L’Histoire suspendue à un repas : comment Vlade Divac a failli faire capoter l’échange contre Kobe Bryant
Le 05 janv. 2016 à 17:11 par Thomas Rabotin
Cette année, une légende va prendre sa retraite, un joueur qui a marqué la Ligue et sa franchise de manière indélébile. Mais Kobe Bryant a failli ne jamais venir aux Lakers – du moins pas dès le début de sa carrière – puisque la monnaie d’échange dans le trade qui l’a envoyé à Los Angeles, Vlade Divac, avait menacé de prendre sa retraite s’il était forcé à partir à Charlotte. Renvoyez vos copies Dwight et LeBron, parce que “The Decision” et le “Dwightmare” font bien faiblards à côté.
Lors de la Draft 1996, un OVNI est sélectionné par les Hornets en 13ème choix, un lycéen originaire de Philadelphie devenu le Black Mamba par la suite. Et ce jeune intéresse alors grandement une équipe qui a dominé les 1980’s avec son ennemi juré les Celtics, les Lakers qui voient en lui un gros potentiel. Ils cherchent alors à monter un échange avec les Frelons, et on ne sait pas s’ils étaient prêts à lâcher Kobe car c’était leur idée depuis le début en prenant le meilleur joueur disponible lors de la Draft ou s’ils avaient en fait de grands projets contrariés par le gamin lui-même. Toujours est-il qu’un compromis est trouvé avec Bryant qui irait chez les Angelinos tandis que Divac ferait le chemin inverse. Seulement ce dernier n’est pas d’accord et menace de raccrocher le maillot, le short, les chaussettes et les pompes à seulement 28 ans.Il faut toujours que quelqu’un merde quelque part, c’est dingue ça !
“Je jouais au basket pour m’amuser, et là ce n’était pas drôle. Si quelqu’un avait demandé avant : ‘Vlade, vas-tu jouer au basket à Charlotte ?’ j’aurai répondu que ça n’allait pas arriver. J’ai parlé à ma femme et lui ai dit : ‘Ecoute, je vais prendre ma retraite’. Ça aurait été tellement mauvais, je serais devenu la personne la plus détestée à L.A. […] C’était comme si quelqu’un m’avait frappé par derrière avec un marteau. C’était la première fois de ma carrière que quelque chose arrivait sans que je l’ai prévu. J’étais dévasté et je me disais : ‘Je ne joue au basket que pour pour le fun’. Mon père m’a dit quand j’ai ramené mon premier chèque à la maison : ‘Qui t’a donné ça ? Ils sont fous ? Ils savent que tu jouerais au basket même s’ils ne te payaient pas ?’. Je n’allais pas jouer au basket parce que je devais le faire, j’allais jouer pour m’amuser. J’avais 28 ans, je n’allais pas partir quelque part et être forcé de jouer. J’ai dit à mon agent que je n’irai pas à Charlotte. J’adorais L.A. et j’adorais les Lakers. Pour chaque gosse qui jouait au basketball, c’était le paradis d’être avec Magic et les autres.”
Les Lakers avaient tout de même trouvé le deal parfait, leur permettant de récupérer une pépite tout en refourguant Divac et les 4,7 millions de dollars qu’il devait toucher la saison d’après, ce qui leur libérait la marge financière suffisante pour signer Shaquille O’Neal lors de la Free Agency. Divac, qui était rentré en Europe, avait prévenu la franchise de son idée de prendre sa retraite et Jerry West – alors GM – l’a appelé et l’a invité à déjeuner, pour finalement réussir à le convaincre d’aller aux Hornets. Un move sponsorisé par Président : “Bien manger, c’est le début du bonheur” :
“Jerry m’a appelé, j’ai pris un vol pour L.A. et nous avons mangé ensemble. J’étais toujours réticent… Ç’a été une grande discussion. Il m’a dit : ‘Pourquoi ne vas-tu pas là-bas et voir si tu aimes ou non ?’. Jerry et moi avions une très bonne relation, c’était le mec qui m’avait attendu à l’aéroport après que je sois drafté en 1989. Ce fut un moment émouvant pour nous deux. Je lui fais énormément confiance, c’est le meilleur stratège concernant le basketball dans le monde. Quand Jerry vous dit quelque chose, vous y croyez.”
Vlade s’est peut-être fait pigeonner sur le moment, mais c’est le business, et puis il a fini par retrouver le sourire quelques années plus tard sur la côte Ouest sous le maillot des Kings avec leur jeu si atypique et magnifique où Divac excellait dans un rôle de pivot passeur, sur mesure pour lui. Pendant ce temps là, les Lakers ont glané cinq titres NBA avec leur duo Kobe-Shaq ou Kobe-Pau Gasol, dont notamment des Finales de Conférence 2002 contre les Kings de Divac qui questionnent encore aujourd’hui concernant l’arbitrage…
Voilà comment une bonne bouffe peut faire l’Histoire et permettre de créer une légende à part entière. Comme quoi, Karadoc a quelque part raison : “Le gras, c’est la vie”.
Source texte : Yahoo! Sports