Le meilleur moyen d’effacer un cauchemar en Finales NBA, c’est de les dominer l’année suivante

Le 04 juin 2017 à 19:52 par Alexandre Martin

Finales NBA Spurs
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Quand le sport – quel que soit celui qu’on pratique – atteint un très haut niveau, il est tellement difficile de rester au top (si tant est qu’on y arrive) que parfois tout s’écroule. Parfois, tout semble inexorablement se dérober sous les pieds des gars qui dominaient si peu de temps auparavant. La NBA n’échappe pas à cette règle surtout une fois venu le temps des Playoffs et plus particulièrement des Finales. Ce qui est arrivé aux Warriors en 2016 est exactement dans cette lignée. Ils ne sont pas les seuls et l’histoire montre bien que le seul moyen d’oublier reste la victoire. Si possible dès l’année suivante…

La saison dernière, après une régulière fabuleuse – la plus grande de l’histoire avec 73 victoires – les Warriors ont débarqué en Finales NBA. Des Finales dont ils étaient les grands favoris en tant que champions en titre. Des Finales au cours desquelles ils ont mené 3-1, des Finales qui leur étaient promises, des Finales qu’ils ont perdu et qui les hantent depuis. Ils sont de retour en Finales cette année et ce, pour la troisième année d’affilée. Leur unique but est le titre bien évidemment mais ils ont aussi en tête d’effacer ce souvenir horrible que doit représenter 2016 dans leurs têtes. Voici trois exemples marquants d’équipes ayant parfaitement su rebondir après un échec cuisant et frustrant. Des équipes qui, après avoir échoué en Finales dans des circonstances très dures à avaler, se sont remises tout de suite en ordre de marche pour retourner en Finales, y retrouver le même adversaire et triompher sans aucune ambiguïté. Trois exemples qui doivent servir d’inspirations à ces Warriors 2017.

Lakers 1985 : la revanche de Magic et du Showtime

A l’époque, en 1984, Larry Bird et Magic Johnson sont au top de leurs formes. Ils dominent la Ligue sans partage et ont déjà été champions une fois chacun. Les Lakers vont rouler assez tranquillement sur l’Ouest. Ils arrivent en Finales pour la troisième année consécutive (victoire en 1982, défaite en 1983) et y affrontent leurs ennemis verts. Cette série sera très accrochée et sera marquée par les occasions manquées par les Angelinos notamment avec quelques erreurs tout aussi grossières qu’inhabituelles de la part de Magic. Que ce soit au match 2 ou au match 4, le meneur au sourire aussi large que Venice Beach passera plusieurs fois au travers dans de moments cruciaux, permettant ainsi aux Celtics de gagner et d’égaliser dans la série alors que les Lakers semblaient tenir le bon bout. Et la série dût se décider lors d’un Game 7. Actif (15 passes décisives, 5 rebonds et 4 interceptions) mais également très maladroit (7 pertes de balle, 5/14 au tir), Magic se fit bêtement piquer la balle par Dennis Johnson dans la dernière minute alors que les pourpre et or étaient menés de trois unités. Cette action tua définitivement le match, donc la série, donc le suspense pour le titre qui a atterri dans les mains de Larry Bird et consorts.

Plus tard, Magic revint sur cette série en parlant du “titre que nous aurions dû gagner mais que nous avons perdu”. Mais si le meneur au numéro 32, considéré par beaucoup comme le meilleur passeur de l’histoire, ne parait pas garder un souvenir trop amer de ces Finales ratées, c’est parce qu’elles ont très vite été repoussées au second plan. Tout simplement parce que l’année suivante, en 1985, les Lakers vont à nouveau batailler avec les Celtics en Finales. Bird vient encore d’être élu MVP de régulière et c’est Boston qui a gagné le plus de matchs sur tout l’exercice. Mais ce sont bien les Angelinos qui ont le plus faim de titre et ils ne laisseront pas passer leur chance cette fois-ci. Une victoire autoritaire en six matchs avec un triomphe assuré à la maison devant leur public dans le sillage d’un Kareem Abdul-Jabbar monstrueux malgré ses 38 ans (25,7 points, 9 rebonds, 5,2 passes décisives, 1 interception et 1,5 contre de moyenne sur la série) et un Magic “Johnsonesque” avec plus de 18 points, presque 7 rebonds, 14 caviars et 2 interceptions par match. Trois ans après leur dernier titre et surtout un an après les Finales ratées 1984, les Lakers sont à nouveau champion. Le mauvais délire de l’année précédente est oublié.

Pistons 1989 : un sweep en guise de représailles

En 1988, les Pistons ont fini deuxième de l’Est. En Playoffs, ils ont balayé les Bulls du MVP Jordan en demi-finales de Conférence puis se sont offerts le scalp des Celtics avant de filer en Finales NBA pour la première fois depuis qu’ils étaient installés à Detroit. Face à eux, les Lakers de Magic, Worthy et Jabbar, champions en titre. Mais il en faut bien plus pour impressionner cette escouade désormais appelée les Bad Boys et décriée à travers toute la Ligue. Décriée mais tellement efficace et soudée sur les parquets qu’elle était également crainte. Dans le sillage d’un Adrian Dantley inspiré au scoring et surtout d’un Isiah Thomas magnifique à tous les niveaux, les Pistons vont se retrouver à mener 3-2 dans la série. Ils semblaient en parfaite maîtrise et tout à fait capable de clore l’affaire dès le match 6 dans le mythique Forum d’Inglewood à Los Angeles. Sauf que pendant le match 6, Zeke va se blesser assez sévèrement à le cheville (entorse). Malgré la douleur, il va jouer, comme un héros. Il va même aller jusqu’à poser un record NBA avec 25 des ses 43 points en un seul quart-temps.

Mais ce sont bien les Lakers qui vont remporter d’un point (103-102) cette rencontre fatidique grâce à deux lancers d’Abdul-Jabbar suite à un coup de sifflet très controversé sur Bill Laimbeer. Lors du match 7, les Angelinos finiront le boulot de justesse (108-105) profitant du fait notamment qu’Isiah Thomas ne pouvait jouer à 100% de ses capacités (et d’un James Worthy intenable également…). Un sentiment d’aigreur bien acide a dû envahir la franchise, la ville de Detroit et carrément tout le Michigan en ce 21 juin 1998. Et c’est clairement là-dessus que les Pistons se sont appuyés pour revenir encore plus fort la saison suivante. 63 victoires et meilleur bilan de la Ligue. Les Celtics au premier tour de Playoffs ? Un sweep sans appel. Les Bucks ensuite. Un sweep. Les Bulls en Finales de Conférence ? 4-2 sans discussion. L’Est dévoré, Thomas, Dumars, Rodman, Mahorn, Salley, Aguirre, Laimbeer et toute la brigade ont filé en Finales pour y retrouver les Lakers qui venaient de sweeper l’Ouest avec un Magic tout fraîchement élu MVP de régulière à la baguette. Mais, lors de cette ultime série, ce sont les Lakers qui vont se faire sèchement sweeper. Les Pistons étaient trop forts, trop physiques, trop costauds en défense, trop méchants, trop déterminés, trop affamés… Les hommes de Chuck Daly ne vont faire qu’une bouchée de la bande de starlette d’Hollywood et vont faire d’une pierre deux coups : revanche cinglante pour oublier l’année précédente et premier titre de l’histoire de la franchise.

Spurs 2014 : pouvoir prononcer le nom Ray Allen sans trembler

Les faits sont beaucoup plus récents que ceux précédemment évoqués donc nous les avons tous encore en tête. Toujours est-il que ce qui est arrivé aux Spurs lors du match 6 des Finales en 2013 tient clairement du cauchemar basketballistique. On se souvient tous que les Spurs menaient 3-2 dans la série et étaient largement devant au score dans le dernier quart de ce fameux sixième match. On se souvient tous que LeBron James a porté son équipe sur ses larges épaules pour lui permettre de recoller progressivement. On se souvient tous de ce trois points manqué par le King, de ce rebond capté par Chris Bosh, de cette balle envoyée à Ray Allen. On se souvient tous de ce tir primé que RayRay a planté pour arracher la prolongation et faire basculer la série.

Là, nous sommes évidemment tout en haut au niveau cauchemar. Tout aussi haut que le niveau de jeu que vont proposer les Spurs la saison suivante du début à la fin de la régulière, en Playoffs et avec un point d’orgue en Finales durant lesquelles les Texans vont imposer une leçon de basket au Heat. Circulation de balle léchée, qualité de shoot insolente, rotations parfaites, coaching ciselé… San Antonio va plier les Finales 2014 en 5 matchs : quatre blowouts et une défaite de deux points au deuxième match. Des Finales qui vont venir cautériser la plaie laissée par celles de 2013 comme le dira Tim Duncan en toute simplicité :

“Cela rend l’année dernière ‘OK’.”

Les Warriors ont entamé ces Finales 2017 de la meilleure des manière mais la route qui mènent à la rédemption est encore longue et semée d’embûches appelées LeBron James ou Kyrie Irving notamment. Stephen Curry et compagnie ont l’air lancés. Peuvent-ils surfer sur la lancée de ce premier match parfaitement maîtrisé pour aller au bout sans encombres ? Pour s’installer à nouveau sur le fauteuil de boss de la NBA un an après avoir raté le coche ? Le match 2 de cette nuit nous donnera d’autres éléments de réponse à ces questions…