Warriors et Cavs opposés en Finales NBA : la fin d’une ère, la fin d’une guerre légendaire ?

Le 10 juin 2018 à 10:35 par Bastien Fontanieu

Warriors The Finals trailer Anto Melo
Source : twitter / @warriors

Pour la quatrième fois de suite en quatre ans, Cavs et Warriors se sont affrontés en Finales NBA. Et s’il existe bien un possible scénario dans lequel les deux franchises se retrouveraient l’an prochain au mois de juin, le sentiment général est porté vers la transition. La fin – probable – d’une incroyable opposition.

C’est un fait, et on ne pourra s’en détacher. Nous, tous, qui avons eu la chance de vivre ces quatre dernières Finales NBA, nous faisons partie de la génération Cleveland versus Golden State. Nous sommes liés for ever à ces séries qui ont dessiné la deuxième partie de la décennie 2010. Nous avons pris part à ce duel, avec autant de ferveur et de passion que de lassitude au finish. Une opposition qui a peut-être démarré sur deux épiques séries avant de laisser place à deux branlées, mais qui a surtout dominé le paysage NBA sur une période record. Jamais il n’y avait eu trois fois la même finale de suite… donc quatre fois également. C’est ce sentiment qui prédomine ou devrait prédominer, au moment où la gueule de bois post-célébration s’efface et laisse place à des pensées plus éclaircies. On y était, on l’a vécu, on a vécu ces moments, que les générations futures nous demanderont de raconter avec la passion du premier soir. La chance de pouvoir assister à cette tranche all-time, maintenant qu’on effectue un premier bilan. “Dis, Tonton, c’est vrai que t’as vécu le comeback des Cavs en direct en 2016 ?” Au-delà des résultats de chaque série, des choix de destinations de certains joueurs, des what if habituels et des conséquences sur l’avenir de la NBA, on ne peut nier qu’on aura vécu un grand moment d’histoire dont on doit aussi se délecter, maintenant qu’on regarde dans le rétroviseur, d’un coin de l’oeil. Non pas pour forcer le peuple de la planète basket à s’agenouiller devant ces “Cavs – Warriors” interminables, mais plutôt pour réaliser la taille et la beauté du roman. Récapitulons.

LeBron, un des meilleurs basketteurs de tous les temps, au pic de sa force et auteur du plus grand comeback ever. Le shoot de Kyrie, le block du King, les 73 victoires de Golden State, les comparaisons avec les Bulls de 96, la saison de Steph en MVP unanime. La première bague du chef l’année précédente avec Andre Iguodala en MVP des Finales, Steve Kerr qui fait transition dans le monde du coaching, déjà légendaire après seulement 4 saisons en Californie. L’affaire David Blatt, qui laisse place à Tyronn Lue, les brownies “blow a 3-1 lead” pour Halloween, les matchs de Noël à couper le souffle, Irving sur Klay Thompson et la Quicken Loans Arena qui explose. Le désarroi en voyant Kevin Durant rejoindre les Warriors, notamment provoqué par quoi ? Cette opposition entre Cleveland et Golden State, et cette inoubliable série de 2016. Le numéro 35 qui veut détrôner le 23, la délivrance sur un dagger de 10 mètres, puis bis repetita l’année suivante. Et les comparaisons LeBron – Jordan qui s’enchaînent, pendant que les deux franchises sweepent quasi-intégralement leurs conférences. Respirons un grand coup et regardons les choses comme elles sont : ce duel aura offert parmi les plus grands moments all-time, sur le terrain comme en dehors, et avec plusieurs (6 ?) joueurs all-time. C’est ça, et tant d’autres choses allant de 2015 à 2018, qui rend ce duel si particulier et historique. Cavs et Warriors seront liés à tout jamais, le tampon du temps fera son effet, mais difficile de le réaliser pour le moment. Trop tôt, trop lent.

Du coup, quid de la suite ? Concrètement parlant, il y a bien la possibilité de voir Cleveland et Golden State nous offrir une cinquième oeuvre dans un an, mais c’est peu dire si la tendance susurre la fin d’une ère. C’est du côté de l’Ohio et de LeBron, forcément, que l’interrogation est la plus forte. Les champions en titre sont déjà favoris, avant que l’été ne commence, pour retrouver les Finales NBA en 2019 et réaliser un triplé historique. Pas tout à fait la même ambiance côté Cavs. Où ira le King ? Sera-t-il mieux entouré sur place, ou déménagera-t-il ailleurs ? S’il part, LeBron pourrait tout à fait rester à l’Est et retrouver ses ennemis jurés sous de nouvelles couleurs… mais cela créerait de facto un nouveau script. Une nouvelle atmosphère, de nouvelles images, un nouveau paysage. On s’est tellement habitués à la Q et l’Oracle en feu au mois de juin, on s’est tellement fait à ces maillots totalement opposés, c’est à se demander limite à quoi peuvent bien ressembler de différentes Finales NBA. Et on en découvrira probablement de nouvelles en 2019, cette rivalité ne pourra durer éternellement. S’il devait y avoir un “regret”, avec de grandes guillemets ? Probablement se demander à quoi auraient ressemblé 4 séries dans le moule de 2016, c’est-à-dire sans l’arrivée de KD. Y aurait-il eu tous ces transferts dans les autres franchises, LeBron aurait-il une bague de plus : ça, on le laissera aux fans de science fiction et autres adorateurs du double-MVP des Finales. La réalité reste celle-ci, Durant est bien allé à Golden State et a chamboulé l’équilibre de la NBA, pour maintenant. Et quelque part pour toujours, quand on regardera ces quatre Finales en arrière.

Comme une ex qui s’en va au loin après quatre longues années de relations conflictuelles, comme un ex qui se détache suite à quatre ans de montagnes russes émotionnelles, l’opposition entre Cavs et Warriors touche probablement à sa fin. Il y aura eu des cris, des larmes, des sauts, des soupirs, des débats, des punchlines, et des performances à couper le souffle. Le réaliser maintenant est difficile, on se rendra vraiment compte de notre chance un peu plus tard. Et rien que pour ça, on peut tourner une page avec le sourire. Car on a tous pris part à un grand moment d’histoire.