Robert Swift, ancien phénomène devenu junkie : retour sur une descente aux enfers hallucinante

Le 02 févr. 2018 à 16:27 par Clément Hénot

Robert Swift
Source : YouTube

On sait que certains joueurs ont mal tourné pendant ou après leur carrière NBA, et que l’argent et le succès peuvent vite monter à la tête. On pense notamment à des joueurs que l’on dit ruinés et qui tentent de se refaire, comme Antoine Walker, Scottie Pippen ou Allen Iverson, à des joueurs qui ont eu des soucis récurrents avec l’alcoolisme, comme Vin Baker ou Keon Clark, ou avec la drogue comme Chris Andersen ou Lamar Odom. Mais ce qu’a vécu Robert Swift dans sa carrière semble dépasser les frontières du réel. Dossier sur un joueur que Sports Illustrated a suivi dans son enfer…

A l’époque où la plupart des faits se sont déroulés, tous les programmes imaginés par la NBA pour bien gérer sa fortune, ne pas se laisser tenter par les côtés sombres de la célébrité où encore se méfier de tout le monde, même de son entourage, n’existaient pas encore où ont été développés après que Robert Swift a quitté la ligue. Du coup, l’intérieur à la tignasse rousse et aux nombreux tatouages n’a pu en profiter. Dommage, car ça l’aurait bien aidé… Drafté en 12ème position de la cuvée 2004 par les Sonics, directement en sortie du lycée de Bakersfield, Swift avait un grand potentiel mais trop juste pour peser immédiatement en NBA. Il ne pèsera d’ailleurs jamais, sa meilleure saison étant celle de 2005-06 lors de laquelle il scorera 6,4 points par match. Voyant sa carrière peiner à décoller, il tente un passage en D-League, au Jam de Bakersfield, avant de tenter l’aventure au Japon (Robert Swift a des origines japonaises, aussi surprenant soit-il), chez les Tokyo Apache.

Malheureusement, le passage du tsunami en 2010 mettra encore des bâtons dans les roues de sa carrière professionnelle. Et c’est là que commence la descente aux enfers pour Swift… Outre la rémanence de ses soucis depuis plusieurs années, c’est surtout la gravité des accusations dont il est le sujet qui fait flipper. En plus de s’être flingué deux fois le ménisque en peu de temps au cours de sa carrière, c’est surtout son dos qui précipite Swift au fond de la piscine. Devenu accro à l’héroïne de son propre aveu à cause de ce mal de dos contracté en NBA, Robert entame une lente mais sûre plongée dans les abysses. L’une des dégaines les plus déjantées de l’histoire de la Ligue commence à sérieusement se droguer quand la liste de médocs longue comme ses bras n’y fait rien, même les 18 bières englouties par soir ne suffisent plus à annihiler la douleur. Swift est au bord des plus grosses conneries, son train de vie prend alors la voie des histoires les plus tragiques. Le type ne se contente pas d’un petit pétard par-ci par-là. Non. Robert prenait, en plus de l’héroïne, des opiacés et de la métamphétamine ainsi que d’autres substances aussi illicites que violentes. De plus, l’état de son appartement au moment de quitter les lieux laisse deviner son style de vie, peu en adéquation avec un sportif professionnel. Pour faire simple ? C’est plus que le bordel, c’est la no-zone.

La déchéance du rouquin a commencé en 2013, alors qu’il était endetté malgré les millions amassés pendant sa courte carrière NBA, il devait quitter sa maison du côté de Sammarish, pas loin de Seattle, pour – apparemment – des impayés, mais il a dans un premier temps refusé de ce faire. Lorsqu’il daigne enfin libérer le plancher, les découvertes sont nombreuses et surprenantes : canettes de bière, cartons de pizza, cendars remplis, sacs d’ordures qui ne demandent qu’à craquer et même des excréments de chien. Mais le pire se trouve au sous-sol, avec des armes, des balles et même un lance-grenades, des armes qui ont clairement dû servir car certains murs sont criblés d’impacts. On peut même y trouver des lettres de certaines universités prestigieuses lui proposant une bourse, certaines n’ayant même pas été ouvertes… Comment croire qu’un type serrant la main de David Stern en costard puisse finir dans un tel état ?

Par la suite, l’ancien coéquipier de Johan Petro va également multiplier les infractions, en plus du refus de quitter cette propriété. Il tentera, avec un complice de 28 ans, de commettre un cambriolage en plein jour. S’il voulait passer inaperçu du haut de ses 2m16, c’est loupé. Robert se fait également arrêter un beau matin à 6 heures du tams par la police, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la flicaille a fait des découvertes bien édifiantes : en plus d’avoir élu domicile avec un dealer de drogue notoire de 54 ans (pour qui il jouait les gros bras, cela ne lui posait pas trop de problèmes, Swift a suivi des entraînements de MMA et mesure 2m16, ce qui peut dissuader pas mal de monde), la police retrouve des aiguilles usagées, des bongs et des sachets avec des résidus de drogues, mais également des armes. Vous l’aurez compris, pour Robert Swift, une arrestation pour état d’ivresse, c’est comme toi quand tu oublies de valider ton passe Navigo : une broutille.

Toutefois, il est nécessaire de se mettre à la place du joueur : à l’époque, sa mère se battait contre un cancer et son père ne pouvait plus travailler à cause d’un accident de voiture subi lorsque Rob était gamin. La famille avait besoin d’argent et les parents avaient incité leur fils à rejoindre immédiatement la NBA pour avoir un salaire garanti. Malheureusement, la feel good story tournera au cauchemar. Ce qui ne doit pas étiqueter le géant en tant que vilain. Robert Swift était une personne généreuse et a fait profiter de sa relative fortune à beaucoup de monde. Sauf que lorsqu’il était en galère, ces mêmes personnes ne lui sont jamais venues en aide. Paternel d’un fiston qui ne l’a pas vu pendant des années, il ne sait même pas où il vit. 

L’histoire de Robert Swift fait très froid dans le dos, l’ancien intérieur des Sonics et du Thunder semble avoir collectionné les vices au cours de cette période. Aujourd’hui, il se dit clean et prêt à retrouver le chemin des parquets (il a même été aperçu avec un jersey des Santa Cruz Warriors), mais reste à savoir s’il retrouvera une condition physique digne de ce nom. Car jouer contre des banquiers, c’est bien, mais la NBA c’est une autre paire de manches. En tout cas, même s’il échoue à revenir dans la grande ligue, on peut au moins louer son envie de s’en sortir et d’écrire une nouvelle page, plus glorifiante, de sa carrière et même de sa vie.

Source texte : Sports Illustrated