Rudy Gobert sort la France de son cauchemar : victoire contre Pau Gasol, la cicatrice se referme

Le 02 févr. 2016 à 09:21 par Bastien Fontanieu

Comme souvent, depuis un peu plus d’un an, la tour de contrôle formée à Saint-Quentin défend sa raquette comme son propre drapeau avec une efficacité folle. Un devoir qu’il a géré de main de maître face à un ennemi juré hier soir, l’immense Pau Gasol.

Les larmes coulent encore, des fois, sans qu’on s’y attende vraiment. Un symptôme inquiétant lié à une potentielle dépression ? Une surcharge émotionnelle incontrôlable et surgissant au pire moment ? Pas vraiment. Sous la douche, en position foetale, nombreux furent ceux qui pleurèrent -et pleurent encore- pendant de longues heures, les souvenirs d’une soirée de fin d’été apparaissant à l’improviste au beau milieu d’une journée sympatoche. C’était le 17 septembre 2015, une date forgée dans les enfers du basket français, un cataclysme d’une violence rare face auquel le silence et l’incompréhension demeuraient. Comment a-t-on pu, comment est-ce que, mais pourquoi n’avons-nous, tant d’interrogations qui ne trouvaient -au final- qu’une seule issue : la porte de sortie, un peu comme les systèmes de Fred Hoiberg hier soir. Car comme nous en parlions déjà lors de l’Apéro #12, au cours duquel la semi-crise des Bulls était analysée, les erreurs de base aperçues face aux Clippers la veille refaisaient surface à Utah. Et qui de mieux placé pour les mettre en évidence, que notre Rudy national ? Davantage chargé de surveiller Taj Gibson et toute pénétration adverse plutôt que le barbu-gueulant au poste, Gobert a patrouillé tout au long de la soirée avec une discipline fabuleuse, surtout en fin de match où les switchs s’accumulaient et des erreurs graves auraient pu être réalisées. Non, hier soir, contexte oblige, RG nous a régalé et c’est bien ce que l’Hexagone demandait.

Car même si l’horaire n’était pas des plus easy, c’est surtout l’annonce d’un Tony probablement absent aux JO qui secouait autant le pays que le moindre défenseur devant Thomas Heurtel. Typiquement le genre de nouvelle qui pouvait plonger un paquet de monde dans ce rôle de martyr, agressant avec ferveur les envies d’épanouissement du Papa qu’est Parker, un paquet de monde sauf Rudy. En même temps, avec Pau Gasol en ville et une situation délicate pour Utah -à la bataille avec Portland et Sacramento pour le strapontin des Playoffs-, il n’avait pas trop le choix. Et en première mi-temps, le géant nous replongeait dans les abysses de la balle orange avec un poster à deux mains sur notre compatriote, tout semblait aller dans la mauvaise direction, avec des Bulls devant au score grâce à un… Gasol au top offensivement. Puis, petit à petit, l’oiseau Rudy fit son nid, avec un rythme de jeu davantage fait pour lui. Comme sur ce alley-oop monstrueux qu’il plantera en début de dernier quart, Pau terminant sous la bête pendant que la Marseillaise résonnait sans cesse dans notre tête. Nom d’un chien, Rudy vient de poster Gasol. Les larmes de tristesse se transforment en sourire, le poing est levé et le drapeau serré autour du poignet (ça va niveau patriotisme ?), la fin de match voit Gobert gérer toutes ses rotations en intimidant chaque membre des Bulls qui souhaiterait l’emporter chez lui. En prolongation, enfin, le moment de gloire arrive avec une sixième faute pour Gasol, le grand Pau sortant tête baissée pendant que Rudy -oh oui- lâchait un petit sourire en coin. Ball game, Utah 105, Chicago 96.

Et très honnêtement, le rapport entre le Jazz et la France est assez limité, avec tout le respect qu’on a pour Michel Petrucciani. Hier soir, bien évidemment, la France et l’Espagne n’ont pas rééquilibré leur compteur. Mais entre Gasol et Gobert ? Il fallait tout de même ranger quelques affaires. Allez, on se retrouve le 19 mars à Chicago, puis comme prévu cet été : en demi-finale des JO…

couv

Source image : SanDiegoUnionTribune