Nando De Colo sur le toit de l’Europe : MVP adoubé, doit-il vraiment retourner en NBA ?
Le 16 mai 2016 à 22:53 par Benoît Carlier
Passé par San Antonio et Toronto entre 2012 et 2014, Nando De Colo n’a jamais eu l’occasion de briller de mille feux chez l’Oncle Sam et il avait préféré rentrer en Europe pour gagner des titres avec le CSKA Moscou. Aujourd’hui la donne a peut-être changé avec son récent sacre individuel et collectif en Euroleague, et toutes les hypothèses sont désormais permises concernant la suite de la carrière du frenchie.
Très vite, il avait annoncé la couleur. Meilleur représentant français lors de l’EuroBasket 2015 organisé chez lui dans le Nord, Nando De Colo avait fait comprendre à la concurrence qu’il allait falloir compter sur lui cette saison. Fort d’une médaille de bronze et d’une place dans le meilleur cinq de la compétition aux côtés du bourreau de l’Équipe de France Pau Gasol, l’ancien Choletais s’en était alors retourné en silence dans la cité moscovite où il réside depuis son retour sur le Vieux Continent. Dans la lancée de ce mois de septembre exceptionnel, l’arrière continuera ensuite d’appuyer sur l’accélérateur pour emmener son équipe vers les sommets de la plus prestigieuse compétition européenne en faisant une razzia sur toutes les récompenses individuelles possibles. MVP de l’Euroleague, meilleur marqueur de la compétition, MVP du Final Four et bien sûr le sacre collectif avec le CSKA Moscou après une finale intense face au Fenerbahçe, finalement remportée après prolongation grâce à 10 points du Nordiste dans les cinq minutes bonus, le numéro 1 floqué au dos de son maillot ne pouvait ainsi pas mieux résumer sa saison qui aurait même pu devenir parfaite en cas de victoire face à l’Espagne. Une domination européenne sans partage qui nous amène à la question à 1 million d’euros : Nando De Colo doit-il partir prendre sa revanche sur les planches du plus célèbre championnat du monde, en NBA ?
Actuellement en fin de contrat chez le géant du CSKA Moscou, le 53è choix de la Draft NBA de 2009 va rapidement se retrouver confronté à un choix important. Préfère-t-il asseoir sa domination européenne dans la meilleure équipe du continent avec un coéquipier de la classe de Milos Teodosic par exemple ou souhaite-t-il quitter son jardin pour tenter d’écrire sa légende dans un nouvel environnement un peu plus grand et dangereux ? Le principal intéressé s’est déjà exprimé sur le sujet à l’antenne de beIN Sports en sortie de son week-end de rêve dans la capitale allemande.
“Un retour en NBA n’a jamais été exclu, je l’ai toujours dit. Ce n’est plus une priorité maintenant. Ça reste dans un coin de ma tête mais je pense vraiment que je n’y retournerai pas juste pour dire que je suis en NBA. Il faudra beaucoup plus de confirmations de l’équipe en question pour que j’y retourne. Personnellement je me sens très bien en Europe, je me sens très bien avec le CSKA et je pense que j’arrive aussi à un moment de ma carrière où j’ai envie de continuer sur ce rythme.”
À 28 ans, c’est en effet un vrai choix de vie que va devoir faire le natif du Pas-de-Calais. Ses 19,4 points, 5 passes et 3,6 rebonds à 46% du parking vont forcément intéresser du monde en Europe et en NBA, et on parle d’ailleurs déjà des Nuggets qui souhaiteraient former une sorte de colonie tricolore dans les Rocheuses avec Joffrey Lauvergne et Axel Toupane. Mais Nando De Colo ne retraversera pas l’Atlantique sans condition, ni pour se faire traiter comme la première fois lorsqu’il devait parfois attendre le garbage time pour faire son entrée, avec des stats moyennes de 3,8 points, 1,8 assist et 1,7 prise en moins de 12 minutes.
C’est compliqué d’avoir tout en même temps parce qu’on sait qu’en NBA il n’y a pas 10 000 équipes qui peuvent se dire dès le début d’année qu’elles visent le titre. Mais c’est quelque chose que je recherchais en revenant en Europe. Une équipe qui a des objectifs très élevés dès le début de saison. Comme beaucoup de joueurs je reste un compétiteur avant tout donc c’était aussi l’une de mes priorités. Après en NBA, le cinq majeur n’est pas forcément une priorité. Ta place tu peux te la créer durant la saison. Mais c’est vrai que me dire de retourner en NBA sans vraiment être sûr de ce que je pourrais apporter à l’équipe et dans quel rôle, ça ne convient pas forcément.
Fort de son nouveau statut de roi d’Europe, De Colo peut largement prétendre à un vrai rôle de sixième homme au sein d’une équipe NBA ambitieuse. Moins athlétique que la plupart des dragsters qui composent la Grande Ligue, l’arrière compense par une adresse extérieure qui rentre tout à fait en adéquation avec la récente évolution du jeu. De plus, ses inspirations à la passe et son sens du collectif peuvent lui permettre de créer des solutions face aux défenses les plus sérieuses, un atout non négligeable pour les franchises qui ont trop souvent tendance à s’en remettre aux isolations pour marquer des points. Reste donc à savoir qui pourrait proposer une offre répondant aux critères de l’ancien MVP de ProA alors que les Raptors auront encore des droits sur un joueur qui se retrouvera en position de restricted free agent sur le marché de la NBA. Une équipe où il se verrait d’ailleurs bien construire quelque chose alors qu’il n’avait pas vraiment eu le temps de s’imposer malgré la volonté du staff de le conserver au Canada.
J’aime beaucoup Toronto parce que je connais le système, parce que je connais l’équipe. Je sais que c’était une équipe qui voulait vraiment me garder à l’époque. […] Ce n’est pas que ça ne s’est pas bien passé avec Toronto, c’est juste que je suis arrivé sur trois mois, en fin de saison. Si on n’est pas une star auparavant ou un joueur qui a beaucoup de temps de jeu ce n’est jamais facile d’arriver dans une équipe et de se dire le coach va tout changer pour moi parce qu’il m’aime bien par exemple. Et c’est ce qui s’était passé à Toronto. Ils m’avaient récupéré parce qu’ils voulaient voir plus que la fin de saison. Et je pense que c’est une équipe qui est très bien encadrée et qui me plaît beaucoup par exemple.
Si une place de titulaire semble impossible à prendre chez les Raptors pour le moment, les prochaines décisions de Masai Ujiri pourraient quand même ouvrir une brèche pour le frenchie alors que DeMar DeRozan arrive en fin de contrat cet été. Parmi les autres franchises compétitives qui pourraient offrir une place intéressante à l’arrière de Moscou qui peut aussi évoluer meneur, Chicago, Detroit ou encore Utah semblent pouvoir lui proposer ce qu’il recherche alors qu’elles sont toutes les trois des équipes ambitieuses avec des lacunes évidentes sur les postes 1 et 2 ou sur le banc. La possibilité de pouvoir se mesurer aux meilleurs joueurs du monde ainsi que l’explosion annoncée du salary cap pourraient ainsi motiver Nando à se laisser tenter par une nouvelle aventure américaine.
Mais ne vous y trompez pas, le jeune basketteur qui rêvait de rejoindre la NBA a ouvert les yeux et on peut compter sur lui pour faire le bon choix cet été, celui qui lui permettra de continuer de s’éclater en faisant ce qu’il sait faire de mieux sans gâcher son talent à dormir sur le banc comme de trop nombreux joueurs se sont faits piéger avant lui. Loin de toute prétention, Nando De Colo souhaite simplement continuer de jouer et de gagner avec ses coéquipiers, quitte à tourner le dos à quelques franchises sans réel projet comme l’ont fait Juan Carlos Navarro, Viktor Khryapa ou encore Rudy Fernandez avant lui par exemple.
Quelque soit son choix, on acceptera la décision de Nando De Colo puisqu’elle sera la bonne pour lui et sa famille. Par contre s’il pouvait quand même passer à Manille cet été pour nous filer un petit coup de main, ce ne serait pas de refus vu le piège qui attend l’Équipe de France pour le TQO en juillet prochain.
Source : beIN Sports
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