Russell Westbrook en triple-double de moyenne : le back-to-back à sa portée ?

Le 20 févr. 2018 à 15:47 par Aymeric Saint-Leger

Russell Westbrook
Source image : NBA League Pass

En se levant le matin, si on s’attarde légèrement sur les boxscores du Thunder, on peut souvent remarquer une ligne bien noircie, au niveau des points, rebonds, assists (et pertes de balle). C’est celle de Russell Westbrook. La ligne est tellement remplie que l’on est surpris quand il ne réalise pas de triple-double. Mais, au vu des performances du meneur d’OKC, pourrait-il réussir un exploit majuscule en enchaînant une deuxième saison en triple-double de moyenne ? Esquisse de réponse en statistiques.

Tout d’abord, vous connaissez Oscar Robertson ? Le maître du triple-double all-time. Il en compte 181 dans sa carrière longue de 14 saisons. Vous situez ? Et bien, même lui n’a pas réalisé l’exploit de faire deux saisons d’affilée en triple-double de moyenne. Il n’en a même fait qu’une, en 1961-62, même s’il en a beaucoup raté pour 0,3 assist, 0,5 assist, ou même 0,1 rebond de moyenne. Le Brodie, lui, a égalé le record de Big O la saison dernière, avec des statistiques incroyables de 31,6 points, 10,7 rebonds et 10,4 assists de moyenne. Boum. L’absence de lieutenants de très haut niveau (si ce n’est Steven Adams) y était pour beaucoup, Westbrook jouant presque tous les ballons. Mais cette saison, l’arrivée de deux All-Stars a bouleversé le roster du Thunder. Coucou Paul George, coucou Melo. Malgré une adaptation difficile au début de la saison, RussWest a continué son petit bonhomme de chemin, et continue à planter des statistiques exceptionnelles. En sortie de All-Star Weekend, le MVP est à 25,4 points, 9,4 rebonds et 10,4 assists de moyenne, en 57 matchs sur les 59 que son équipe a disputé. Ça envoie du lourd du côté de la Chesapeake Arena. En termes de totaux, le voilà à 1 449 points, 534 rebonds et 593 assists. Il reste donc 23 matchs à jouer pour le Thunder. Au vu de ses statistiques, Russ semble pouvoir atteindre le triple-double de moyenne sur cette saison 2017-18. Il lui faut, pour cela, atteindre 800 points (c’est largement fait), 800 rebonds et 800 assists cette saison. Selon toute vraisemblance, il devrait cocher la case assists. 207 assists à faire, en 23 matchs, cela en donne 9 à faire par match à Westbrook. Autant dire qu’avec deux performances au-dessus de 20 assists cette saison (21 à Denver, 20 à Cleveland), le défi est dans les cordes de la Tortue Ninja. Là où cela se complique, c’est pour les rebonds. Il doit aller en gratter 266 pour atteindre la barre des dix par match. Après un petit calcul, on se rend compte qu’il lui faudrait environ 11,6 rebonds par partie pour aller chercher le triple-double de moyenne cette saison. Cela fait beaucoup, même pour lui.

Aussi incroyable qu’il puisse être, il n’y aurait qu’un moyen pour que Russell puisse aller chercher suffisamment de rebonds : il devrait se concentrer là-dessus, et ses coéquipiers devraient lui laisser le cuir après un tir raté. Autant dire que ce n’est pas la priorité pour un Thunder qui doit plutôt chercher à sécuriser la cinquième place à l’Ouest, quitte à essayer d’aller gratter l’avantage du terrain au premier tour. Dans la folle ambiance qui règne à OKC, ce ne serait pas inutile. Mais revenons au MVP en titre. On pourrait être tenté de se dire qu’il n’est pas loin du compte. Mais Russell a déjà fait cet exploit. S’il ne le réalise pas à nouveau, nombreux risquent d’être les déçus arguant qu’il pouvait “écrire l’histoire du jeu”. Que nenni. Il faut se rendre compte de l’exploit majuscule que fait déjà Westbrook, et du phénomène de banalisation du triple-double. RussWest, cette saison, c’est déjà 17 triple-doubles, soit le quart de tous ceux réalisés dans la Ligue en 2017-18 à la sortie du All-Star break. Cette performance le classe déjà quasiment dans le top 10 all-time des saisons avec le plus de triple-doubles dans l’histoire de la NBA. Excusez du peu. Il a battu le record légendaire d’Oscar Robertson l’an dernier. Big O avait fait 41 TD en une saison. RW en a fait 42. Il est déjà quatrième all-time sur le classement des triple-doubles en carrière, avec 96, derrière Robertson, Magic et Kidd. Et on voudrait lui en demander encore plus ? Apprécions déjà ce que fait Russell Westbrook. Les statistiques, c’est bien, entrer dans la course au titre, c’est mieux, et c’est l’objectif d’OKC cette année. Dans cette idée-là, le Brodie a baissé son volume de shoots, perd un peu moins de ballons (de 5,4 turnovers la saison dernière à 4,6 cette année). Il a essayé d’intégrer les nouveaux, et le bilan du Thunder (33 victoires pour 26 défaites, cinquièmes à l’Ouest) s’en ressent. Westbrook est auteur d’une belle saison jusqu’alors, et son équipe risque d’être un cadeau empoisonné pour quiconque croisera leur route en Playoffs. Mais cela risque d’être un peu juste pour prétendre au titre de MVP, même s’il parvenait à terminer la saison en triple-double de moyenne. Il y a deux gros clients devant lui, une Barbe et un Roi, qui font deux saisons incroyables et qui ont des bilans meilleurs que la franchise de l’Oklahoma. Ils devraient se disputer le titre cette saison, même si Russ devrait être dans les discussions pour un top 5 dans ce classement, TD de moyenne ou non.

Le Thunder possède une arme de destruction massive en la personne de Russell Westbrook. Cette saison, ils n’ont pas besoin de tirer sur la corde du Brodie pour s’assurer les Playoffs, même s’il semble infatigable. Un peu de repos sera peut être même prescrit à Russell d’ici la fin de saison régulière, selon s’il y a un spot supplémentaire à aller gratter. Triple-double de moyenne ou pas, Westbrook et compagnie semblent déterminés à aller se frotter aux cadors de l’Ouest, pour créer la sensation et aller casser fermer des bouches.