Celtics 2008 – Une épopée inoubliable : Doc Rivers, la voix qui montre la voie
Le 08 déc. 2017 à 15:41 par Alexandre Martin
2007-08. Il y a dix ans, les Celtics remportaient leur dernier titre, le 17ème de la franchise. Un titre magnifique pour plein de raisons différentes : la façon dont il s’est mis en place, les légendes qui y ont participé, le staff vert ou encore ce groupe celte qui a fait montre d’un collectif et d’une rage de vaincre hors du commun. Le résultat, nous le connaissons tous : 66 victoires et une bague au bout d’une campagne de Playoffs mythique. Une épopée inoubliable…
Cette saison-là, malgré le meilleur bilan en régulière, Doc Rivers n’a pas reçu son deuxième titre de coach de l’année. Pour autant, il a été un artisan incontournable des succès de son groupe tout au long d’un exercice magique pour ce coach à la voix rauque et au caractère bien trempé.
Nous sommes le 17 juin 2008. Le Game 6 des Finales tire à sa fin. Alors qu’il reste encore un peu plus de trente secondes à jouer sur l’horloge, Paul Pierce – qui est sur le banc car le match est gagné pour les Celtics depuis un moment déjà (et donc le titre par la même occasion) – s’approche sournoisement de son coach qui lui tourne le dos car il savoure les derniers instants d’une campagne victorieuse. L’ami Paulo est muni d’un seau contenant du Gatorade et il ne laisse pas le temps au Doc de se retourner. Il lui déverse plusieurs litres de liquide rouge sur la nuque. Rivers se retourne tout sourire, les bras levés vers le ciel et prend son joueur dans ses bras. S’en suit une étreinte qui en dit long sur ce que les deux hommes viennent d’accomplir ensemble.
Ensemble. C’est bien le mot qui caractérise le coaching de Doc Rivers lors de cette fabuleuse épopée 2007-08 pour la maison verte… Alors que le Doc était en poste à Boston depuis trois saisons et qu’il sortait d’une saison bien médiocre, ponctuée de seulement 24 victoires, Danny Ainge aurait pu se dire qu’il valait mieux changer d’entraîneur. Mais le GM des Celtics a préféré faire confiance à son coach en lui chamboulant néanmoins tout son effectif. Paul Pierce était intouchable mais Ainge a quasiment changé tous les joueurs autour en mettant sur pied deux échanges colossaux pour faire venir Ray Allen puis Kevin Garnett. Ce bon Danny a ainsi laissé son coach avec un roster muni d’un Big Three monstrueux mais avec tout un groupe à structurer et des objectifs très élevés. Car Doc le savait : un groupe comprenant The Truth, Jesus Shuttlesworth et The Big Ticket n’est pas destiné à faire de la figuration. Un tel groupe n’a qu’une seule ambition : finir champion.
Et pour finir champion, avoir des joueurs de talent dans son équipe est nécessaire mais loin d’être suffisant. Il faut que le groupe vive bien, qu’il soit très soudé afin de pouvoir résister dans les moments difficiles et briller quand les circonstances sont favorables. Il faut que les stars soient au service du collectif, et inversement. Il faut que chacun connaisse et ait compris son rôle. Oui, il faut tout ça pour espérer aller au bout d’une campagne de Playoffs en NBA. C’est là que Doc Rivers a été très bon. On peut parfois avoir envie de se moquer de son manque de finesse tactique, de son côté chouineur ou du l’absence de pertinence dans ses choix de rotations. On peut… Mais le bonhomme sait faire d’un groupe une brigade de soldats en mission. Il sait parler à ses gars et les toucher au plus profond d’eux-mêmes pour qu’ils donnent tout à chaque fois qu’ils entrent sur un parquet. Cela s’est clairement moins vu depuis qu’il est aux Clippers mais sur cette saison 2007-08, c’est indéniable. Le Doc a pris le groupe tel qu’il était avec ce Big Three tout aussi expérimenté que talentueux mais aussi créé de toutes pièces en l’espace de quelques semaines. Il a tenu compte des qualités et des défauts des role players à sa disposition. Et de ce groupe, il a fait une équipe. De cette équipe, il a fait un champion.
“La chose que tout joueur doit se demander : veux-tu gagner ou sortir du lot ?” — Doc Rivers
Il a parfaitement su bonifier le travail minutieux de Tom Thibodeau pour faire de cette escouade celte la meilleure défense de la Ligue cette année-là (2ème plus petit nombre de points encaissés par match et meilleur rating défensif). Une défense basée autour du Kevin Garnett de 2008 (défenseur de l’année) est toujours plus facile à organiser mais Doc a forcément eu le bon discours. Il a fait comprendre instantanément à ces joueurs qu’ils allaient devoir faire les choses ensemble en défense mais aussi en attaque. Pierce, Garnett et Allen ont tous les trois accepté de voir leurs moyennes au scoring baisser de plusieurs points. Tous les trois ont tourné à un peu moins de 20 unités par soir, laissant ainsi de la place aux Rajon Rondo, James Posey, Leon Powe, Sam Cassell, Eddie House ou encore Kendrick Perkins et Tony Allen. Tous ces gars ont apporté entre 6 et 10 points de moyenne sur la saison ! Ce sont aussi eux qui ont fait de Boston une machine offensive très sérieuse. Et le mérite doit notamment revenir à Doc Rivers. Car quand la marque est aussi bien répartie, quand tout le monde est si bien impliqué, c’est que le coach a nécessairement réussi à faire passer son message à ces joueurs. Il est bien là le rôle premier d’un coach : mener ses hommes, les pousser à dépasser leurs limites, leur montrer la voie du succès.
En 2000, Doc Rivers avait été élu coach de l’année pour sa première saison sur un banc (celui du Magic). Une sorte de petit exploit. Mais sur cet exercice 2007-08, c’est une toute autre performance que Rivers a proposé en faisant fonctionner un groupe constitué en un été, en faisant cohabiter parfaitement trois futurs Hall of Famers, quelques jeunes et des role players confirmés. On peut aimer ou non le Doc, ce qu’il a fait avec ces Celtics est un petit bijou en termes de gestion de groupe. Un petit bijou qui généra un gros bijou, LE bijou suprême du basketteur : une bague.
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