Pour J.R. Smith, LeBron James a dépassé Michael Jordan depuis 2 ans : donc Gérard reste quand même le GOAT ?

Le 13 avr. 2018 à 16:37 par Aymeric Saint-Leger

LeBron James jr smith
Source image : YouTube

C’est le débat, celui qui anime la NBA à travers les ères. Pour nous, il oppose Michael Jordan à LeBron James, lors de notre époque contemporaine. Un débat comptant pour rien ? Peut-être. Malgré tout, les commentaires vont bon train autour de ce duel de générations. Et quand même J.R. Smith se met à donner son avis, tout le monde écoute religieusement. Si Gérard adoube le King en tant que (second) GOAT, on ne peut que s’incliner… 

Gérard a dû y aller un peu fort sur la picole dans la période de vacances accordée aux joueurs entre la fin de la phase régulière et le début de la postseason. Notre maître à tous a sans doute pris du bon temps, et les activités de ses jours de repos sont a priori indéfinissables. On pourrait se rapprocher légèrement de la réalité en employant l’antonyme du mot sobriété. Quoi qu’il en soit, J.R. Smith a profité d’un de ses rares moments de lucidité sur les derniers jours pour aller dans le show radio Uninterrupted de Victor Cruz et de Paul Rivera. Le GOAT s’est rendu sur le plateau de l’ancien receveur des Giants en NFL, pour discuter de la saison des Cavaliers, de Stephen Curry, du golf, et des Playoffs à venir. Attention, cette émission se définit comme du “barbershop talk”, que vous pouvez traduire par discussions de comptoir dans la langue de Molière. Autant dire que c’est un peu comme quand Michou et Pierrot sont au PMU du coin pour parler du but d’Hiroki Sakai. Sauf que là, c’est avec Gégé. Parmi les sujets abordés, on trouve un sensible débat, qui divise et unit les fans de la Ligue : qui est le GOAT, MJ ou LBJ ? Nous, on sait bien qui c’est, le meilleur de tous les temps. C’est lui qui a essayé de répondre à cette question à la radio, avec ses deux acolytes. Et il a son avis bien tranché sur la question qui oppose le Cyborg et His Airness :

J.R. Smith : “MJ est devant de loin ? Absolument pas, évidemment. Comprenez-moi bien, j’ai évidemment grandi avec le maillot de Jordan tatoué sur ma poitrine. MJ était, selon moi, le meilleur de tous les temps jusqu’à il y a deux ans. Et je suis d’accord, c’était de loin. Mais lors des deux dernières années, à 33 ans… Il a tourné en triple-double de moyenne pendant un mois entier, est allé en Playoffs tout le temps. Il vient juste de passer la barre des 31 000 points il y a quelques jours, a passé le cap des 30 000 plus tôt cette année. Il est à 8 000 rebonds, 8 000 assists… Jusqu’où doit-on continuer, que ce soit au niveau des chiffres, ou des capacités, à quel moment on va pouvoir le dire [que LeBron James est meilleur que Michael Jordan, ndlr]. Quand ?”

Victor Cruz : “Je suis d’accord. J’ai cette discussion tout le temps, pas avec P [Paul Rivera] parce que nous sommes d’accord, mais avec d’autres personnes. Et le seul argument que j’ai en réponse à ça, c’est l’ère dans laquelle Jordan a joué. Et je leur répondais : ‘LeBron ne peut pas choisir dans quelle ère il est né’. On parle de l’ère où les fautes étaient sifflées différemment, où c’était plus dur pour Mike de scorer.”

Paul Rivera : “Je suis content que tu ais abordé le sujet. Il y avait beaucoup de nullards à cette époque, soyons clair.”

J.R. : “À 100% d’accord.”

PR : “Parce qu’un ami à moi m’a envoyé une vidéo de Jordan qui met 60 points sur la tête des Cavs… C’était Craig Ehlo qui défendait sur lui. Tu as une idée de ce que notre invité d’aujourd’hui ferait à Craig Ehlo ?”

J.R. : “Laissez moi vous demander quelque chose : qui était le back-up de Craig Ehlo ?”

PR : “Je ne sais même pas.”

JR : “Parce que lui aussi a participé au massacre. On ne peut même pas nommer son back-up.”

PR : “Voilà mon avis : même les gars qui étaient des gros défenseurs à l’époque, sans vouloir leur manquer de respect – même si quand on dit cela on va vraiment manquer de respect à ces gens-là – Bill Laimbeer ne pourrait pas faire partie d’une équipe NBA aujourd’hui. John Salley non plus. Peut-être qu’ils pourraient être dixième ou onzième homme, parce qu’au niveau du talent ils ne sont pas là. Ces gars étaient titulaires avant. Mais voilà, quand on regarde de cet angle là – et je ne dis pas qu’ils n’étaient pas de grands joueurs à cette époque – je dis juste qu’on arrive à une époque, où ça fait maintenant tellement longtemps que MJ jouait, qu’on le met sur un piédestal, il paraît inatteignable. On entend donc des : ‘MJ n’a jamais perdu un match, MJ gagnait tous les matchs, il tournait à 50 points de moyenne…’ Il a aussi tourné à 27 shoots de moyenne sur une saison.”

VC : “C’est comme si je ne voyais pas le résumé du match à 100 points de Wilt Chamberlain, je n’y croirais pas.”

J.R. : “LeBron a sorti un truc très pertinent la dernière fois à ce propos. En fait, ça aurait pu être l’anniversaire de sa grand-mère, elle avait 100 ans et Wilt a tenu une feuille avec marqué 100 à côté de lui, pour la photo. Mais on n’a jamais vu ça. Il tournait à 50 rebonds de moyenne, et il n’y a pas d’image.”

VC : “Tout le monde de cette ère est parti, tout le monde est décédé.”

J.R. : “Personne ne peut croire à de telles performances.”

PR : “Mon challenge sur toute cette affaire LeBron/MJ, c’est d’écouter. Le meilleur joueur du monde se trouve parmi ces gars, mais ce sont des sauvages qui viennent de mondes différents. Ces gars, des années 1990, n’avaient pas les mêmes capacités athlétiques – et je ne dis pas que les gars n’étaient pas des durs à cette époque, que les règles n’étaient pas différentes – qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas de guards qui mesuraient 2 mètres 13 à l’époque.”

J.R. : “Absolument pas.”

VC : “Et même à l’époque, on se serait dit ‘Attendez, Chicago a perdu contre les Sixers, quoi ?’. On aurait été complètement stupéfaits. Aujourd’hui, on se dit : ‘Oh, Ben a dû déchirer, Embiid a été trop fort.’ Tu vois ce que je veux dire ? Il y a plus de gars qui peuvent entrer dans cette compétition maintenant.”

PR : “Les contemporains, les pairs de MJ à l’époque où il jouait, c’était du type de Clyde Drexler. Il n’avait pas à affronter et à battre les Golden State Warriors qui gagnent 73 matchs. Si l’on veut que cela reste un duel, faisons en sorte que cela reste un duel. Les gars aujourd’hui sont plus grands, plus rapides, plus athlétiques.”

J.R. : “LeBron a joué contre plus de Hall of Famers.”

PR : “Vrai. Puis il y a l’argument automatique qui nous fait toujours rire, celui qu’ils ont remporté six titres sur six finales. Ça c’est un accomplissement d’équipe, restons sur le duel. MJ a joué avec deux Hall of Famers, et un coach Hall of Famer. Donc, c’est un objectif d’équipe. Mais je veux aussi dire que MJ a joué 16 saisons, donc il y a dix saisons où il n’a même pas joué les Finales. Donc si on veut raconter l’histoire, autant la raconter en entier. Et écoutez, je ne suis pas là pour dévaloriser Mike, j’avais ses posters dans ma chambre aussi. Et je suis d’accord avec toi Swish. Il y a plus de deux ans, j’aurai dit à LeBron que MJ était le GOAT. Et même LeBron t’aurait dit ça.”

J.R. : “Complètement.”

VC : “La dernière chose, si on veut vraiment regarder le contexte global, c’est qu’il faut aussi prendre en compte le fait que ces gars, les stars de la Ligue, quand ils deviennent free agents et qu’ils ont le choix de leur prochaine destination, il n’y en a pas un qui vient à l’Est. Les gens se barrent de cette Conférence. Ils préfèrent aller surcharger l’Ouest, pour tenter leur chance puis venir se faire botter les fesses. Voilà, qu’il façonne la NBA de telle façon, c’est un fait indéniable.”

J.R. : “Depuis qu’il est arrivé dans la Ligue, tout le monde dit que ‘l’Est est toujours faible, l’Est est ci, l’Est est ça…’ Pas plus tard qu’il y a une ou deux semaines, les gens ne disaient plus ça. Ils disaient ‘Victor Oladipo mène le projet d’Indiana’, ‘Philly arrive’, ou ‘Boston est au taquet avec Kyrie’, ‘Milwaukee est ci, Miami est ça…’. Ils ont eu toutes ces discussions, puis soudainement, quand on gagne 11 de nos 12 derniers matchs, ils disent à nouveau ‘C’est l’Est, l’Est est faible…’ À quel moment donnez-vous du crédit lorsque le crédit est dû, est mérité ? C’est tout ce que j’ai à dire.”

Tout en sobriété, comme d’hab quoi. On vous avait prévenu, avec J.R. Swish qui va dans une émission radio qui prétend réaliser des “barbershop talks”, on ne pouvait rêver mieux. De la punchline, des grands-mères, des réponses en un mot ou des élucubrations stupéfiantes, on a eu droit à la totale. Même à l’élagage, si ce n’est à l’écartelage en place publique de ce pauvre Craig Ehlo, qui n’avait rien demandé. Il a déjà pris assez cher comme ça, ce pauvre homme. On vous laissera seuls juges de la qualité et de la véracité des propos de ce débat enflammé. Mais vous connaissez la règle… Gérard a toujours raison. Vous savez comment ça finit si quelqu’un ose le contredire, ça part en soupe volante presto. Donc il vaut mieux l’écouter, le GOAT, et acquiescer, ou surenchérir, comme l’ont fait Victor Cruz et Paul Rivera. Gérard donne son point de vue, sans tressaillir, et nous ordonne de faire ce que Motorhead demandait également de faire : Bow down to the King. LeBron James n’est peut-être pas Triple H, il n’est qu’un simple roi. Puisque le roi des rois, the king of kings, vous savez bien qui c’est. Non ? Indice, il porte un prénom correspondant au nom d’un célèbre artiste contemporain français. Et son patronyme est le même que celui du chanteur de The Cure.

Tantôt ami des chiens, tantôt futur président des Etats-Unis avec Popovich en bras droit, sa parole est d’or, et tinte dans les tympans comme une douce tonalité de vérité absolue. J.R. Smith a parlé, devant des sujets agenouillés, pendus à ses lèvres. Meilleur shooteur de l’histoire, avec un ballon ou une brique de soupe, Swish est au-dessus, et agréable avec ses sbires par dessus le marché. Frôlant la perfection, il montre toute sa modestie, son humilité et sa compassion, en consacrant LeBron James comme GOAT. Alors qu’il sait très bien, comme tout un chacun, qu’il y en a un seul sur terre, et il s’appelle Gérard.

Source texte : Youtube/Uninterrupted