Steve Nash revient sur sa carrière : des regrets de ne pas avoir assez… marqué ?

Le 26 févr. 2018 à 17:59 par Aymeric Saint-Leger

Steve Nash
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Le mythique numéro 13 des Phoenix Suns est connu pour avoir obtenu le titre de MVP de saison régulière, et ce en back-to-back, entre 2004 et 2006. Joueur élégant s’il en est, Steve Nash était un immense passeur au sein de la Ligue. Avec 10 335 assists, il est troisième au classement all-time des meilleurs passeurs (seulement 1 passe devant Mark Jackson) ! S’il a caviardisé de nombreux coéquipiers, le Canadien n’était pas un des plus gros marqueurs de la planète basket. Et il semble, aujourd’hui, le regretter en partie.

Invité à être un participant dans le panel de la Sloan Sports Analytics Conference du MIT (Massachusetts Institute of Technology), Steve Nash était convié à venir débattre et discuter autour de la création du “basketball moderne”. Précurseur à son poste en NBA, le meneur passé par Dallas, Los Angeles et Phoenix s’est exprimé sur le nouveau type de jeu prôné par son coach de l’époque dans l’Arizona. Entre le Run-and-Gun de Mike D’Antoni, et la seven seconds or less offense, Nash se devait d’être bien réveillé pour pouvoir organiser tout cela. Celui qui a géré le plus beau show des années 2000 (d’après certains) a profité de cette conférence qui s’est passée le week-end dernier pour réfléchir à la tâche incombant au point guard en NBA actuellement. Elle a radicalement changé depuis le prime du Canadian Kid, et ce dernier s’en rend bien compte. Nash aurait pu faire “mieux” ou “plus” individuellement, afin d’aider son équipe à aller au-delà d’une finale de Conférence Ouest en Playoffs. Il est revenu sur sa carrière, ses éventuels regrets et sur ce qu’il aurait pu faire différemment, comme doubler son volume de shoots,  lors de cette Sloan Sports Conference :

“Je pense que premièrement, ma personnalité a joué dans le sens où j’aime faire plaisir aux gens, donc je faisais toujours attention à ce que les autres soient heureux afin que le groupe s’élève collectivement. Deuxièmement, j’ai toujours appris qu’un meneur devait créer le jeu, être efficace au shoot et ne pas trop en prendre. Donc quelque part, c’était de ma faute. Je dirais que je n’étais pas assez malin pour m’apercevoir que j’aurais peut-être dû prendre 20 shoots par match. Si je jouais dans la NBA actuelle, je pendrais probablement 20 shoots par match. Maintenant, la vision du rôle du point guard est différente, c’est votre premier point d’attaque. Vous utilisez votre meneur pour mettre un maximum de pression sur la défense adverse, prendre les tirs à trois points ouverts dès qu’ils le sont. Avant, ce n’était pas trop un mode de pensée traditionnel dans le monde du basket. À tort, j’étais presque trop dans un rôle de facilitateur. “

Ah… C’est bien dommage de s’en rendre compte quatre ans après la fin de sa carrière. Et oui Steve. C’est super de faire tourner le ballon comme personne et d’impliquer tous ses coéquipiers, mais parfois, ce dont une équipe a besoin, c’est que son franchise player prenne et mette des gros shoots, notamment en Playoffs. En 18 saisons dans la Ligue, le superbe joueur qu’était Nash n’a scoré “que” 17 387 points, de quoi le placer 83ème meilleur marqueur all-time de la NBA. Pas mal pour une crevette qui est devenue écarlate sous le soleil de Phoenix. Mais cela aurait pu être bien plus. Le bonhomme, sacré shooteur, est le recordman du nombre de saisons en 50-40-90. Il en a réalisé quatre. Il n’est même pas si loin de cette marque en carrière, avec 49% aux tirs, 42,8% à trois points et 90,4% aux lancers. Quelle régularité. Cependant, comment expliquer sa moyenne de points en carrière, seulement de 14,3 unités ? Tout simplement par un volume de shoots peu conséquent.

10,6 tentatives par match en carrière, et le nombre presque “ridicule” aujourd’hui de 3,2 tirs du parking, pour un tel sniper… À titre de comparaison, Stephen Curry, dans un effectif au moins aussi fourni que celui des Suns des années 2000, prend quasiment 17 shoots par rencontre, dont 8,3 des vestiaires du périphérique. Le Chef compile des statistiques plus qu’honorables de 23,1 points par match depuis 2009. Alors imaginons que celui qui tient le rôle de consultant auprès des Warriors ait décidé de plus shooter, une vingtaine d’années plus tôt. Sa place dans l’histoire serait sans doute encore plus importante qu’elle ne l’est. Le Canadien, huit fois all-star, savait cependant augmenter sa production lors de la post-season. 13,2 shoots par match de Playoffs, dont 3,7 derrière l’arc. Et malgré cela, ses pourcentages ne baissaient que peu : 47,3% aux tirs, 40,6% à trois points, et 90% aux lancers. Steve Nash savait augmenter son niveau de jeu quand il fallait, mais il aurait pu prendre encore plus de responsabilités. Si l’on prend les trois saisons où il emmène, avec Stoudemire, les Suns en Finale de Conférence, cela impressionne. Il met 23,8 points sur les Playoffs 2005, 20,3 l’année suivante, et 17,7 unités en 2010. Soit bien plus que sa moyenne en carrière. Malheureusement pour lui, il sera tombé sur de grosses armadas (Spurs, Lakers, Mavericks) dans cette première décennie du nouveau millénaire, et n’aura pas su prendre assez de shoots pour être complètement clutch, aller craquer le top 10 all-time dédié, et donner une possibilité au roster des Suns d’aller disputer une Finale NBA.

Si Steve Nash avait eu une prise de conscience plus individualiste ou précoce, il aurait peut-être profité de ses formidables dons d’artilleur pour scorer des milliers d’unités en plus. Au lieu de cela, le Canadian Kid sera considéré comme un des meilleurs passeurs/organisateurs all-time, mais également comme un monstre sans bague. Inspiré du soccer (qu’il pratique fort bien) et de l’instinct de tueur du buteur, il aurait pu martyriser d’autant plus les filets des 30 salles NBA, et être considéré comme légende parmi les légendes de la Ligue. Il aurait même pu décrocher une bague. Mais ça, nous ne le saurons jamais. Sa carrière reste tout de même exceptionnelle, soyons clair.

Source texte : Twitter, Sloan Sports Conf.