Kevin Love est revenu sur sa crise de panique durant la saison : “J’ai vraiment cru que j’allais mourir”
Le 22 août 2018 à 09:45 par Clement PLB
DeMar DeRozan et Kevin Love ont vraiment débloqué quelque chose en NBA. Depuis la confession sur la dépression qui touchait le nouvel arrière des Spurs, le deuxième s’est senti libéré et a osé lui aussi s’exprimer. Après un premier jet relativement timide, Love est revenu plus en détails sur la crise d’angoisse qui lui a fait craindre une crise cardiaque et sur le rôle de déclencheur qu’ils assument avec DeRozan.
Nous sommes le 5 novembre 2017, les Cavs jouent un match banal de saison régulière contre Atlanta. La carrière et même la vie de Kevin Love va basculer à la mi-temps. Atteint d’une crise de panique, il raconte précisément l’horreur de ce moment au Player’s Tribune.
“Mon cœur me frappait le torse. Je n’avais plus d’air dans mes poumons. J’essayais de me libérer la gorge pour respirer et j’avais mis ma main à l’intérieur de ma gorge. C’était terrifiant. Je pensais que je faisais un arrêt cardiaque. J’étais vraiment effrayé. J’ai vraiment cru que j’allais mourir.”
Kevin Love rajoute que l’un des entraîneurs des Cavs, Steve Spiro, est entré et l’a trouvé par terre. “Il essayait de me calmer, mais il ne savait pas quoi faire. Il m’a demandé. ‘Que puis-je faire pour te procurer de l’air ?'” Ensuite Love a été transporté à l’hôpital. Tous ses signes vitaux ont été vérifiés. Son cœur allait bien. Ses coéquipiers étaient confus et en colère. “Ils n’avaient aucune idée de ce qui se passait.”
C’est là toute la difficulté des maladies mentales, la conception erronée qu’en ont la plupart des gens, et encore plus des sportifs de haut niveau, qui sont placés sur un piédestal. Toujours de l’ordre de l’intime, en parler ouvertement nécessite beaucoup de courage. Ce qui explique le fait que ce soit un sujet tabou, le sportif n’a pas à montrer de signes de faiblesse selon la conception de l’athlète actuel. Il est un synonyme de perfection physique qui doit aussi l’être mentalement. Quand on admire les mentalités de winner à tout prix de Jordan, Kobe, LeBron, difficile d’admettre que tout le monde ne soit pas de même composition. Le chemin est encore très long pour que la stigmatisation cesse sur la santé mentale des joueurs, comme le dit Jackie MacMullan dans la partie de la série ESPN consacrée à ce sujet :
“Alors que le soutien était encourageant lorsque Love a annoncé publiquement qu’il souffrait d’anxiété et de dépression, dans les coulisses, il y avait toujours de la dérision et du scepticisme. Un petit nombre de coéquipiers de Love n’acceptait pas l’excuse de la santé mentale pour son retour dans l’équipe au milieu d’un match. Les critiques virulentes étaient perçantes – et la preuve que la stigmatisation de la santé mentale reste bien vivante derrière des portes fermées des vestiaires de la NBA.”
Un premier pas a été fait. DeMar DeRozan et Kevin Love vont continuer à travailler de concert pour pouvoir faire avancer cette cause cruciale pour la santé globale des joueurs. Encouragé par la NBA, qui l’a récompensé pour sa prise de parole, Kevin Love va pouvoir maintenant pouvoir s’exprimer à l’antenne nationale, et poursuivre sa démarche de sensibilisation. Des mesures ont déjà été prises, un nouveau directeur de la santé mentale et du bien-être a été nommé, le docteur William Parham, malgré le fait que seulement 5% des joueurs ne veuillent de ses soins. L’accompagnement psychologique apparaît cependant de plus en plus essentiel, même si pour cela il faut humaniser les athlètes. Porte-parole attitré avec DeRozan, Kevin Love est un précurseur qui doit faire des émules et ne pas rester sans lendemain. Le fait que cela vienne des joueurs aussi expérimentés prouve que cela peut toucher n’importe quel joueur et que malgré les paillettes, les récompenses, la richesse, l’homme derrière peut être malheureux.
Le chemin s’annonce long et difficile, les vestiaires NBA ayant tendance à se fermer quand un sujet aussi tabou est évoqué. Il y a un vrai travail à effectuer sur les mentalités, afin de prévenir des troubles de la santé mentale. En effet la plupart des joueurs se sentent coupables de ressentir de tels maux, et n’osent pas s’ouvrir, aggravant encore plus leur cas. Vous l’aurez compris le sujet est extrêmement sensible et polémique, heureusement il semble avoir commencé à avancer dans le bon sens. Pourvu que la volonté de certains propriétaires ne vienne pas tout arrêter.
Source texte : The Player’s Tribune, ESPN