Playoffs Revival : Allen Iverson fête son trophée de MVP en collant 52 pions aux Raptors

Le 15 mars 2018 à 14:22 par David Carroz

Playoffs revival Allen Iverson
Source image : Youtube, montage @TheBigD05

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un œil discret. Pour vous aider à tenir dans ces instants difficiles, voici l’un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

En 2001, Allen Iverson a brillé sur tous parquets de la Ligue. Avec une saison de MVP, il a encore élevé son niveau de jeu en Playoffs pour mener les siens jusqu’aux Finales NBA. En chemin, il s’est offert des cartons d’exception comme lors du Game 5 des demi-finales de Conférence face aux Raptors.

Le contexte – une saison de rêve pour les Sixers d’Allen Iverson

Dix victoires consécutives. Voilà comment lancer parfaitement une saison. En surfant sur cette dynamique plus que positive, les Sixers sont allés chercher la première place de la Conférence Est à la fin de la régulière, avec un bilan de 56 succès pour 26 défaites. Seuls les Spurs feront mieux cette année-là avec deux unités en plus dans la colonne des victoires. Pourtant, tout n’a pas été de tout repos après ce départ canon, même si Allen Iverson marche sur l’eau. Philly n’est certes jamais inquiété dans la Division Atlantique – ni même à l’Est en général d’ailleurs – mais quelques blessures enraillent la mécanique et poussent les dirigeants à dégainer sur le marché des transferts. Après le All-Star Game où The Answer est élu MVP alors que c’est son coach Larry Brown qui gérait la sélection de l’Est, les soucis physiques de Theo Ratliff entraînent du mouvement : l’intérieur est envoyé à Atlanta en compagnie de Tony Kukoc, Nazr Mohammed et un sachet de mars contre Dikembe Mutombo et un kit-kat. Le résultat n’est pas fameux puisque les hommes de la Cité de l’Amour Fraternel bouclent l’exercice sur un 15-12 en dessous de leur rythme de croisière. Peu importe, les Playoffs démarrent et des certitudes restent bien ancrée chez les Sixers : la défense et le talent d’Allen Iverson sont les bases du succès.

Sauf que dès le premier match de la post-season, les joueurs de Larry Brown se font surprendre sur leur parquet du First Union Center par les Pacers de Reggie Miller. Une piqûre de rappel sans grosse conséquence puisque derrière Philly va enchaîner trois succès et repartir sans surprise avec la qualification. Au tour suivant, ce sont les Raptors qui viennent titiller les Sixers en prenant là encore le premier match à l’extérieur. De quoi donner confiance aux coéquipiers de Vince Carter, bien heureux de retourner au Canada en ayant pris l’avantage du terrain, même si Allen Iverson a fait plus que son taf au Game 2 pour éviter le pire aux siens, avec 54 pions (record d’un joueur des Sixers en Playoffs) pour arracher la victoire. Deux rencontres plus tard, Raptors et Sixers sont toujours au coude à coude, Philadelphie ayant une fois de plus répondu à Toronto. On en revient donc au point de départ ou presque, avec trois matchs à jouer pour se départager, Philly ayant la main avec deux d’entre eux à domicile.

La performance – un titre de MVP parfaitement arrosé

Il est alors temps de disputer le Game 5 régulièrement cité comme capital dans une série au meilleur des 7. C’est le moment choisi par David Stern pour remettre à Allen Iverson son titre de MVP de la saison régulière devant les fans du First Union Center. Un trophée amplement mérité pour le meilleur scoreur de la Ligue qui vient de réaliser probablement ses meilleurs mois en carrière, individuellement certes, mais aussi collectivement qu’il continue de justifier : depuis le début des Playoffs, The Answer a su élever son niveau de jeu avec des chiffres à la hausse pour afficher fièrement 33,6 points, 4,6 rebonds, 5,9 passes et 3 interceptions (contre 31,1, 3,8, 4,6 et 2,5 en régulière) à cet instant, preuve qui ne compte pas s’endormir sur ses lauriers. Ce 16 mai il touche donc le sommet, et comme dopé par ce moment, il va rester sur son nuage pendant toute la rencontre qui suit, validant s’il en était besoin son nouveau statut. A moins que ça ne soit les propos de Chris Childs – son vis à vis des Raptors ayant déclaré que si on regardait bien les quatre premières rencontres, Toronto aurait dû sweeper Philly – qui aient donné une motivation supplémentaire à l’homme de la soirée. Une chose est sûre, les Dinos et leur meneur vont vite comprendre qu’il vont vivre un cauchemar, pendant que le commissionnaire lui se régale devant une démonstration comme proposée par AI qui sent bon le classique et la Good Story à raconter plus tard pour vendre la NBA.

Le numéro 3 des Sixers ouvre le bal dès la première action avec un temps de suspension impressionnant sur jump shot qui lui permet de se défaire de la défense serrée de Alvin Williams. Derrière, c’est une perte de balle pour les hommes de Lenny Wilkens, incapables de prendre un shoot avant la fin de l’horloge. Le décor est posé pour la soirée, et le 11-0 infligé d’entrée est rédhibitoire et se conclut au premier quart-temps par un 33-12. Douze unités seulement pour Toronto, un total déjà atteint par Allen Iverson tout seul. Un AI qui dépucelle également le cercle sur action de jeu pour Philly au second acte avec un step back three sur Alvin Williams pour continuer à être à égalité avec les Raptors, 15 pions pour lui, 15 pour les Dinos, avant de répondre à 2 lancers de Keon Clark par un long tir à 2 points. En face, l’autre star vit un calvaire. Vince Carter enchaîne les balles perdues et les fautes, ne trouvant que trop rarement l’ouverture. Les Raptors arrivent à 20 points ? Allen Iverson rentre un trois points lointain, pour atteindre cette marque aussi. Finalement les hommes de Lenny Wilkens vont prendre leur large dans leur duel avec The Answer, mais les Sixers ont d’autres joueurs et continuent leur domination pendant que leur franchise player persiste en mode carton avec 17 points supplémentaire dans ce quart pour atteindre la mi-temps avec 29 unités à 12 sur 19 au tir, dont 4 sur 7 du parking.

La température ne descend pas spécialement au retour des vestiaires pour celui qui entend des tribunes des “MVP, MVP” à chaque passage sur la ligne des lancers francs. Une habitude pour lui vu qu’il se retrouve une dizaine de fois par rencontre dans cette série. Bon, ce coup-ci il se contentera de deux voyages pour compléter des “and one” puisque la défense des Raptors avait activé le mode passivité, même si au début du troisième quart-temps, un Alvin Williams totalement dépassé par la vivacité d’Allen Iverson s’offrira un petit plaquage sur une contre-attaque, histoire de freiner au moins temporairement The Answer. La Réponse qui, contrairement à ses adversaire et en plus de mordre la balle à pleines dents en attaque, se montre agressif de l’autre côté du parquet avec 4 interceptions. Si Chris Childs tente de prendre le relais sur le meneur des Sixers, il ne le ralentit pas plus et le pauvre Alvin Williams se trouve une nouvelle fois affiché lorsque AI l’enrhume d’un dribble dans le dos avant d’envoyer sa sixième ogive du parking au moment où l’horloge des 24 secondes terminait de s’égrainer. Quant le troisième acte se termine, le MVP a déjà inscrit la bagatelle de 47 points et le match est clairement plié avec un matelas de 26 pions pour les Sixers. Il reste tout de même un poil de suspense, Larry Brown étant un Tom Thibodeau avant l’heure qui va laisser Iverson sur le parquet encore quelques minutes même lorsque Toronto hisse définitivement le drapeau blanc rapidement dans le quatrième quart en renvoyant pour de bon Vince Carter au vestiaire suite à une rencontre inopinée entre sa mâchoire et les tentacules de Mutombo.

On profite donc encore un peu du show Allen Iverson qui n’oublie pas non plus ses coéquipiers sur les prises à deux – ou plus par séquence – pour distribuer 7 assists. Et même lorsqu’il ne lâche pas la gonfle sur de telles défenses, il trouve le moyen de scorer. A huit minutes de la fin, il rentre son huitième tir du parking de la partie, à une unité du record NBA de l’époque pour un match de Playoffs. Il tentera trois autres ogives histoire de l’atteindre, mais en vain, avant d’aller poser ses fesses sur le banc sous l’ovation du public. Il ne reste plus que cinq minutes, The Answer a mis 52 pions en 43 minutes, il peut enfin souffler. La mixtape est complète, que ce soit en portant la balle, en profitant des écrans de ses coéquipiers et en coupant parfaitement, sa vivacité a fait voler en éclat les Raptors pour la seconde fois de la série. Avec ce deuxième match à plus de cinquante unités sur cette confrontation, il rejoint Michael Jordan (en 1988 face à Cleveland) dans un cercle très fermé. Celui des joueurs ayant dépassé ce nombre des 50 dans la colonne scoring au cours de deux rencontres sur le même duel en Playoffs.

La suite – enjamber Tyronn Lue ne suffira pas

Il faudra tout de même aller jusqu’au septième match de la série pour venir à bout de Vince Carter et les siens, avec en particulier un dernier shoot manqué de la star des Raptors ce soir-là alors que Philly ne menait que d’un point. Au tour suivant, les Sixers devront encore passer par une rencontre décisive face aux Bucks de Ray Allen, Glenn Robinson et Sam Cassell, avec encore un énorme Allen Iverson qui cumule 90 pions sur les deux derniers matchs de la confrontation. Puis viennent les Finales NBA et l’ogre Pourpre et Or. Pour ce duel entre la Cité de l’Amour Fraternel et celle des Anges, les cotes sont clairement en faveur d’Hollywood et son duo Shaquille O’Neal – Kobe Bryant. Pourtant, Allen Iverson aura encore l’occasion d’écrire une des pages de sa légende lors du Game 1 en terrassant les Lakers et Tyronn Lue. Un succès de prestige, car derrière la machine se met en route du côté de Los Angeles et les hommes de Phil Jackson enchaînent quatre victoires pour aller chercher le titre. Plus jamais Allen Iverson n’arrivera à ce stade de la compétition. Ce qui vaut d’ailleurs aussi pour Philly.

Des mecs avec plusieurs matchs à cinquante pions en Playoffs, il n’y en pas des centaines. Derrière Michael Jordan et ses huit rencontres avec un tel total mais devant Jerry West et ses deux performances équivalentes – répertoriées, les stats peuvent être partielles jusqu’en 1983 – Allen Iverson se glisse à la seconde place de ce classement. Par trois fois, il a envoyé 50 unités ou plus dans la vue de ses adversaires en post-season, dont deux fois à quelques jours d’intervalles en ce mois de mai 2001. La preuve une fois de plus du talent exceptionnel de The Answer.


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