Les Sixers sont historiques, eux aussi : peuvent-ils claquer la pire saison de tous les temps…?
Le 09 déc. 2015 à 15:51 par Bastien Fontanieu
L’actualité, de toute évidence, est dominée par l’armada de Golden State qui souhaite rentrer dans l’histoire en proposant la meilleure saison all-time devant les Bulls de 96. Mais à l’autre bout du pays ? Une franchise a elle aussi la possibilité de battre un record sur tout une campagne : zoom sur un des chemins les plus vaseux jamais conçus en NBA.
Ils sont bien là, nos Sixers. Attendus dans les profondeurs abyssales de la Ligue, même en draftant une pépite comme Jahlil Okafor il y a six mois, les soldats de Pennsylvanie ont bien répondu à nos pronostics communs, verrouillant immédiatement la dernière place du classement en commençant la saison par 18 défaites consécutives. Dix-huit, défaites, de suite, du 27 octobre au 30 novembre, près de cinq semaines sans gagner, sans savoir à quoi ressemble une fin de soirée en souriant, sans concevoir ce que dormir après une victoire peut procurer. Le 1er décembre dernier, nous étions bien là, ensemble, pour vivre ce grand moment d’histoire et célébrer -enfin- un événement sportif terminé dans la joie et la bonne humeur à Philadelphie. Oui, nous avons vécu ce Sixers-Lakers en direct, commentant l’orgie avec ferveur, applaudissant le dernier passage de Kobe dans la ville où il a tant tiré, ces briques construisant aujourd’hui le fort que le tank de Sam Hinkie protège avec détermination. Et en battant le cirque de Byron Scott (103-91), le record des Nets de 2010 n’a pas été effacé, Brook Lopez et ses serviteurs ayant eux aussi démarré leur campagne par 18 revers consécutifs. Une victoire des Sixers tellement médiatisée qu’on en oubliait presque leur réalité, un succès tant espéré qu’on zappait quasi-mécaniquement les cinq mois suivants de compétition. Erreur fatale face à la perspective régnant encore en Pennsylvanie, celle de voir cette équipe réaliser le pire bilan de tous les temps.
Car oui, autant écarter les Lakers fût un grand moment de basket et de télévision, autant on ne peut réduire en poussière les possibilités macabres étendues sur la table de Brett Brown aujourd’hui. L’entraîneur local l’a bien vu, notamment en prenant une branlée mémorable face aux Spurs cette semaine (119-68), il y a un tout autre record à éviter cette année à Philadelphie et il faudra se retrousser les manches pour ce faire. La référence en question ? Le pire bilan de tous les temps, bien évidemment, tenu par les… Sixers de 1973 qui ont perdu 73 de leurs 82 rencontres cette année-là (han han, han han). Fred Carter dans le rôle de Robert Covington, Manny Leaks pour jouer Okafor et Leroy Ellis dans la peau de Nerlens Noel, cette armée malheureusement légendaire avait établi un triste record, qui n’a toujours pas été taquiné par la moindre franchise. On peut certes lâcher un clin d’oeil aux Bobcats de Boris en 2012, proposant le pire pourcentage de tous les temps avec 7 victoires pour 59 défaites (10,6%), mais il ne s’agissait pas d’une saison complète il y a quatre ans. Aujourd’hui ? Le constat est bien là, aussi triste soit-il à rappeler pour ces jeunes qui tentent de se faire une place dans une jungle hostile, aussi déprimant soit-il à réaliser en voyant certains comme Jahlil péter des plombs : le record de 1973 est clairement en danger.
Où se situent les Sixers de cette saison ? Un petit comparatif pourrait nous aider à mieux comprendre la vase dans laquelle cette équipe est enfoncée. Avec 1 victoire pour 21 défaites, Philly est à 4,5% de succès, ce qui propose des bases affolantes avant d’aborder l’année 2016. Bien évidemment, la moindre victoire doublerait ce pourcentage, mais la barre des 10% est loin d’être envisageable. Car si les copains de Joel ont déjà beaucoup joué à l’extérieur (12 matchs sur 22 on the road), ils ont aussi affronté une majorité de franchises vivant à l’Est, ce qui laisse envisager le pire lorsque des cylindrées comme Golden State ou Oklahoma City seront en ville. Mais ne tardons pas autour de ces chiffres, regardons plutôt où en étaient les équipes les plus affreuses de l’histoire au virage d’aujourd’hui, c’est-à-dire au 23ème match de la saison.
Au bout de 23 matchs de régulière ?
- Sixers de 2015 : 1 victoire pour 21 défaites (avant ce soir)
- Sixers de 1973 : 2 victoires pour 21 défaites
- Bobcats de 2012 : 3 victoires pour 20 défaites
- Mavs de 1993 : 2 victoires pour 21 défaites
Différentiel de points en moyenne ?
- Sixers de 2015 : -12,3 points par rencontre
- Sixers de 1973 : -12,1 points par rencontre
- Bobcats de 2012 : -13,9 points par rencontre
- Mavs de 1993 : -15,2 points par rencontre
Nombre de back-to-backs restants après 23 matchs ?
- Sixers de 2015 : un total de 15
- Sixers de 1973 : un total de 16
Nombre de matchs à jouer à l’extérieur après 23 matchs ?
- Sixers de 2015 : un total de 29 rencontres
- Sixers de 1973 : un total de 27 rencontres
Série de défaites validées par les Sixers de 1973 après 23 matchs ?
- 14 défaites de suite, du 7 décembre au 8 janvier
- 20 défaites de suite, du 9 janvier au 14 février
- 13 défaites de suite, du 2 mars au 25 mars
Comme on peut donc le voir dans ces chiffres, les bases sont déjà bien installées pour que cette équipe actuelle de Philly batte le bilan des anciens, sachant également que dans un coup de chaud venu de nulle part entre le 14 et le 28 février 1973, les potes de Fred Carter remporteront 5 matchs sur 7 ! Le genre de quinzaine inespérée qui devra aussi intervenir en 2016 si Brett Brown et ses poulains souhaitent éviter le bonnet d’âne ultime, mais avec 11 de leurs 14 prochains matchs en déplacement on a du mal à voir cela arriver immédiatement. Un peu d’espoir pour les fans ? Il y aura 6 matchs consécutifs joués en janvier dans la cité de l’amour fraternel, de quoi espérer en gratter au moins un voire deux si les dieux sont avec eux. Sur la toute fin de saison, optimisme également puisque 5 des 8 derniers matchs de la régulière se joueront à domicile, avec une seule équipe de l’Ouest en visite et pas la plus clinquante, New Orleans. Entre la fatigue de certains cadres, l’envie de ne pas marquer l’histoire des cancres et un public qui poussera encore un peu derrière ses jeunes, il y a de quoi garder encore espoir. Cependant, gare à ne pas relancer une série de défaite autour de la vingtaine, car plus les semaines passeront et plus les chances de devenir la référence de la honte augmenteront.
Stephen Curry et Klay Thompson peuvent faire les malins, leur campagne sera scrutée au millimètre près jusqu’au 15 avril 2016. Seulement, ils ne seront pas les seuls à pouvoir rentrer dans l’histoire en toute fin de saison : chez les Sixers, on surveillera à la loupe si la nouvelle référence all-time pourra être tamponnée avec désespoir. Roll the dice, on prend les paris dès aujourd’hui.
Source image : SBNation