“Ceux qui ne respectent pas Kevin Durant sont des crétins” : Coach K, maire de la zone de confort

Le 15 août 2016 à 04:53 par Bastien Fontanieu

Kevin Durant

S’il y en a bien un qui peut comprendre la décision de Kevin Durant cet été et souhaite le protéger pendant le stage avec l’armée américaine, c’est Coach K. L’entraîneur de Team USA s’est ouvert publiquement sur ses récents échanges avec KD.

L’avantage de pouvoir bosser avec de tels athlètes pendant une compétition olympique, c’est qu’on a du temps pour pouvoir les connaître en personne. Pas simplement leur demander s’ils peuvent lever les bras en défense et boxer au rebond, il y a aussi l’humain qui importe et surtout dans la philosophie de Mike Krzyzewski, stratège intouchable de l’Oncle Sam. Depuis une dizaine d’années, Coach K côtoie Durant car l’ailier a intégré le programme de son pays dès le plus jeune âge, et il a donc pu voir l’évolution du garçon sous ses propres yeux. En 2010 lors du Championnat du Monde, en 2012 pendant les Jeux Olympiques de Londres, deux stages approfondis qui ont permis à Krzyzewski de connaître un peu mieux le numéro 35 et donc de cerner le personnage. Mais du coup, en voyant le jeune adolescent bourré de potentiel devenir un jeune homme prenant des décisions majeures pour sa carrière, Mike a pu discuter en toute intimité de ce qui s’est passé début juillet, avec ce changement soudain et fortement critiqué de l’extérieur, un jump inattendu entre Oklahoma City et Golden State. Dans un long entretien diffusé sur Sports Center il y a quelques jours, Coach K a partagé plusieurs de ses conseils, et en a profité pour remettre quelques vilains fans à leurs places.

Ce match à l’Oracle, je voulais que ce soit spécial pour lui car je sais que c’est une personne sensible. Il ne veut pas forcément que les gens l’apprécient, mais au moins qu’ils le respectent. Et je sais que cette décision cet été l’a pas mal chamboulé, on en a parlé. Je lui ai mentionné plusieurs choses importantes, le fait notamment qu’en étant aussi bon les gens vont forcément le critiquer. Il y en a qui vont le haïr car il gagne, mais imaginons qu’il soit devant cinquante lettres, il ne doit pas laisser un message négatif ruiner les quarante-neuf autres positifs. Et la nature veut qu’on va hélas réagir ainsi, jusqu’à ce qu’on parvienne à devenir insensibles en quelque sorte. Il est justement dans cette phase, beaucoup de monde va lui en vouloir à cause de sa décision. Je lui ai demandé s’il était content d’avoir choisi cette équipe et il m’a dit oui, je lui ai donc répondu qu’il n’avait pas à satisfaire qui que ce soit d’autre. Et je pense que cette discussion l’a aidé. […] Je lui ai tout de même ajouté ceci. Même les gens qui disent ne pas t’apprécier, ils te respectent. Et s’ils ne te respectent pas, ce sont des crétins. Car à ce moment-là, ils ne respectent pas l’excellence. Et tu sais quoi ? Tu es excellent, t’es le meilleur. Donc s’ils n’aiment pas ça, c’est concevable, mais ils devraient te respecter. Et c’est ce qu’un compétiteur devrait vouloir obtenir.

L’insensibilité dont Krzyzewski parle sera justement intéressante à regarder lors des prochains mois, car celle-ci est grandement accélérée par les succès collectifs. On l’avait notamment vu en 2011 lorsque LeBron avait échoué pour sa première Finale sous le maillot du Heat, le cyborg avait du mal avec les critiques extérieures et la conférence de presse en sortie de défaite était rentrée au panthéon des moments les plus sombres de la carrière de James. Derrière ? On connaît l’histoire par coeur, les bagues et la rédemption, les trophées et donc… le respect de tous, ce qui manque justement au CV de Durant. Car en terme de basket pur, il est en effet inconcevable de jouer à l’aveugle et nier le talent de Kevin Durant. Après tout, on a plus ou moins un des meilleurs attaquants de l’histoire sous nos yeux, qu’on aime ou pas ses décisions personnelles. Mais entre les ratés avec OKC, ses embrouilles avec les médias et cette décision estivale qui n’a fait que rajouter du bois sur le feu, l’ailier n’a pas rendu sa tâche aussi facile qu’imaginé. Restera donc cette mission, presque anesthésiante, qui consiste à marcher sur la compétition et donc gagner le respect en terminant tout seul sur le trône des champions. Un challenge qu’il ne pourra refuser, et qui le suivra pendant de longues années s’il échoue.

Ne pas respecter Kevin Durant pour ses pures qualités sportives relève en effet de l’idiotie, car le numéro 35 est un génie du scoring. En ce qui concerne ses choix d’équipes cependant, chacun son avis : il y a ceux qui soutiennent la zone de confort, et ceux qui auraient préféré le voir refuser les avances de l’ennemi. Deal with it.

Source : ESPN

Source image : YouTube – Team USA Live


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