Nikola Mirotic : les Bulls rêvaient d’un nouveau Dirk, ils ont un sous Bargnani

Annoncés comme des prétendants au titre de challenger des Cavs à l’Est en début de saison, les Bulls déçoivent, entre irrégularité et crise identitaire. Symbole de leurs difficultés, Nikola Mirotic est totalement incapable de confirmer les attentes placées en lui. Pire, c’est aujourd’hui un véritable boulet pour son équipe. Sa prestation face à Boston la nuit dernière – points à 1/7 et 3 balles perdues – est symptomatique de sa situation actuelle : catastrophique.

Il pourrait s’agir d’un simple incident. D’un match planté, dans un mauvais soir. Malheureusement, c’est devenu une habitude pour l’intérieur originaire du Monténégro. La preuve, il se contente de 10,3 points à 37,7% dont 34,7% derrière l’arc, ainsi que 5,8 rebonds. Alors qu’il devait être un des principaux bénéficiaires de l’arrivée de Fred Hoiberg avec son jeu au large, Nikola Mirotic n’a pas progressé. Pire, son apport est moindre alors qu’il passe quatre minutes de plus par rencontre sur les parquets. Ramenées à 36 minutes, tous ses chiffres sont à la baisse. Un coup dur pour celui qui était si mal utilisé par Tom Thibodeau l’an dernier selon de nombreux observateurs. À tel point que même l’ancien coach d’Iowa State cherche la bonne formule pour son joueur : titulaire, remplaçant, ailier fort, poste trois… Toutes les options ont été testées depuis fin octobre et aucune n’a donné satisfaction.

Statistiques sur 36 minutes de Nikola Mirotic.
Source : basketball-reference

Pourtant, la saison avait bien commencé pour Nikola Mirotic, installé dans le cinq majeur des Bulls aux côtés de son compatriote Pau Gasol. Les deux joueurs venaient d’offrir l’Euro à l’Espagne – enfin surtout Pau – et Hoiberg décidait donc de gicler Jooks des titulaires. Avec 18,8 pions à 46,8% (46,4% de loin) et 6,8 rebonds, le choix semblait porter ses fruits. Enfin surtout offensivement, car les adversaires de Chicago ne s’y trompaient pas : avec le duo ibérique dans la raquette, ils savaient où cogner pour marquer des points. Mais la franchise de l’Illinois insiste malgré l’irrégularité de son barbu dont l’adresse chute dramatiquement sans que sa défense ne s’améliore. Quatorze rencontres plus tard, il faut se rendre à l’évidence, les Taureaux ne peuvent pas continuer dans cette voie s’ils veulent être crédibles. Mirotic dégage du cinq majeur, mais cela ne le relance pas pour autant. Cependant, il a de la chance. Il n’est pas le seul à jouer comme une chèvre du côté de Windy City, et comme ni Tony Snell ni Doug McDermott n’arrive à s’imposer comme un remplaçant viable à Mike Dunleavy, Fred Hoiberg relance “Threekola” en le positionnant cette fois-ci à l’aile au moment des fêtes.

Le sophomore fait alors illusion par intermittence, comme lorsqu’il enchaine cinq rencontres à 16,6 points et 48,6% de réussite (46,9% de loin) début janvier, mais l’embellie est toujours de courte durée et suivie de prestations fantomatiques. Et puis soyons sérieux : défendre sur les intérieurs adverses, c’est déjà laborieux, alors courir après un ailier, ça devient comique. Ce n’est pas qu’il mette de la mauvaise volonté, juste qu’il est incapable de rester en face de son attaquant ce qui est tout de même assez problématique. On en est presque à regretter Carlos Boozer, c’est dire. Devant cette inconstance, Fred Hoiberg tranche une nouvelle fois : retour sur le banc pour Nikola Mirotic qui perd complètement confiance.

Je suis un peu dans le dur actuellement, je ne shoote pas bien. Je n’ai pas la même confiance qu’avant. La seule façon de la retrouver c’est de travailler dur et de rester positif. Je ne marque pas des paniers faciles, je ne cours pas comme avant, je n’arrive pas à inscrire les tirs ouverts à 3 points, je ne suis pas assez actif poste bas. Mais si j’étais capable de faire toutes ces choses en mars dernier, je peux les faire cette année aussi. Je pense que ça va revenir. – Nikola Mirotic.

Et cette perte de confiance est contagieuse : si Mirotic ne croit plus en lui, ses coéquipiers et son coach semblent aussi douter de plus en plus de l’Espagnol. La nuit dernière face à Boston, alors qu’il avait déjà coûté cher aux Bulls en manquant des lay-ups faciles ou en perdant des balles bêtement, il a vu Bobby Portis passer devant lui lors du money time. Si Gasol et Gibson étaient logiquement les intérieurs sur le terrain pour tenter un dernier run pour la franchise de l’Illinois, l’ailier fort a dû sortir après un contact avec Isaiah Thomas. Fred Hoiberg s’est tourné vers son rookie pour aller faire le taf, alors que Nikola s’enfonçait encore plus dans sa déprime, perdu dans sa barbe sur le banc. Alors qu’il était le second choix dans la raquette aux côtés de Pau Gasol en début de saison, il passe aujourd’hui derrière un novice. Et encore, Joakim Noah n’est plus là pour gratter également des minutes.

Au final, le bilan de Nikola Mirotic aux Bulls ne pousse pas à l’optimisme. Le joueur se raccroche à son excellent mois de mars de l’an dernier (20,8 points à 44,8% dont 26,3% de loin et 7,6 rebonds) pour espérer rebondir, force est de constater que ces quinze rencontres disputées alors que la moitié de l’équipe était sur le flanc ou presque ne pèsent pas bien lourd. Lorsque les Playoffs sont arrivés, il a disparu de la circulation, pas seulement parce que Tom Thibodeau ne croyait pas en lui, mais surtout parce qu’il s’est effondré, réussissant au mieux à compenser un peu offensivement ce qu’il concédait défensivement. Avec trois mois de compétition supplémentaire, l’impression laissée n’a pas beaucoup changé : si les Bulls espéraient secrètement avoir mis la main sur un All-Star en puissance, un nouveau Dirk Nowitzki, ils se sont bien plantés. Aujourd’hui, Nikola Mirotic ne vaut pas mieux qu’Andrea Bargnani, à la différence près que l’Italien peut au moins faire rire.

Alors qu’à la fin de la saison l’effectif pourrait être chamboulé pour être construit autour de Jimmy Butler et en adéquation avec le style de jeu de Fred Hoiberg, il est de moins en moins sûr que l’intérieur soit une pièce maitresse. Qu’il est loin le temps où les fans l’attendaient avec impatience, voyant en lui le chainon manquant aux aspirations de titre dans l’Illinois. Nombreux sont ceux qui à présent seraient d’accord pour l’envoyer se faire tondre la barbe dans une autre franchise. Et franchement, on les comprend.

Source image : Bleacher Report montage @TheBigD05 pour TrashTalk