Explosion du salary cap bienvenue mais attention… situations compliquées en vue

Le 16 juil. 2016 à 18:06 par Alexandre Martin

Mike COnley

DeMar DeRozan : 139 millions sur 5 ans. Bradley Beal : 128 millions sur 5 ans. Al Horford : 113 millions sur 4 ans. Nicolas Batum : 120 millions sur 5 ans… Mike Conley : 153 millions sur 5 ans ! Voici le genre de folies que viennent de se permettre les General Managers de la Ligue grâce à l’explosion du salary cap entre la saison qui vient de s’écouler et celle qui arrive. Oui, c’est le marché qui veut ça mais cela reste des folies. Peut-être pas si graves dans certains cas mais qui pourraient se révéler catastrophiques dans d’autres. Car quand on investit une très grosse somme d’argent – et donc un très gros pourcentage de sa masse salariale – sur un seul joueur et sur le long terme, on a intérêt à ne pas se tromper…

À la décharge des membres des front offices de la Ligue – notamment les GM – reconnaissons que passer de 70 à 94 millions comme ça d’un coup, ça peut donner des envies. Envie de claquer le fric, de sécuriser les gros joueurs coûte que coûte, envie d’aller faire des propositions à peine décentes à Kevin Durant aux meilleurs éléments des équipes adverses les plus coriaces. Et le problème, c’est qu’avoir les moyens un jour ne veut pas dire avoir les moyens pour toujours. Payer très cher un basketteur n’est pas du tout l’assurance d’obtenir en retour de grosses performances sur les parquets et un impact immédiat sur les résultats de l’effectif.

Franchement, Bradley Beal est-il un joueur max ? La question se pose bien évidemment aussi pour Chandler Parsons, Harrison Barnes et d’autres. Les Wizards ont-ils vraiment raison de placer près de 25% de leur masse salariale sur un arrière qui est certes jeune et bourré de talent mais dont l’intégrité physique peut clairement être remise en question vu le nombre de matchs qu’il a manqué récemment pour des soucis de fracture de fatigue notamment ? Qu’en sera-t-il quand il va falloir re-signer John Wall ? Le soit-disant meilleur backcourt de NBA va-t-il prendre 50% de la masse salariale des Wizards ? Est-ce un modèle auquel nous devons nous attendre dans de plus en plus de roster ? Autre exemple encore plus frappant : Mike Conley. 153 millions sur 5 ans ! Ok, Memphis ne voulait surtout pas le perdre d’autant plus qu’il aurait été très compliqué de le remplacer. C’est un fait. Mais pourquoi ne pas avoir négocié un peu ? Pourquoi mettre le maximum sur la table aussi vite même si vous en avez les moyens ?  Le revers de la médaille pourrait être assez violent pour des Grizzlies qui viennent donc de poser, pour le coup, plus d’un quart de leur salary cap sur Conley. Ce meneur sobre et capable de tout faire sur un terrain était souvent décrit comme sous-estimé et va directement passer dans la catégorie des surcotés en termes de contrat. Pas forcément évident à assumer même s’il s’en défend et se dit prêt pour ce défi. Pas sûr non plus que cela lui soit si bénéfique finalement et encore moins aux Grizzlies sur le moyen terme.

Les Oursons ont également mis le paquet sur Parsons et se retrouveront dans deux saisons avec près de 80 millions de dollars en salaires annuels sur trois joueurs : Conley, Parsons et Marc Gasol. Et ce, alors que le cap ne sera “que” aux alentours de 115 millions selon les premières estimations. Car selon le site Basketball Insiders, si le cap explose cet été, les prévisions pour 2017-2018 ne sont pas aussi dingues que prévues. On a donc 94,1 millions pour 2016-2017, c’est acté. Mais, alors qu’on parlait déjà de 107 voire 108 millions pour la saison suivante, il serait plus raisonnable de tabler sur 102 millions ce qui reste une belle augmentation. Pour autant, quand vous en donnez déjà 22,5 à Gasol, 23 à Parsons et 28,5 à Conley, il ne vous reste plus tant que ça pour finir votre roster à moins bien sûr de puiser dans les exceptions et autre Bird Rights. Cela permet de bricoler et construire un effectif très compétitif mais cela implique de payer de belles sommes en Luxury Tax. Pas sûr que ce soit vraiment ce que le propriétaire des Grizzlies veuille. Sauf qu’en attendant, il faut jouer, il faut gérer les rotations et avoir des résultats… Donc attention à ne pas se retrouver “coincé” avec des contrats difficiles à échanger et des joueurs pas forcément au niveau de leurs salaires.

Dans des proportions moindres, les Celtics – avec leurs envies de grandir bien compréhensibles – ont offert le jackpot à Al Horford. L’ex Gator est un intérieur très technique, moderne et intelligent : il va très bien coller dans les plans de jeu de Brad Stevens. Mais est-il le franchise player dont Boston a besoin ? Est-il vraiment un joueur max lui aussi ? Est-il vraiment un joueur qui change la face d’une équipe ? En plus, il a déjà 30 ans et a une fâcheuse tendance à se blesser régulièrement. L’avantage qu’ont les Celtics est qu’ils n’avaient aucun très gros salaire avant de signer Horford. Ils sont donc encore dans les limites du cap à ce jour et peuvent envisager de mettre en place un échange pour faire venir une autre “star” sans rentrer dans la Luxury Tax. Mais il n’empêche qu’à 33 ans, Horford aura devant lui une année de contrat à plus de 30 millions. Et ça, il faudra l’assumer surtout si, comme dit précédemment, l’augmentation du cap se calme un peu.

C’est donc tout le problème avec ce salary cap qui explose assez soudainement. On avait beau l’anticiper, les GMs le savaient mais tant que vous n’y êtes pas vous ne pouvez pas vraiment en profiter et quand vous y êtes, en profiter de manière trop débridée peut s’avérer très dangereux. Comme en plus les franchises doivent utiliser au moins 90% de leur salary cap, le dilemme est entier dans un été de transition comme celui que nous vivons actuellement. Cela pousse à la dépense alors que les joueurs sur le marché ne valent pas autant que l’espace qu’on peut leur accorder en termes de masse salariale. Bref, avoir de l’argent à claquer c’est bien mais encore faut-il le faire de manière sensée, sans compromettre l’avenir et en se gardant de la flexibilité. C’est ce qu’a voulu faire Pat Riley et cela lui a coûté Dwyane Wade… Les Spurs n’ont eu d’autre choix que de donner 14 millions à Manu Ginobili sous la pression d’une offre des Sixers… Les Warriors ont pu faire en sorte de payer Kevin Durant et de l’attirer dans leurs filets grâce à cette explosion du cap.

La NBA vit clairement son âge d’or au niveau business. Mais un âge d’or ne dure pas éternellement et le rôle des General Managers et de leurs staffs est d’anticiper au moins à moyen terme car les joueurs vont s’habituer très vite à ces contrats parfois démesurés. Et le salary cap lui, n’augmentera pas de 34% tous les ans…

Source image : Twitter / @TroopUP


Tags : Salary cap