C’était il y a un an : Russell Westbrook assassinait les Nuggets avec un 42eme triple-double historique
Le 09 avr. 2018 à 19:31 par Emile Gillet
9 avril 2017. Cela fait déjà un an que Russell Westbrook est entré dans l’histoire. Un an que Brodie a enterré la course au titre de MVP. Un an que les Nuggets attendent les Playoffs. Un an que la ficelle du Pepsi Center fait des cauchemars. Et pourtant, les images sont encore fraîches dans nos mémoires.
# Le Match
Déjà qualifié pour les Playoffs, le Thunder se déplace au Pepsi Center de Denver sans réel enjeu collectif. Mais pourtant, absolument tous les yeux sont rivés sur cette rencontre. Et pour cause, l’histoire est en marche. D’un côté, les Nuggets jouent leur qualification pour les Playoffs, une qualification qu’ils attendent depuis quatre ans. De l’autre, Russell Westbrook est en passe d’effacer le record de triple-double en une saison d’un certain Oscar Robertson. Échouant pour un rebond à Memphis, puis pour deux passes décisives à Phoenix, tout le monde espère enfin voir Russell Westbrook atteindre les 42 triples-doubles dans une saison, excepté les fans de Denver bien sûr. Le Thunder, qui gagne la première possession, joue avec son magnifique maillot, sponsorisé par l’APRR, un maillot désormais iconique à la manière du jersey noir des Cavs porté lors du Game 7 des Finales 2016.
D’entrée de jeu, le match tient toutes ses promesses, et, à l’issue du premier quart-temps, rien n’est décidé. 27-26 pour le Thunder, Russell Westbrook a déjà pris les choses en main, tandis que Danilo Gallinari résiste au scoring pour les Nuggets. Les deux équipes, naturellement portées sur l’offensive, en oublient parfois de défendre, le Thunder en premier. Les Nuggets, qui doivent absolument gagner pour ne pas être éliminés de la course aux Playoffs, profitent des quelques espaces laissés par la défense du Thunder pour prendre l’avance, +7 au bout de 18 minutes. Russell Westbrook, à peine revenu du banc, il remet son équipe sur ses épaules et enchaîne quatre lancers-francs, cinq paniers, dont un à 3-pts et trois passes décisives en six minutes pour remettre OKC sur les rails. Rien que ça. A la mi-temps, le Thunder est mené d’un point, 52-53.
Le retour des vestiaires est bon pour les Nuggets. Déterminés à aller en Playoffs, les joueurs du Colorado mettent les bouchés double, et repassent en tête sur sept points consécutifs de Danilo Gallinari, +13. L’Italien tient tête à Westbrook, et grâce à lui, Denver sort du troisième quart-temps avec dix points d’avance. 81-91, à domicile, avec un Gallinari en feu, les Nuggets ont leur destin entre leurs mains. Seulement voilà, en face, Monsieur Russell Westbrook est déjà à 32 points, 13 rebonds, et 9 passes décisives. Indubitablement, Russell Westbrook porte le match sur son épaule, et le momentum semble basculer en la faveur du Thunder. Comme si les Nuggets bataillaient contre l’histoire, contre une déferlante. Cette déferlante s’appelle Brodie et va petit à petit les submerger. Six minutes et quatorze points de retard, ok, c’est l’heure pour Westbrook d’activer le mode beast. Un trois points, puis, une petite minute après, l’histoire prend forme.
Ecran haut de Domantas Sabonis. Dix mètres ? Nan, pas assez haut, au niveau du logo, c’est mieux. Westbrook part en pénétration, Wilson Chandler descend aider Gary Harris, laissant Semaj Christon tout seul dans le corner. Westbrook l’a vu. Deux secondes de respiration, et Christon envoie son 3-pts. Ficelle. C’est fait, Russell Westbrook, est rentré dans l’histoire en inscrivant un 42ème triple-double. Mais la soirée ne peut être parfaite sans la victoire. Il reste quatre minutes, OKC est mené de dix points, on fonce. Sept points du meneur plus tard, OKC est revenu à sept longueurs. Jokic rate son trois points, Westbrook prend le rebond et remonte la balle. Passe à Adams, semi-écran sur Harris, feinte de shoot, et paf, ça fait des chocapic-, trois lancers pour Westbrook.
29,8 secondes restantes, faute offensive de Wilson Chandler, temps-mort, OKC a besoin d’un deux points rapide. Remise en jeu, Westbrook pénètre dans une forêt de grand et marque un layup improbable. Jamal Murray puis Nikola Jokic ratent leur shoot, Westbrook capte la gonfle et peut demander temps-mort. Deux points de retard, 2,9 secondes sur l’horloge, nan, y’a pas à dire, les Nuggets ont bien joué, la victoire est méritée. Oh wait. Steven Adams récupère la balle, Jamal Murray se met entre lui et Westbrook et tente tout pour lui prendre la gonfle. Un petit appui sur la droite de trop, et Adams passe à son meneur, Murray doit avoir, à tout casser, un quart de seconde de retard sur RWO, mais c’est déjà trop. Le tir est parti, et c’est une filoche absolue. 10 mètres, 1,8 secondes, 106-105, le Thunder sort les Nuggets de la course aux Playoffs, et Russell Westbrook entre dans l’histoire par la grande porte. Les 13 derniers points de son équipe ? C’est lui qui les a mis. Le panier d’avant ? C’est lui qui fait la passe. Et celui d’avant ? C’est lui qui plante derrière l’arc. Cherchez pas, ce soir là, il était intouchable, et les Nuggets se sont fait manger.
“C’est de la pure adrénaline, un tas d’émotion qui me submerge. Un tir de la gagne, c’est quelque chose dont on rêve étant gamin, et, de l’avoir fait, à l’extérieur, à cette distance, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais. J’aimerais bien sûr remercier tous mes coéquipiers, mon staff, l’organisation, tous les fans et surtout ma famille, pour avoir cru en moi, et pour m’avoir permis de faire ce que je fais aujourd’hui […] Partout où j’ai été, la foule aimait ce que je faisais. C’est quelque chose d’incroyable, surtout pour moi, un gamin de Los Angeles. Être à ce niveau là, c’est quelque chose que je n’aurai jamais pu imaginer. Je devais prendre cette balle et ramener la victoire.”
# L’Histoire
42 triples-doubles dans une seule et unique saison, record absolu. Être impliqué dans les 19 derniers points de son équipe, pas sur que beaucoup d’autres l’aient fait. Ce soir là, Russell Westbrook a défié notre imagination, et s’est essuyé les pieds dessus, tranquillou. Il a d’ailleurs réservé le même sort aux pauvres Nuggets, qui n’ont même pas été mauvais. C’était juste écrit, ils devaient perdre ce match. Mais au final, assez égoïstement, tout le monde se fiche d’eux. Ce qui importe, c’est la performance absolument incroyable de Russ.
42 triples-doubles en une saison. Mais si seulement c’était le seul record qu’il avait battu… Avec ce joli petit 50-16-10 (le tout en n’ayant perdu que deux ballons, il faut le souligner), il bat un nouveau record, celui du nombre de triple-doubles dans une saison avec 50 points marqués. Contre les Nuggets, c’était le troisième, rien que ça. Mais c’était aussi son huitième avec au moins 40 points, du coup, un nouveau record qui tombe. Et ça, ce sont uniquement les records qu’il a battu… ce soir là. Vous en connaissez beaucoup des joueurs qui battent trois records en une soirée ? Les 20 points sans un seul tir loupé de Jean-Mi en Départementale, ça compte pas. Ce qu’a fait Westbrook au Colorado, par contre, si.
# L’Après
En battant ces records, et en plantant cette dague dans le dos des Nuggets, Russell Westbrook s’est adjugé le titre de MVP au nez et à la barbe (et Dieu sait qu’elle est grande) de James Harden. MVP 2016-17, meilleur scoreur avec 31,6 points, triple-double de moyenne, la saison de Russell Westbrook est une des meilleures dans l’histoire de la NBA. De plus, Brodie est parvenu à emmener son équipe en Playoffs, avec 47 victoires, qui plus est. Malheureusement, James Harden, son rival de Houston, possédait une équipe plus complète et n’a eu aucun mal à éliminer le Thunder en Playoffs. Quoi qu’il arrive, sa saison restera comme une des plus incroyables de l’histoire, et cela lui aura notamment permis de signer un contrat de 205 millions de dollars sur 5 ans pendant l’été, un salaire à la hauteur de sa performance. En parallèle, son General Manager, Sam Presti, est parvenu à trader Domantas Sabonis et Victor Oladipo contre Paul George, et Enes Kanter et Doug McDermott contre Carmelo Anthony. La stratégie était claire, sacrifier de la profondeur d’effectif au profit d’un vrai Big Three. Par contre, depuis…
… la greffe n’a pas vraiment prise. Le trio a mis du temps à se trouver, puis, après le All-Star Game, Paul George a baissé de régime et Carmelo Anthony n’est toujours que l’ombre de lui-même. Du coup, le Thunder est aujourd’hui septième, et ne compte que 46 victoires (une de moins que l’an passé) à deux matchs de la fin. La qualification pour les Playoffs n’est même pas acquise, et Paul George pourrait partir cet été pour signer dans une autre franchise si sa tête est ailleurs.
En ce qui concerne Russell Westbrook, il est toujours à son niveau, donc incroyable. Il a battu un nouveau record, celui de mettre un triple-double contre toutes les franchises NBA, pendant qu’un des siens, établi la saison passée, a été battu. En effet, contre le Magic, James Harden a accompagné son triple-double de 60 points, soit trois de mieux que Russ. C’est d’ailleurs James Harden qui devrait être élu MVP cette saison, pendant que Westbrook pourrait entrer un peu plus dans l’histoire. Moyennant actuellement 25,6 points, 10,1 assists et 9,8 rebonds, il manque 34 rebonds à Westbrook pour compter un nouveau triple-double de moyenne. Deux matchs, 34 rebonds, cela parait impossible, d’autant plus que les Playoffs sont la priorité. Mais vous l’aurez compris, impossible n’est pas Westbrook…
Incroyable, inimaginable, stupéfiant, les superlatifs manquent pour décrire la performance de Westbrook, aussi bien sur ce match contre Denver, que sur sa saison 2016-17, et même sur sa saison 2017-18. Pourtant, peu de personnes parlent de sa saison, et pour cause : Russell Westbrook a banalisé l’extraordinaire. Pour beaucoup, il n’est plus étonnant de voir Russ accompagner 30 points de 10 passes et 10 rebonds, et pourtant, c’est une performance purement impensable. Alors, tâchons de garder à l’esprit que nous avons une chance incroyable, des performances comme celle-là, on n’en voit que très rarement… Le 9 avril 2017, une date inoubliable.