Kobe Bryant annonce la fin, sa fin : une dernière prière, pour le voir partir sur deux jambes

Le 30 nov. 2015 à 13:54 par Bastien Fontanieu

La nouvelle est tombée ce dimanche, un peu attendue mais pas trop non plus. Après 20 saisons passées à nous régaler, le ‘Mamba’ a décidé de raccrocher les pompes. Sage décision, qui nous pousse à émettre un dernier souhait : le voir partir de lui-même, en pleine santé.

Cette lettre, écrite par le numéro 24 et proposée sur le site The Players’ Tribune, envoyée telle une déclaration d’amour. Cet aveu après tant d’années passées à côtoyer la balle orange, à la chérir, tout le monde a pu la lire. Et bien évidemment, suivant les souvenirs de chacun, des interprétations ou réactions si différentes. Les fans de la franchise aux 16 titres, en semi-deuil mais aussi rassurés de voir la légende enfin faire le bon choix, les performances défilant sous leurs yeux à vitesses variées. Comme s’il s’agissait de leur propre vie, de leur propre enfant. Les fans des franchises adverses, tantôt martyrisés par Kobe, tantôt heureux de voir l’arrière échouer, eux aussi en ont vu des soirées réapparaître dans leur tête hier soir. C’est ça, aussi, et surtout, la marque des grands hommes. Ceux qui forgent leur présence dans l’histoire, qui ne laissent personne indifférent et partent avec une empreinte indélébile derrière eux. Car oui, quoi qu’on dise, de cette foutue saison actuelle ou des pourcentages du géant, rien ne pourra effacer ou même diminuer ce que Kobe a accompli. Pour lui, pour son équipe, pour le jeu. Et les hommages continueront de pleuvoir, ici comme ailleurs, avec la même ferveur et le même amour que celui mentionné dans cette lettre. Car oui, encore une fois, adversaire d’un soir ou ennemi d’une décennie, le ‘Mamba’ restera cet athlète fabuleux qui aura validé deux décennies de basket dans nos mémoires. Deux décennies.

Mais aligner le palmarès de la bête ou ses statistiques ne rendraient pas justice au boulot, à la charge tirée à deux bras depuis 1996. On pourrait, oui, vous offrir dès aujourd’hui un récapitulatif de ses plus belles performances, se taire devant les 81 points face aux Raptors ou les comebacks les plus improbables accumulés au fil des années. On pourrait également faire un montage photo, avec soin et précision, qui reprendrait toutes les transformations physiques du bonhomme. Le numéro, l’affro, les pompes, le bouc and co. Oui, on pourrait tout à fait proposer cela, parler de son single avec Tyra Banks, et ce serait tout à fait accepté et acceptable, sans le moindre scrupule. Cependant, et comme de nombreuses personnes ont eu la présence de demander depuis hier soir, l’hommage d’aujourd’hui et de demain laissera d’abord place à une demande. Une dernière. Un dernier service à rendre, à son oeuvre comme à ses fans, à sa franchise comme à sa femme. Celle de quitter les terrains sur ses deux jambes, comme tout sportif souhaite faire, en pleine possession de ses moyens physiques. Pas de performance historique souhaitée, rien de tout ça. On a suffisamment de matos en stock pour se rappeler à quel point Kobe était et est un virtuose de la balle orange. Pas de dernier move ligne de fond, ponctué par un énorme reverse comme il l’a si souvent fait. S’il y arrive ? Tant mieux. Mais là n’est pas le plus important. Non, tout ce qu’on souhaite, c’est de voir un artiste terminer sa toile comme bon lui semble, à son rythme, sans y laisser un bras ou une phalange, le pinceau arraché de ses mains, un genou à terre. Quitter l’amour de sa vie, cette gonfle taille 7 au cuir irrésistible, sans boiter ou grincer des dents. Sans civière, sans un silence de cathédrale. Des larmes de peine, oui, devant la fin de sa plus belle contribution. Mais des larmes de douleur, jamais. Hors de question.

Le résultat de son dernier match ? Peu importe. Jordan a pris 20 pions à Philly mais personne ne se souvient du score. Keith Van Horn et Eric Snow étaient en forme, mais tout le monde s’en tamponne les bourses aujourd’hui. Ce dont on se souvient cependant, c’est cette ambiance, ce niveau de décibels, afin de rendre hommage à toutes ces années passées à donner un peu de magie à chacun, dans nos quotidiens. C’est surtout cette possibilité, offerte à un grand de notre sport, de quitter le monde qu’il a embelli sans pépin physique, de son plein gré. L’opportunité de retourner sur le parquet une dernière fois, même pour rentrer deux lancers et serrer une main, avec classe. Ce n’est donc pas forcément à Kobe que cette demande est faite, quoique, en partie. Disons plutôt que l’incompétence montrée au rang supérieur, notamment sur son propre banc où le coaching a cimenté sa place au panthéon de la honte, doit être calmée. Byron Scott ? Oui, en premier. Les soirées entre 30 et 35 minutes de jeu, c’est terminé. Pour quoi faire d’ailleurs ? Pourquoi claquer 67 minutes sur le dernier back-to-back, entre Portland et Indiana, connaissant désormais le plan de route du ‘Mamba’ ? Lui faire plaisir en le laissant jouer autant qu’il le souhaite ? C’est justement là qu’on est en mesure d’intervenir, en priant pour éviter le drame, la suite logique de plusieurs décisions incohérentes prises par Scott depuis des mois. Non, merci. On a déjà vu les capacités de l’ancien pour ce qui est de déprimer toute une fanbase et détruire une fin de carrière légendaire, merci de bien vouloir arrêter les frais tout de suite. Un dernier tour de stade à respecter et à bien encadrer, certes, mais à ne surtout pas plomber en surchauffant la machine.

Voilà ce qu’on pourrait demander, pour la der des der d’une carrière tout simplement épique. Les archives sont là, à disposition, prêtes à être épluchées pour les remettre sur la table en guise d’hommage. Elles seront utilisées comme il se doit, mais surtout en parfaite sérénité si la fin est abordée avec sagesse. Please, laissez-nous Kobe sur deux jambes. Le voir partir est déjà assez dur, faites en sorte que Byron ne foire pas une nouvelle fois. C’est suffisamment triste comme ça.

Source image : Coolchaser


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