Ben Simmons l’assure, il sera rookie de l’année à 100% : Donovan Mitchell n’est pas tout à fait (con)vaincu

Le 10 avr. 2018 à 16:46 par Aymeric Saint-Leger

Ben Simmons donovan mitchell
Source image : sportingnews

La course au titre de rookie de l’année, édition 2017-18, est une des plus haletantes depuis bien des années. Pour lui, Ben Simmons est le favori pour l’obtention du trophée, et il a décidé de le faire savoir à haute et intelligible voix. Le meneur des Sixers a commencé son lobbying, et n’y va pas de main morte. Donovan Mitchell s’était dit désintéressé par le titre de ROY, l’arrière du Jazz se concentrant sur les Playoffs. Cependant, il défend quand même son bout de gras, de manière subtile.

L’attribution des trophées de la saison régulière se déroulera le 25 juin cette année. Si certaines courses semblent déjà jouées, comme celle au MVP, au MIP, d’autres sont encore indécises, comme celles du coach de l’année, du meilleur joueur défensif, ou encore du ROY. C’est bien cette dernière qui passionne le plus les foules dernièrement, du fait de deux bestiaux exceptionnels. La cuvée de rookies, millésime 2017-18 est impressionnante et laisse un goût agréable en bouche, entre Kyle Kuzma, Jayson Tatum, Lauri Markkanen et leurs pairs. Surtout, c’est bien le duel entre Donovan Mitchell et Ben Simmons qui fait rage, surtout début 2018. Les deux natifs de l’année 1996 se livrent une bataille endiablée, qui arrive à son terme conjointement à la fin de la phase régulière. Concrètement, au vu de leur niveau, chacun d’entre eux mériterait de décrocher ce titre. Mais il faut bien un perdant dans l’histoire. Malgré les sublimes performances de l’ancien de Louisville, c’est bien le transfuge de LSU qui est favori pour obtenir son premier trophée individuel dans la Ligue, qui pourrait être le premier d’une longue série.

Le lobbying a déjà commencé autour de l’Australien, entre LeBron James qui encense incessamment celui qu’il considère comme son héritier, et Julius Erving qui prêche pour sa paroisse. L’actuel joueur de Philadelphie avait lui-même attaqué de faire sa promotion, sous un angle collectif, en déclarant qu’il voulait venger ses coéquipiers Saric et Embiid, qui ont, selon lui, été lésés l’an dernier (coucou Malcolm Brogdon). De son côté, Donovan Mitchell reste assez silencieux, le gamin a limite l’air de se taper d’être élu rookie de l’année. Aurait-il déjà rendu les armes malgré son délice de saison, à 20,5 points, 3,7 rebonds et 3,7 assists par rencontre ? Sans doute pas, mais sa priorité est ailleurs : les Playoffs. Les Sixers y iront aussi, et nul doute que le Fresh Prince sera complètement concentré sur cette échéance lui aussi. Pour autant, ça ne l’a pas empêché de remettre un bon gros coup de collier hier auprès de Chris Haynes d’ESPN pour essayer de  s’assurer le titre de ROY. Big Ben n’y va pas par quatre chemins, lorsque l’horloge affichera minuit, le trophée sera pour lui, et personne d’autre :

“Qui je choisirais [en tant que ROY, ndlr] ? Moi, à 100%. […] Je pense que j’ai joué de manière solide tout au long de l’année. Si vous regardez les chiffres, vous le verrez. Les gens qui connaissent le jeu le savent”.

Il est vrai qu’en termes de chiffres, c’est plus que solide du côté de l’Australien. Certes, il score moins que Mitchell, avec 16 points par rencontre. Mais il est beaucoup plus complet, avec ses 8,1 rebonds et 8,2 caviars par match. Ce qui l’a poussé à réaliser 12 triple-doubles cette saison, la deuxième performance all-time derrière Oscar Robertson. De toute façon, Ben Simmons considère que chacun est unique :

“Je n’aime pas vraiment les comparaisons. Vous pouvez comparer des joueurs et ce qu’ils font, mais chacun a son propre style de jeu.”

L’argument qu’il avance est compréhensible, difficile de comparer un meneur costaud de 2m08, et un arrière explosif d’1m90. Dans tous les cas, le Fresh Prince ne regarde pas la concurrence chez les rookies, il la boit, puisque lorsqu’on lui demande s’il y a certains de ses pairs qui ont attiré son attention, la réponse est prompte, et cinglante :

“Aucun. Je veux être là ou les meilleurs sont. Donc, pour moi, je regarde les gars comme Kevin Durant, LeBron James, Stephen Curry, Russell Westbrook. Des gars comme ça. C’est là où je veux être. C’est ce que je préfère regarder.”

Bam. Tacle assassin, les deux pieds décollés à la carotide de Donovan Mitchell. Le Sixer met le Jazzman à la même enseigne que Luke Kennard ou Dwayne Bacon, sympa. Après avoir remercié son coach de lui avoir fait confiance, on comprend bien la volonté du meneur, il veut aller de l’avant, rapidement, et tout gagner :

“Des championnats. Je veux être défenseur de l’année… et MVP. Il y a beaucoup d’honneurs que je veux obtenir, mais mon but ultime est de gagner une bague.”

Voilà, voilà. Le gars n’est encore que rookie mais voit plus qu’à long terme, il se projette déjà comme un des plus grands de la Ligue. On le conçoit, il risque d’être dans les meilleurs joueurs du monde sous peu. Par contre, il y en a un qui n’a pas dû être totalement d’accord avec tous les propos de Ben Simmons, et c’est bien son plus féroce concurrent, Donovan Mitchell. Il s’est fendu d’une réaction amusante sur son Twitter, lorsqu’il a entendu ces déclarations :

pic.twitter.com/MoXsBdk6eM

— Donovan Mitchell (@spidadmitchell) 9 avril 2018

Un petit GIF amusant, entre étonnement, amusement et résignation. Difficile d’interpréter la réaction du prodige d’Utah, surtout après cela :

Looked who liked the quote @World_Wide_Wob pic.twitter.com/Rh28BUCiVA

— Michael Sanchez (@masanchez10) 9 avril 2018

“Regardez qui a aimé la citation.”

Hop là. Donovan Mitchell qui vient liker les publications sur les déclarations affirmées de Ben Simmons. Est-ce un adoubement, une reconnaissance que l’autre extraterrestre est meilleur que lui ? Sans doute pas. C’est peut-être plutôt une gentille provocation, en mode “I see you, Ben“, de la part de l’arrière qui ne veut quand même pas perdre toute chance d’être ROY à cause du lobbying réalisé par son adversaire sur le plus grand site d’informations sportives aux USA. De plus, petit détail sympathique, dans la description de Spida sur Twitter, les premiers mots sont “Be humble”. Alors, est-ce le motto de Dono dans la vie ? Est-ce un hommage à Kendrick Lamar ? Ou bien une petite pique déguisée pour conseiller au rookie des Sixers de rester les pieds sur terre ? Que chacun interprète comme il le souhaite, et se fasse son avis, rien n’est sûr. La seule chose qui est certaine, c’est que la hype et l’engouement autour de la course au ROY vont encore grimper en flèche avec ce type de déclarations et d’échanges. Ok, le trophée semble être promis au Fresh Prince. Mais Mitchell se défend avec ses armes en dehors du terrain, et avec son courage sur les parquets. Les deux jeunes hommes de 21 ans ne baissent pas de pied, ni l’un, ni l’autre, bien au contraire.

Ben Simmons est simplement le grand artisan de la série en cours de 14 victoires de Philadelphie : 14,7 points, 10,1 rebonds et 10,9 assists sur cette période, le gars est en TD de moyenne oklm. On peut émettre toutes les critiques que l’on veut, comme quoi c’est vraiment sa deuxième année dans la Ligue (il n’a pas joué un match l’an dernier), mais selon les règles de la NBA, il est éligible au titre de ROY, peu importe l’âge. Même Bogdan Bogdanoivc, 25 ans, ou Milos Teodosic, 31 ans, peuvent l’être. Donc cet argument des détracteurs de Big Ben est irrecevable. Il faut simplement arrêter ces enfantillages, et apprécier ce qu’il se passe devant nos yeux, à l’image de la performance qu’il a réalisé contre Cleveland il y a trois jours, en 27-15-13 s’il vous plait. Pour autant, et malgré le lobbying de l’Australien, Spida n’est pas en reste, et augmente encore son niveau de jeu avant d’entamer les Playoffs, soit au meilleur moment. Sur les douze derniers matchs du Jazz (9 wins – 3 losses), l’arrière est au-dessus de ses moyennes en saison. Il tourne à 24,3 points de moyenne, et est archi-régulier, puisqu’il n’a pas scoré moins de 19 unités sur un match. Au rebond, il fait 4,2 prises sur cette période, et à la passe, il progresse aussi, avec 4,4 unités par rencontre. Il continue à se développer, et comme pour répondre aux propos de Ben Simmons avant qu’ils ne soient édictés, Mitchell a posé un petit 29-9-8 sur la tête des Lakers il y a deux nuits. Proche du triple-double, comme s’il disait “moi aussi je peux le faire” à l’Australien.

Finalement, Donovan Mitchell ne s’en fout pas tant que ça, du titre de rookie de l’année. Les propos de Ben Simmons sont affirmés, perçants, et presque un peu vaniteux avec son 100%, ce qui a fait réagir légèrement Spida. En plus du terrain, le superbe duel est maintenant lancé sur les réseaux, et va nous tenir en haleine. La dernière ligne droite, on l’attaque, le choix est complexe, et sera bientôt arrêté. Reste à voir si les performances des deux incroyables jeunes en Playoffs confirmeront ou infirmeront le verdict des votants. Rendez-vous le 25 juin pour enfin connaître la réponse à la question : qui sera le ROY, Simmons ou Mitchell (ou les deux) ?

Sources texte : ESPN, Twitter/@spidadmitchell, /@masanchez10