PP, Jesus a lui aussi essayé de mettre de l’eau dans son vin. Si la relation entre deux des trois membres du Big Three semble désormais plus ou moins cordiale, ce n’est pas forcément le cas avec Kevin Garnett. Le Big Ticket a la rancune tenace, mais ne s’exprime que peu sur le sujet. En voie de rabibochage ? Peut-être pas. Par contre, on aurait pu penser qu’un grand pas allait être effectué entre Sugar-Ray et celui qui lui en voulait probablement le plus de son départ, Rajon Rondo. Le meneur, seul encore actif aujourd’hui parmi les quatre zouaves, avait invité l’arrière clutch pour avancer sur cette vieille rengaine. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu, surtout que l’ancien des Sonics a sorti son bouquin en début d’année, dans lequel il casse pas mal de sucre sur le dos de l’actuel meneur des Lakers. Enfin bref, nous voilà quasiment au point zéro, peu de choses ont évolué depuis cet épisode de 2012, malgré des réunions privées ou publiques pour discuter du sujet, auxquelles ont été conviés Glen ‘Big Baby’ Davis et le gros Perk, pour apporter de l’eau au moulin des anciens du Massachusetts. Ainsi, Doc Rivers en a assez que ces garçons qui s’entendaient si bien pour gagner se déchirent, et espère, comme il le dit à Chris Forsberg d’ESPN qu’ils puissent recoller les pots cassés alors que Ray Allen va être introduit au Hall of Fame ce vendredi.

“Alors que les années ont continué à passer, les choses se sont fracturées, et je déteste ça. Je déteste voir ça. J’aimerais que ce soit une célébration pour Ray. Je n’ai pas grand chose à rajouter. Ray nous a gagné un titre. Il l’a vraiment fait. […] Je pense qu’il devrait être célébré. Qu’il devrait être célébré à Boston. Il est responsable de cette bannière de champion. Si j’avais un souhait, je souhaiterais pouvoir faire un meilleur travail pour rassembler ce groupe à nouveau ensemble. Je peux rassembler beaucoup d’entre eux, je ne peux juste pas avoir le groupe en entier. Cela devrait être le cas parce qu’ils étaient si proche, ça me blesse de voir ce qu’il se passe.”

C’est peut-être un peu tard pour se réveiller Glenn, non ? Si on sent un peu de fatalisme dans les propos de l’actuel coach des Clippers, c’est parce que ce n’est pas la première fois qu’il essaye de faire en sorte qu’il y ait une réconciliation générale des Celtics de 2008.

“J’ai essayé, je peux vous le dire. Il y a beaucoup de petites choses. Voici la principale : vous avez deux probables Hall of Famers au vu de leur compétitivité. Les raisons qui ont fait de Ray qui il est, et celles qui ont fait de Rondo qui il est, Kevin, Paul – Je pense que Paul a fait le bon choix en agitant le drapeau blanc. Mais c’est la même chose qui nous rendait très bon qui a fait qu’ils ne s’entendent plus : très têtus, très durs, très compétitifs et personne ne veut céder. […] La phrase que je répétais un millier de fois lors des disputes avec l’équipe c’était : ‘Il s’agit de faire les bons choix, pas de savoir qui a raison.’ J’espère que nous pourrons arranger ça, parce qu’ils ont tous probablement raison dans ce qu’ils disent d’une certaine manière, mais ils ont besoin de faire en sorte que ça marche, de faire le bon choix et de se rassembler.”

Joli discours pour un mec qui a envoyé son fils à Washington. On sent que cette altercation sans fin mine un peu le moral de Doc Rivers, et ce depuis des années. Si une réconciliation est envisageable, elle se fait à pas de fourmis, et n’est pas linéaire. Les mains tendues et les perches ne sont pas forcément saisies, donc c’est un peu un pas en avant et deux pas en arrière, puis trois en avant… C’est assez interminable. S’il y a bien quelqu’un qui connaît la valeur de tous ces joueurs, c’est bien le Doc. Il les a vu se sacrifier, mettre leur ego de côté pour certains plus que d’autres, et aller jusqu’au titre tous ensemble. Autant dire qu’avec de tels caractères, la mission ne s’annonçait pas simple. Mais s’ils y sont parvenus, et si c’est l’équipe avec laquelle Glenn voudrait partir à la guerre tous les jours, c’est sans doute qu’il y a moyen de recoller les morceaux, même entre Allen et Rondo. On comprend Mr Rivières, ça doit faire bizarre de coacher les Celtics pendant une décennie puis de passer à des Clippers de plus en plus mornes. On ressent de la nostalgie chez l’entraîneur, mais surtout une sincère envie de voir tous ses anciens joueurs de 2008 tous heureux ensemble à nouveau. Cela apparaît légèrement idyllique. Surtout, ce que l’on peut souhaiter, dans l’idée de processus de réconciliation, mais surtout de respect de la carrière d’un Hall of Famer, c’est que tout se passe bien vendredi lorsque Jesus Shuttlesworth va rejoindre le Panthéon de la NBA, présenté par Reggie Miller. On peut souhaiter que dans un tel moment, si particulier, tout le monde s’unisse pour célébrer Ray-Ray, rende hommage sa carrière. Et même si ses anciens coéquipiers ne sont pas présents dans la salle, un mot gentil à l’attention du tireur d’élite pour le féliciter d’intégrer le temple de la renommée à jamais fera l’affaire. En cas de silence radio, ça ne ferait que compliquer la possibilité que souhaite le Doc, l’enterrement de la hache de guerre.

La rancune entre Ray Allen et la plupart de ses anciens coéquipiers reste tenace. Il ne s’attend d’ailleurs pas à recevoir beaucoup de messages de félicitations de la part de ses anciens coéquipiers de Boston. Son ancien coach aux Celtics, Doc Rivers, aimerait que tout le monde congratule Jesus. Que tout le monde se fasse des bisous, des câlins et que la vie soit rose avec des éléphants qui volent dans le ciel. N’oublions pas qu’il s’agit de Rondo, Garnett, Pierce et Allen. Avec autant de caractères dans le même roster, on ne pouvait plus appeler ça une équipe, mais un roman. 

Source texte : ESPN