Bulls 95/96 – 72 victoires pour l’histoire : no pivot ? No problem
Le 28 mars 2016 à 12:20 par David Carroz
1995-96, les Bulls entrent dans la légende. Avec 72 victoires en saison régulière et le titre au bout, ils ont tatoué un énorme Taureau sur la peau de la NBA. 20 ans plus tard, TrashTalk vous propose une série d’articles pour célébrer ce parcours d’exception.
Durant les années 90, une espèce en voie d’extinction sévit en NBA. Dénigrés aujourd’hui, mis de côté lors des votes pour le ASG, les pivots brillaient à cette époque, mastodontes des raquettes. Pourtant, les Bulls -version Jordan- n’ont jamais eu de beau spécimen à inclure au milieu du troupeau. Déjà lors du premier Threepeat, c’est Bill Cartwright qui était titulaire du poste et à plus de 30 piges, il n’est plus le jeune homme qui envoyait presque 17 points et plus de 7 rebonds lors de ses plus belles années aux Knicks. Mais sa présence accompagnée d’un peu de viande pour prendre le relai depuis le banc suffit à Chicago. Au cours de cette période, l’ensemble des pivots de l’Illinois cumulent 14 points 10,1 rebonds pour tenir la baraque à l’intérieur, laissant aux artistes le soin de faire la différence.
Mais au moment d’aborder la saison 1995-1996 et alors que ce bon vieux Bill savoure tranquillement une retraite bien méritée, Phil Jackson se trouve bien démuni au moment de choisir un pivot pour son 5 majeur, surtout que le titulaire du poste la saison précédente a servi de monnaie d’échange pour faire venir Dennis Rodman dans l’Illinois. Bye-bye Will Perdue et ses sublimes 8 points et 6,7 rebonds, bonjour Luc Longley qui lui envoyait 6,5 pions pour 4,6 prises en 1994-1995. Pour le soutenir dans sa tâche, Bill Wennington doit jouer les doublures, alors que James Edwards, Jack Haley et John Salley complètent le rassemblement de barbac inutile sur le banc en cas de besoin de bidoche supplémentaire. En gros, Le Maitre Zen dispose de cinq mecs ayant chacun six fautes à envoyer sur le pivot adverse, surtout s’il s’appelle Shaq.
Car plus que la faiblesse des Bulls au poste 5, ce sont les bestiaux qu’ils vont devoir affronter dans leur quête du titre qui fait peur. Parmi les favoris pour le Larry O’Brien, on retrouve des franchises sérieusement armées dans ce secteur, à commencer par le Magic qui a mis cher à Chicago lors des précédents Playoffs, les rivaux de toujours du côté de New York, les anciens coéquipiers de Rodman à San Antonio ou encore les tenants du titre à Houston. Certes, ces deux dernières équipes sont à l’Ouest et les hommes de Windy City n’auront pas à les affronter trop souvent avant d’une possible confrontation en Finales qui n’aura pas lieu, mais il faudra tout de même se farcir quelques beaux bébés talentueux pour être champion. D’ailleurs, les meilleurs pivots de l’Est passeront tous à la casserole lors de la post-season puisque hormis Dikembe Mutombo -qui possède un profile plus défensif et qui aurait certainement moins posé de problème aux Bulls-, Chi-town éliminera le Heat de Zo Mourning, les Knicks de Pat Ewing puis le Magic de Shaq. Autant dire des poids lourds des raquettes, sans avoir grand monde à opposer en face. Pas de quoi faire peur à Phil Jackson et les siens.
En effet, les big men des Bulls ont tenu le choc lors de la saison régulière et ont donné certaines garanties, à défaut d’apporter beaucoup de talent. À eux cinq, Luc Longley, Bill Wennington, James Edwards, John Salley et Jack Haley ont proposé en moyenne 13,2 points, 7 rebonds et 1,5 contres de moyenne en 38,8 minutes. Ça ne fait pas rêver, et c’est d’ailleurs pour cela que le Zen Master s’est privé d’un véritable pivot de métier quasiment 20% du temps (768 minutes sur les 3946 jouées par les Bulls). Il faut dire qu’avec Dennis Rodman, il dispose d’un défenseur exceptionnel qui n’a jamais reculé devant le challenge de se coltiner les brutes adverses qui pesaient souvent plusieurs de dizaines de kilos de plus que lui ou qui lui mettaient 10 à 15 centimètres dans la vue. “J’ai retourné des vaches plus grosses” déclarait-il lorsqu’on lui demandait s’il appréhendait de telles confrontations. Et cela a fonctionné à merveille.
Collectivement, il n’y a pas eu photo puisque les Bulls n’ont perdu que 2 des 14 confrontations face aux meilleurs pivots de la Ligue. Un bilan qui passe même à 23 victoires pour 3 défaites si on prend en compte les Playoffs à l’Est. Impressionnant. On constate même qu’en dehors de David Robinson et Shaquille O’Neal, la plupart on même eu plus de mal qu’à l’accoutumée face à Chicago. Pourtant, ils n’étaient pas ciblés en particulier par la défense des Bulls. Phil Jackson n’a jamais été fan des prises à deux à outrance, même si Scottie Pippen savait jouer à la perfection l’aide en second rideau. Non, le but des Taureaux étaient d’isoler le pivot adverse du reste de son équipe, quitte à ce qu’il fasse un chantier. Peu importe qu’un mec envoie 40 points et 15 rebonds si ses coéquipiers ont la tête au fond du seau, voilà la stratégie efficace dans l’Illinois. Même les Rockets d’Hakeem Olajuwon, qui étaient la bête noire des Bulls lors du premier Threepeat avec 5 victoires en 6 confrontations, n’ont pas trouver la faille.
Luc Longley et Bill Wennington (oui on laisse un peu de côté les trois autres dont l’importance était moindre) n’étaient pas les pivots les plus doués de la Ligue, loin de là. Mais ils ont su épouser à la perfection leur rôle, chainons dans l’attaque en triangle et présence massive en défense, prêts à faire les fautes nécessaires et à faire vivre le ballon. Corrigeons donc : pas de pivot star, pas de problème.
Dans la même série, articles précédents :
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Source image : history.bulls.com, Montage TrashTalk by @TheBigD05