Nicolas Batum s’ouvre sur ses Jeux ratés : dégoût, la honte, retour sur de lourds aveux
Le 14 sept. 2016 à 11:43 par Alexandre Martin
Dans un interview parue dans L’Equipe aujourd’hui, Nicolas Batum est revenu en détail sur ses Jeux Olympiques ratés aussi bien collectivement qu’individuellement. La pilulle a visiblement du mal à passer et la remise en question est bien présente du côté de l’ailier des Bleus et des Hornets. Il s’est exprimé sans ambiguité sur ce qui s’est passé à Rio et sur la façon dont il l’a vécu.
Il est clair qu’on attendait beaucoup mieux de cette équipe de France championne d’Europe en 2013 et médaillée de bronze au Mondial 2014 ainsi qu’à l’Euro 2015. Il est clair qu’on aurait voulu voir un Nico Batum bien plus agressif, pesant plus sur le jeu des Bleus. La déception est incontestable et notre Batman national ne s’en cache pas quand il lui est demandé de tirer un bilan des Jeux :
Très décevant. C’était peut-être notre tournoi le plus important et on n’est pas rentrés dedans. On était un peu trop confiants, du style “c’est bon, on se connaît, ça ira, on sera prêt le jour J.
Une critique d’un point de vue collectif mais, sur un plan personnel, Nico ne s’épargne pas, loin de là :
Cela a été peut-être ma pire compétition en huit ans.
C’est ce que j’ai dit à la fin du match contre l’Espagne et qui a fait jaser. Depuis l’année dernière, je ne sais pas forcément ce que je dois faire. Depuis que je suis dans le basket pro, j’obéis presque bêtement au rôle qu’on me donne […] En équipe de France, quand je suis arrivé en 2009 on m’a dit « Nico, tu es le lieutenant de Tony (Parker), tu es deuxième option offensive. » J’ai fait ça. Mais depuis deux, il y a eu un remaniement du cinq et l’explosion de Nando (De Colo). Ce n’est surtout pas contre Nando hein ! Depuis trois ans je n’arrête pas de dire que c’est mon joueur préféré et il mérite d’être là-haut. Le mec, il a pris tous les trophées individuels et collectifs en Europe cette année.
De toute évidence, le rôle de Batum au sein du 5 majeur était clairement réducteur par rapport aux capacités du bonhomme. Conscient de ça, il a même proposé un changement radical dès le début du tournoi :
J’ai demandé à sortir du cinq majeur de l’équipe après l’Australie. […] J’ai dit: « Ca ne marche pas. » […] Je suis un playmaker aussi maintenant. Cela fait quatre ans je fais des passes. Je crée… […] Mais c’est ce que je ne peux pas faire en équipe de France où dans ce rôle-là, dans le 5 de départ, on a déjà Tony et Nando.
Mais, le Français ne compte pas s’abriter derrière des excuses liées à la tactique, il aurait pu et dû faire avec. Il le sait, il s’en veut et il va lui falloir un peu de temps pour digérer et repartir du bon pied :
Là où j’ai été fautif, c’est que j’aurais pu passer au-dessus de ça, au lieu de me prendre la tête. Je sais jouer ce jeu, c’est comme ça que j’ai commencé au haut niveau. Là c’est de ma faute et je m’en veux énormément.
Quand je suis rentré en France, je n’était pas bien du tout. Je me suis cloîtré pendant une semaine. […] Je me sentais vraiment mal. Ce gâchis, cette honte. Je ne voulais surtout pas sortir ! Je l’ai vraiment pris personnellement car je pars du principe que si Batum fait son boulot, l’équipe de France gagne.
Et non seulement cette grosse contre-performance fut (et sera) difficile à bien digérer mais, en plus, les critiques des médias qui se sont abattues sur lui l’ont été également même si elles furent assez compréhensibles et inévitables. Nico se défend d’être une diva, il considère qu’il n’a pas fait le boulot mais il affirme toujours penser au groupe d’abord et jamais à son cas personnel en premier :
Combien de mecs, titulaires, avec 125 sélections, les médailles gagnées, une place dans le meilleur 5 de la coupe du monde il y a 2 ans, un contrat de 120 millions de dollars, vont voir le coach et lui disent: « Sors-moi du cinq, c’est mieux pour l’équipe ? » Qu’on me fasse passer pour une diva, ça m’énerve un peu. Je voulais sortir du cinq pour le bien de l’équipe et avoir moi, un meilleur impact, en entrant dans un autre rôle.
D’un point de vue des rotations, l’idée de voir Batum sortir du banc n’était pas forcément mauvaise et aurait pu être tentée par un Vincent Collet lui aussi largement dépassé par les événements il faut le reconnaître. Pour autant, si son nombre de sélections, sa place dans le meilleur 5 du dernier Mondial ou son gros contrat en NBA peuvent garantir à Nico Batum un certain crédit, il n’a pas d’excuse pour la nonchalance et le manque d’envie dont il a sembler faire preuve tout au long de la compétition et notamment contre l’Espagne. A 28 ans et avec le bon bout de carrière qu’il a déjà derrière lui, notre Nico doit montrer plus, beaucoup plus. Et ce, quelque soit les circonstances ou les plans de jeu.
Avec la retraite internationale de Tony Parker, il faudra bien plus que l’ascension de Nando De Colo pour permettre à l’équipe de France de repartir dans la bonne direction après ces Jeux ratés. Il y a des jeunes de talents et qui ont faim de maillot bleu mais ils vont avoir besoin de suivre un exemple. Nicolas Batum peut-il être l’un des guides dont ces Bleus ont besoin ? La remise en question actuelle va-t-elle lui faire passer un nouveau cap ? On l’espère…
Source : L’Equipe
Source image : France TV