Bulls 95/96 – 72 victoires pour l’histoire : l’armée des no-name vous salue bien

Le 14 mars 2016 à 19:06 par David Carroz

Chicago Bulls 72-10 no name

1995-96, les Bulls entrent dans la légende. Avec 72 victoires en saison régulière et le titre au bout, ils ont tatoué un énorme Taureau sur la peau de la NBA. 20 ans plus tard, TrashTalk vous propose une série d’articles pour célébrer ce parcours d’exception.

Derrière le Big Three Jordan-Pippen-Rodman, Tony Kukoc et Ron Harper s’étaient aussi taillés la part du lion dans cette saison légendaire, le premier en sixième homme de luxe, le second en épaulant MJ sur la base arrière. Mais cinq joueurs, c’est bien peu pour aller chercher un titre. Encore plus pour rentrer dans l’histoire comme les Bulls l’ont fait. Il fallait d’autres soldats, prêts à aller au combat soir après soir, essentiels sur la durée d’une saison, toujours là pour permettre aux cadres de se reposer, pour leur donner un coup de boost et même faire le nombre à l’entrainement. Des mecs essentiels pour l’ambiance et le moral du groupe, même s’ils ne sont pas les plus médiatiques ou ceux dont les noms reviennent lors des discussions souvenirs. Pour autant, hors de question de passer à côté de ceux qui ont contribué à leur manière à l’exploit chicagoan. Ces no-name – ou presque, car on concède volontiers que Steve Kerr sort du lot avec une carrière plus aboutie que ses camarades – qui ont aussi su tenir la baraque le moment venu, car n’oublions pas que le 5 majeur a manqué un total que 45 rencontres cette année-là, dont 18 pour le seul Dennis Rodman.

Randy Brown – pitbull inoffensif

Meneur (1m88, 85 kg)

Statistiques en 1995-96 : 2,7 points à 40,6% dont 9,1% du parking, 1 rebond, 1,1 passe et 0,8 interception en 9,9 minutes sur 68 rencontres

Statistiques en carrière : 4,8 points à 41,7% dont 20% du parking, 1,8 rebond, 2,2 passes et 1,1 interception en 17,6 minutes sur 655 rencontres

Quand on sert de doublure à Ron Harper et Michael Jordan sur la base arrière, on ramasse surtout les miettes. Encore plus quand offensivement, on est un joueur limité. Alors on donne tout de l’autre côté du parquet. C’est ce que Randy Brown a vite compris, devenant un pitbull collé aux basques du meneur adverses sur de courtes séquences. Pour progresser dans ce secteur du jeu, ce fut très simple : on mate comment les tauliers font, et on se bat comme un chien pour leur faire honneur en offrant ensuite des paniers faciles en contre-attaque. Arrivé aux Bulls lors de l’été, il a su s’imprégner de cette envie de vaincre

Plus grand fait d’armes cette année-là : 16 points et 6 interceptions lors d’une énorme rouste (110-79) infligée aux Pistons en fin de saison.

Jud Buechler : du beach-volley au parking

Ailier (1m98, 100 kg)

Statistiques en 1995-96 : 3,8 points à 46,3% dont 44,4% du parking, 1,5 rebond et 0,8 passe en 10 minutes sur 74 rencontres

Statistiques en carrière : 3,3 points à 43,3% dont 36,6% du parking, 1,8 rebond et 0,8 passe en 11,7 minutes sur 720 rencontres

Arrivé aux Bulls lors de l’été 1994 en tant qu’agent-libre, on ne peut pas dire que Jud Buechler avait la gueule de la recrue de rêve. On se demande même s’il a la gueule d’un basketteur et on se dit qu’il aurait certainement dû continuer le beach-volley au lieu de venir tâter la balle orange sur les parquets. Rebondeur médiocre, défenseur moyen, passeur faible, il a trouvé sa niche en tant que mec qui saute partout et qui est capable de rentrer des bombes de loin.

Plus grand fait d’armes cette année-là : 14 points à 5/7 dont 4/6 du parking lors d’une victoire à Milwaukee.

Jason Caffey – trou noir

Ailier fort (2m03, 116 kg)

Statistiques en 1995-96 : 3,2 points à 43,8%, n’avait pas le code du parking et 1,9 rebond en 9,6 minutes sur 57 rencontres

Statistiques en carrière : 7,3 points à 48,1% , jamais autorisé à se garer sur le parking et 4,4 rebonds en 19,6 minutes sur 462 rencontres

Le rookie des Bulls est le pick typique de la franchise de l’Illinois à cette époque : il nous faut un intérieur, de préférence un ailier-fort, Horace Grant n’ayant pas été remplacé -Dennis Rodman signera plus tard. Quelle joie pour un mec qui découvre la NBA de tomber dans un tel groupe, à tel point qu’il a parfois halluciné en demandant aux anciens si ça se passait toujours comme ça. Non petit, tu as le cul bordé de nouilles alors profites-en. Et c’est ce qu’il a fait en croquant la balle à pleine dent. un peu trop d’ailleurs, puisque Jason Caffey était un véritable trou noir en attaque : si tu lui files la gonfle, tu ne la revois jamais.

Plus grand fait d’armes cette année-là : avoir été drafté juste devant Michael Finley.

James Edwards – vraiment, un homme sans moustache n’est plus un homme

Pivot (2m13, 105 kg)

Statistiques en 1995-96 : 3,5 points à 37,3%, bloqué à la barrière du parking et 1,4 rebond en 9,8 minutes sur 28 rencontres

Statistiques en carrière : 12,7 points à 49,5% , 4,8% du parking et 5,1 rebonds en 24,3 minutes sur 1168 rencontres

Pour sa dix-neuvième et dernière saison NBA, le vieux James Edwards s’est offert un sacré baroud d’honneur. Pas tellement en terme de performances individuelles ou de contribution soutenue et régulière, mais finir sur un titre et un bilan record, on a connu pire. Vieux (19ème saison), ancien des bad boys et ancien solide joueur de rotation. Ancien des Bad Boys, il a permis entre autres d’apporter un visage familier à Dennis Rodman. Sinon, il faisait surtout partie des morceaux de viande que Phil Jackson voulait avoir à disposition pour défendre sur les pivots adverses et distribuer 6 fautes sur le Shaq.

Plus grand fait d’armes cette année-là : avoir été capable de jouer à son âge.

Jack Haley – no name ultime

Pivot/ailier fort (2m08, 109 kg)

Statistiques en 1995-96 : 5 points à 33,3%, parking non indiqué sur le GPS et 2 rebonds en 7 minutes sur 1 rencontre

Statistiques en carrière : 3,5 points à 42,5%, parking désaffecté et 2,7 rebonds en 9,6 minutes sur 341 rencontres

On a beau chercher, on ne trouve rien à dire sur l’intérieur drafté par les Bulls en 1988 avant d’être envoyé aux Nets lors de sa saison sophomore. Revenu à l’été 1995, il s’est contenté des entrainements ou presque. C’est surtout en tant que tourneur de serviette et baby-sitter de Dennis Rodman qu’il a été essentiel, les deux joueurs étant très proches depuis leurs saisons communes aux Spurs. Il nous a quitté l’an dernier.

Plus grand fait d’armes cette année-là : avoir pris part à un match. C’est déjà pas mal.

Steve Kerr – futur traitre à la solde des Warriors

Meneur/arrière (1m91, 79 kg)

Statistiques en 1995-96 : 8,4 points à 50,6% dont 51,5% du parking où son camping-car était garé, 1,3 rebond et 2,3 passes en 23,4 minutes sur 82 rencontres

Statistiques en carrière : 6 points à 47,9% dont 45,4% du parking, 1,2 rebond et 1,8 passe en 17,8 minutes sur 910 rencontres

Le plus connu des no-name, à tel point qu’on a un peu honte de le mettre dans cette catégorie. mais c’est finalement au cours de ses saisons dans l’Illinois qu’il s’est fait un nom et imposé comme l’un des joueurs les plus adroits de l’histoire, avant de poursuivre sa carrière dans ce rôle limité mais qu’il maitrisait à la perfection. Toujours le mot juste et doté d’un excellent sens de l’humour, il a ravi les médias tout au long de la campagne, tout comme ses coéquipiers.

Plus grand fait d’armes cette année-là : 50-50-90 sur la saison. Steph Curry est un petit joueur.

Luc Longley – Kangourou incapable de sauter

Pivot (2m18, 120 kg)

Statistiques en 1995-96 : 9,1 points à 48,2%, parking interdit aux Australiens, 5,1 rebonds et 1,9 passe en 26,5 minutes sur 62 rencontres

Statistiques en carrière : 7,2 points à 46,2%, parking trop loin pour qu’il y aille, 4,9 rebonds et 1,5 passe en 21,2 minutes sur 567 rencontres

Doublure de Will Perdue la saison précédente, Luc Longley s’est vu propulsé dans le 5 majeur avec le départ de l’ancien titulaire du poste pour San Antonio dans le cadre de l’échange avec Dennis Rodman. Une succession pas très difficile à assumer car le pivot ayant atterri aux Spurs n’était pas un foudre de guerre, loin de là. Mais l’Australien a même fait mieux, profitant de son bon QI basket pour parfaitement s’intégré dans l’attaque en Triangle, ou du moins pour ne pas être un boulet, tout en se posant comme un sacré morceau de barbac à contourner lorsque les adversaires souhaitaient accéder au panier.

Plus grand fait d’armes cette année-là : 14 points et 10 rebonds sur la gueule de Pat Ewing un soir de janvier. 

John Salley – ancien pote de Rodman

Pivot/ailier fort (2m10, 90 kg)

Statistiques en 1995-96 : 2,1 points à 34,3%, incapable de trouver le parking, 2,5 rebonds et 0,9 contre en 11,2 minutes sur 17 rencontres

Statistiques en carrière : 7 points à 50,6% dont 21,4% du parking, 4,5 rebonds et 1,3 contre en 22,1 minutes sur 748 rencontres

Un autre ancien des Bad Boys de Detroit, qui rejoindra plus tard les Bad Boys Will Smith et Martin Lawrence dans le rôle du hacker bigleux sorti de tolle. Avec Haley et Edwards, il complétait le trinôme qui apportait un cadre de visages connus à Dennis Rodman. Arrivé en cours de saison après avoir été coupé par les Raptors, il faisait également partie des gros nounours qui pouvaient distribuer des pains aux intérieurs adverses pendant que les esthètes soufflaient sur le banc.

Plus grand fait d’armes cette année-là : se retrouver champion NBA après avoir été pris par les Raptors lors de la Draft d’expansion, puis coupé par ces derniers.

Dickey Simpkins – sophomore ou sopholess

Ailier fort (2m06, 112 kg)

Statistiques en 1995-96 : 3,6 points à 48,1%, 1/1 du parking un soir de fin du monde et 2,6 rebonds en 11,4 minutes sur 60 rencontres

Statistiques en carrière : 4,2 points à 44% dont 2/9 du parking, preuve du coup de chance en 1996 et 3,6 rebonds en 15,9 minutes sur 327 rencontres

Vous pouvez relire le paragraphe sur Jason Caffey, le copier, le coller, et rajouter un an d’expérience. Un intérieur supplémentaire dans l’effectif, ça ne faisait jamais de mal à cette époque. C’était l’état d’esprit en tout cas dans l’Illinois lorsque les Bulls l’ont drafté en 1994, après avoir choisi Mark Randall en 1991, Byron Houston en 1992, Corie Blount en 1993. Que des ailiers-forts de légende.

Plus grand fait d’armes cette année-là : 12 fois titulaires en début de saison lors de l’absence de Dennis Rodman.

Bill Wennington – bûcheron, au sens propre comme au sens figuré

Pivot (2m13, 111 kg)

Statistiques en 1995-96 : 5,3 points à 49,3%, 1/1 du parking, probablement le même soir que Dickey Simpkins, et 2,5 rebonds en 15 minutes sur 71 rencontres

Statistiques en carrière : 4,6 points à 45,9% dont 13,9% du parking et 3 rebonds en 13,5 minutes sur 720 rencontres

À cette époque, Bill Wennington était ce qu’il se faisait de mieux en terme de basket chez nos amis canadiens. Depuis, Anthony Bennett a changé la donne, mais le pivot des Bulls de 1993 à 1999 aura eu le temps de marquer Windy City de son jump shot à 4-5 mètres qui faisait des ravages. Bon, on exagère un peu, mais la doublure de Luc Longley assurait son taf en proposant, comme les autres postes 5 de l’effectif, de la graisse, de l’envie, et des fautes à distribuer. Pas besoin de plus.

Plus grand fait d’armes cette année-là : 18 points et 11 rebonds, mais lors d’une défaite à Denver, le soir où Mahmoud Abdul-Rauf s’est pris pour Stephen Curry. À moins que ça ne soit l’inverse, demandons à Phil Jackson.

Voilà pour ces soutiers, ces soldats de l’ombre qui ont accompagné les stars des Bulls tout au long de cette saison mythique. Par leur dévouement et leurs quelques grosses performances à de bons moments, ils rappellent à tous que si le basket est un sport qui met souvent en avant les statistiques individuelles, il n’en reste pas moins un sport collectif où l’équipe doit triompher. Ces 72 victoires sont aussi celles de ces “no-name”…

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Source image : history.bulls.com, Montage TrashTalk by @TheBigD05