Celtics 2008 – Une épopée inoubliable : et Ray Allen amena ses talents à Boston…

Le 08 oct. 2017 à 19:05 par Alexandre Martin

Ray Allen
Source image : NBA League Pass

2007-08. Il y a dix ans, les Celtics remportaient leur dernier titre, le 17ème de la franchise. Un titre magnifique pour plein de raisons différentes : la façon dont il s’est mis en place, les légendes qui y ont participé, le staff vert ou encore ce groupe celte qui a fait montre d’un collectif et d’une rage de vaincre hors du commun. Le résultat, nous le connaissons tous : 66 victoires et une bague au bout d’une campagne de Playoffs mythique. Une épopée inoubliable…

Après avoir détaillé le travail magnifique de Danny Ainge pour construire ces Celtics 2008, il s’agit aujourd’hui de rendre hommage à un des trois côtés du Big Three monté par le GM celte : Ray Allen. Par sa présence, l’arrière va contribuer dans bien des aspects à sublimer le collectif vert.

Quand il arrive à Boston à la fin du mois de juin 2007, Ray va sur ses 32 ans. Ce qui peut paraître un peu “vieux”, mais il sort d’un très gros exercice à Seattle (plus de 26 points, plus de 4 rebonds et de 4 passes décisives de moyenne). Il sort surtout – et tout simplement – de 11 superbes saisons depuis sa Draft en 1996. Car on ne le répétera jamais assez mais, en six saisons et demie à Milwaukee et quatre et demie à Seattle, Ray-Ray a montré l’arsenal d’un attaquant monstrueux et plus généralement, une palette de basketteur très complet. Titulaire dès sa première saison dans le Wisconsin, on a très vite vu qu’il était une menace offensive de premier ordre, devenant petit à petit l’option numéro une des Bucks en attaque devant Glenn Robinson. Il faut dire qu’Allen sait vraiment tout faire balle en main. Il peut sanctionner de loin évidemment, c’est pour ça qu’il est le plus connu aujourd’hui. Mais il peut driver derrière un écran et agresser le cercle. Et si un big men vient se mettre sur sa route, il ne se gênera pas pour l’écraser d’un gros dunk ou pour l’éviter et finir en finesse. Un shooteur donc mais aussi un slasher, bref un scoreur. L’ami Ray n’a jamais été un créateur extrêmement prolifique, plus un finisseur donc, mais il a tout de même monté sa moyenne au-dessus des 4 passes par soir sur plusieurs saisons, ce qui est respectable et permet à ses coéquipiers de bénéficier de belles positions après qu’il ait fait la différence. Il va régaler les Bucks et leurs fans de 1996 à 2003, sans pour autant assouvir ses envies de titres puisque malgré tous ses efforts, les Daims menés depuis le banc par George Karl et par Allen sur le parquet ne passeront pas le stade des Finales de Conférence (2001).

Et en février 2003, la franchise de Milwaukee finira par inclure son arrière dans un échange avec les Supersonics, juste avant la deadline. Gary Payton et Desmond Mason font le chemin inverse. Ray-Ray quitte donc les Bucks avec le sentiment du devoir individuel accompli mais en laissant clairement derrière lui un goût d’inachevé sur le plan collectif. Son leadership et ses capacités d’adaptation dans un groupe sont même mis en doutes par certains observateurs à l’époque, alors qu’on pouvait tout aussi bien parler du niveau assez moyen du roster l’entourant depuis deux ou trois saisons à Milwaukee. Il arrive du coup à Seattle avec un gros appétit. Il veut prouver qu’à 27 ans, il ne fait qu’entrer dans son prime et qu’il va pouvoir donner encore plus sur les parquets. Ses 24,5 points accompagnés de 5,6 rebonds, 5,9 passes décisives et 1,6 interception lors des 29 matchs pour finir la régulière vont d’ailleurs dans ce sens. Ray Allen est dominant, il est très compliqué de l’empêcher de scorer et il peut contribuer à très haut niveau dans tous les compartiments du jeu. Les saisons suivantes ne feront que confirmer cette tendance. En presque 300 matchs chez les Sonics, Sugar Ray va tourner à 24,6 points de moyenne auxquels il ajoute 4,6 rebonds, 4,2 passes décisives et 1,3 interception. Le tout avec presque 39% de réussite de loin alors qu’il artille plus de 7 fois par match au-delà de la ligne à trois-points. Voilà ce qu’on appelle un client très sérieux. Sauf que les résultats des Sonics eux le sont beaucoup moins… Une seule qualification en Playoffs (en 2005) pour une sortie sans discussion contre les Spurs après avoir dominé les Kings dans le sillage d’un Ray-Ray de gala (32,4 points, 4,6 rebonds, 5,2 caviars et 2 interception de moyenne sur les 5 matchs de la série).

Ainsi, quand Danny Ainge prend contact avec les dirigeants de Seattle vers la fin du mois de juin 2007, il tombe à point nommé puisque du côté des Sonics, on commence à se demander s’il n’est pas temps de passer à autre chose. S’il n’est pas temps de laisser partir ce joueur fabuleux mais vieillissant au moment où sa cote est  la plus élevé, au sortir d’une très grosse saison. Le deal se fit donc très vite et vit alors Ray Allen faire ses bagages pour partir dans le Massachussets. Il fut le premier à rejoindre Paul Pierce pour lancer le plan de Ainge. Et c’est de là que tout part, finalement. Car Allen va se fondre impeccablement dans le moule préparé pour lui au sein de la maison verte. Plus question pour lui d’être franchise player. Il va moins porter la balle, il va être moins mis à contribution parce que Paul Pierce est là, Paul Pierce est celui par qui l’attaque des Celtics passe le plus souvent. Et si la complémentarité entre les deux hommes semblera aussi parfaite, aussi évidente c’est avant tout parce que Ray Allen a tout de suite eu l’intelligence de comprendre son rôle et de mettre ses incroyables qualités individuelles au service du collectif. Et ce dans un but unique : aller chercher une bague, tous ensemble.

Ce bon Ray va se mettre naturellement à jouer beaucoup plus sans ballon. Il va devenir un véritable lézard se baladant allègrement  entre les écrans, un véritable tueur toujours prêt à dégainer en moins qu’il n’en faut pour dire “Three” dès que son défenseur lui laissait un peu de mou. Et cela arrivait souvent car le jeu sans ballon de Monsieur Ray Allen est un modèle du genre, une science du déplacement et de l’utilisation des espaces que seule une poignée de joueurs peut prétendre égaler dans l’histoire de la NBA. Ray va peut-être sur ses 33 ans mais lors de cette saison 2007-08, il va continuer de scorer sérieusement (plus de 17 points par soir) et sans gêner ce monstre de Paul Pierce. Il va continuer de contribuer au rebond et à la distribution et il va se montrer d’une clutchitude acérée à chaque fois que son équipe en aura besoin. Ajoutez à cela une éthique de travail sans faille et vous avez donc là l’acolyte idéal pour Pierce afin de former un duo d’extérieurs alliant parfaitement talent, expérience et mental. Un acolyte qui enverra plus de 20 points par match à 52% au tir dont plus de 50% de loin avec 5 rebonds de moyenne au meilleur moment : en Finales, au mois de juin 2008, contre cet ennemi juré que sont les Lakers et alors qu’il était en duel direct avec un certain Kobe Bryant… Oui, ce genre de performance pèse lourd.

On oublie trop souvent le joueur qu’était Ray Allen avant de devenir un celte et de sacrifier une grosse part de sa production individuelle pour le bien d’un collectif. On oublie trop souvent à quel point il a été déterminant dans les succès celtes. Et même si Rajon Rondo lui en veut à mort d’avoir filé chez le Heat, le fait que Paul Pierce soit enclin à enterrer la hache de guerre montre bien à quel point The Truth a apprécié évoluer aux côtés de Jesus. La façon dont ces deux-là ont réussi à s’apprivoiser, à exploiter les qualités de l’un et de l’autre, à développer des complémentarités ne rend qu’encore plus inoubliable cette épopée des Celtics 2008. 

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