La frustration de Kyrie Irving est liée à LeBron : dans le jeu, dans l’équipe, le King prend trop de place
Le 24 juil. 2017 à 04:59 par Bastien Fontanieu
Si LeBron James est un basketteur royal et un coéquipier d’enfer, la place qu’il prend peut parfois en venir à irriter les autres : c’est apparemment le cas avec Kyrie Irving, le meneur n’ayant plus pu supporter l’omniprésence du King.
Après avoir navigué dans les coulisses du transfert de Paul George qui aurait dû avoir lieu, voici de nouveaux éléments issus de l’excellent dossier signé ESPN, avec Ramona Shelburne, Dave McMenamin et Brian Windhorst à la barre. Dans cette partie tout aussi tendu du bordel autour de Kyrie Irving, les reporters de la firme américaine rapportent leurs informations et les tissent ensemble pour monter la meilleure logique possible. Une qui puisse tenter de dessiner les raisons d’un tel naufrage, une qui puisse tenter d’expliquer le pourquoi du ras-le-bol du meneur. Et c’est justement ce point qui est mis en avant dans l’extrait ci-dessous, un qui mentionne la “dure” vie de bras-droit aux côtés de LeBron. Certes, la possibilité de cartonner collectivement et atteindre trois Finales NBA consécutives pour planter notamment un des plus gros shoots de l’histoire en 2016 à Golden State, mais aussi le quotidien parfois frustrant qu’impose une figure aussi dominante que LBJ. Ajoutez à cela le contexte du retour de LeBron au bled en 2014 alors que Kyrie venait de signer sa prolongation contractuelle, l’immense virage personnel pris par le meneur depuis un an et demi et en ayant enfin la possibilité de voler de ses propres ailes, et vous obtenez un jeune talent demandant forcément un transfert. Pas forcément dans le sens logique de quitter le meilleur joueur au monde, mais forcément dans le sens qu’il avait prévu un Plan A et que le Plan B – aussi chouette fût-il – arrive à sa fin. Extrait.
Irving était fatigué de rester Robin pendant que LeBron était Batman. Fatigué de voir une superstar, même une des plus grandes de l’histoire, qui puisse contrôler son avenir. Oui, il avait énormément appris de LeBron en jouant trois saisons avec lui. Oui, il en était reconnaissant. Mais Irving sentait qu’il était temps de contrôler sa propre destinée. Il voulait être le noyau d’une équipe, comme il pensait le devenir il y a trois ans, lorsqu’il avait signé une prolongation de 5 ans à Cleveland. C’était seulement 11 jours avant que LeBron n’annonce son retour à la maison.
Lors des mois précédents, les Cavs s’inquiétaient de l’état d’esprit de Kyrie. Ils savaient que le meneur était devenu mécontent devant cette place de second rôle au sein de l’équipe. David Griffin avait eu plusieurs discussions avec Irving pendant l’année, comme le confirment plusieurs sources, le GM essayant de trouver un moyen d’arranger la situation. Mais Kyrie était devenu énervé, les double-effets de l’excellence et de la place prise par LeBron le fatiguant. Les Cavs avaient pu se débrouiller avec cela jusqu’ici, espérant continuer ainsi.
Mais plusieurs sources indiquent que le mécontentement de Kyrie venait du jeu en lui-même, à la base. En tant que talent exceptionnel, James contrôlait la balle plus que n’importe quel autre ailier – peut-être – de l’histoire. Ce qui signifiait que la balle était hors des mains d’Irving, bien plus qu’il ne le voulait. Ceci dit, Irving mena les Cavs en tirs tentés sur la saison 2016-17 avec 1,5 tirs de plus que James, et le meneur tourna à une moyenne de 25,9 points, un record personnel. C’était la première fois de la carrière de LeBron qu’il ne menait pas son équipe en nombre de tirs tentés.
Mais des raisons additionnelles expliquaient aussi la frustration de Kyrie. Randy Mims par exemple, ami proche de James, avait un poste dans le staff des Cavs et pouvait prendre l’avion avec l’équipe, alors qu’aucun autre ami proche d’Irving ne pouvait obtenir la même opportunité.
C’est qu’on oublie souvent cette histoire contractuelle, celle d’un Kyrie qui souhaitait continuer sur l’expansion de son image avec notamment Uncle Drew au premier plan de sa propre boutique. Sportivement parlant, difficile de demander mieux qu’un LeBron pour jouer à ses côtés et avec qui apprendre. Irving l’a dit et le redira, avoir un des meilleurs joueurs de l’histoire en tant que capitaine fût un tremplin incroyable dans sa carrière. Mais s’il y a bien une chose qu’on a pu apercevoir, que ce soit à la fin de l’épisode Miami ou les récentes décisions de Dan Gilbert, c’est que le cyborg prend quand même pas mal de place au quotidien, que ce soit dans les décisions, dans sa communication et son envie de gérer un paquet de choses. Ce qui a été souvent défendu, compte-tenu de l’excellence de son jeu et de sa vision du basket, mais peut vite gonfler certains. Surtout quand ces certains ont un talent fou. Pat Riley était le dernier à avoir voulu tenir tête au clan James, c’est un départ vers Cleveland qui a été acté quelques semaines plus tard. Même chose pour le proprio des Cavs qui a laissé LBJ faire ses emplettes depuis son retour, après trois bonnes années open-bar le Gilbert a voulu tout verrouiller pour rappeler qui était et est le patron. Non pas qu’on le défende, ni lui, ni Kyrie, ni LeBron, mais s’il faut tenter de comprendre tous les éléments du dossier, il faut aussi accepter la lourdeur qu’un géant comme LeBron impose. Tous les plus grands l’ont d’ailleurs imposé avec lui, ce qui a créé bien des embrouilles dans l’histoire de la Ligue. Hein mon Jojo, hein mon Kobe.
Les détails croustillants continuent de tomber sur l’affaire Kyrie Irving. Prochaine étape, les textos échangés ? La vraie histoire derrière le départ de David Blatt ? On attend sagement, comme le futur transfert de Kyrie.
Source : ESPN