Retour sur la carrière de “Sweet” Lou Hudson : un jumpshot de rêve dans les rues d’Atlanta

Le 11 juil. 2017 à 13:00 par Bastien Fontanieu

Lou Hudson
Source image : Pinterest

Il n’est pas au Hall of Fame, n’a pas de statue à son nom, ne voit pas une journée de l’année célébrée en son honneur, mais Lou Hudson est bien une légende du jeu : “Sweet” Lou, c’était plus qu’un poignet en or.

Merveilleuse époque, celle des années 70. Entre pantalons pattes d’eph, afro on fleek et aviators posées sur le nez, il était difficile de ne pas avoir un style boosté au maximum pendant cette belle décennie. Mais s’il y a bien un aspect qui fût magique dans le monde du basket, ce fût la distribution des surnoms à chaque joueur majeur. Julius “Dr J” Erving, “Pistol” Pete Maravich, Connie “The Hawk” Hawkins, Walter “Clyde” Frazier, George “Iceman” Gervin : tous les plus grands avaient droit à leur nickname. Et Lou Hudson faisait bien partie de ce groupe, des darons du circuit, enchaînant les filoches sans que les défenseurs puissent faire quoi que ce soit. “Sweet” Lou était une gâchette tellement belle que le surnom lui allait comme un gant, car chaque jumpshot pris par le natif de Greensboro en Caroline du Nord était un bonbon sucré, calé dans la joue sous un soleil d’été. Formé à l’Université du Minnesota où son maillot fût retiré plus tard, Hudson tourna en 25-11 sans forcer, avant de décider de rejoindre la NBA. Son tir et son jeu tout en polyvalence au poste d’arrière étaient bien trop alléchants pour des Hawks qui étaient en pleine transition. Un pied à St Louis, un autre en plein Atlanta, la franchise savait qu’elle allait devoir s’installer in the A mais il lui fallait au moins une star pour attirer l’attention. Et si la plupart des fans se souviendront de Pete Maravich, arrivé en 1970, c’est bien Hudson qui assurera le déménagement et marquera les premiers points des Hawks dans leur nouvelle ville, celle qu’on connaît aujourd’hui.

“Dès que “Sweet” Lou mettait un pied dans le stade, il était à bonne distance pour marquer.” – Bill Bridges – coéquipier

Et à Atlanta ? Quel bordel ce fût, notamment pour les défenseurs qui se pointaient dans l’enceinte de Georgia Tech, avant l’arrivée de l’Omni Coliseum. Sept saisons de suite à plus de 20 points de moyenne pour Hudson, six saisons de suite en tant qu’All-Star, son duo avec Maravich donnait le tournis aux adversaires et la gloire semblait actée pour ces nouveaux Hawks d’Atlanta. Malheureusement, la mayonnaise ne pris pas plus loin qu’en demi-finale de conférence, ce groupe jeune et excitant tombant face à l’expérience de franchises plus carrées et un exode massif de joueurs prometteurs vers la ABA. Sauf que Hudson, lui, s’en foutait royalement. Buckets sur buckets, il enchaînait en dormant, avec une efficacité dingue. Car quand on vous appelle “Sweet” Lou, vous avez plutôt intérêt à être adroit : seuls Michael Jordan, Adrian Dantley et David Thompson sont les autres arrières à avoir terminé leur carrière à minimum 20 points de moyenne et 49% de réussite au tir. Une mécanique qui rendrait fier chaque horloger suisse, sans avoir les qualités athlétiques des trois zozos mentionnés à l’instant. Transféré aux Lakers pour y finir sa carrière, le sniper était forcément triste de ne pas pouvoir réaliser toute son aventure en NBA sous un seul maillot, lui qui mettait la loyauté et la confiance au centre de son système.

”J’ai adoré jouer tout au long de ma carrière. J’ai été loyal envers mon équipe. J’ai tout donné, chaque soir, au maximum de mes capacités, car j’aimais ce jeu. Nous n’avons peut-être pas gagné de titre, mais je n’ai pas de soucis avec ça. Car ceux qui ont une bague, je leur dis souvent ceci : tu as peut-être gagné un titre, mais tu n’étais pas aussi bon que moi sur le terrain.”

Une assurance en ses capacités qu’il transmettra aux plus jeunes par la suite, en créant son propre programme basé sur l’enseignement et le jeu. Une force intérieure qui lui permettra aussi de vaincre un premier incident cardiaque en 2005, avant de finalement tomber sous une deuxième attaque en avril 2014. Lou avait 69 ans, il s’était reconverti de la plus belle façon en devenant le premier élu municipal afro-américain dans l’Utah, tout en continuant à aider les plus petits. Preuve de ses efforts généreux, l’association des joueurs retraités en NBA l’avaient nommé Humanitarian de l’année en 2003. Aujourd’hui ? Son maillot flotte dans la Philips Arena, aux côtés de Bob Pettit et Dominique Wilkins. Une légende de St-Louis, une d’Atlanta, et le lien parfait entre les deux au milieu.

Lou Hudson n’est pas au Hall of Fame, mais lui n’en avait rien à faire. Ce qu’il voulait, c’était se donner à fond, représenter sa franchise et enchaîner les perles à mi-distance. “Sweet” Lou, qu’on le veuille ou pas, c’est une légende dans l’histoire d’Atlanta.