Luol Deng : petit interim ou véritable clé du Heat ?

Le 04 nov. 2015 à 13:18 par David Carroz

Il y a un peu plus d’un an, Luol Deng quittait Cleveland pour rejoindre South Beach. Ça ne vous rappelle rien ? Bon ok, ce n’est pas avec le même statut que LeBron James, ni d’ailleurs le même impact attendu que l’ailier d’origine soudanaise signait au Heat. Mais il allait prendre la place de LBJ qui lui retournait dans son Ohio natal. Drôle de coïncidence pour des joueurs qui se sont régulièrement affrontés sur les parquets. Après une saison faite de hauts et de bas en Floride, les ambitions sont de retour à Miami, et Luol Deng pourrait bien être la clef de la réussite pour le Spoelstra et ses hommes.

En vacances dès mi-avril pour la seconde saison consécutive après avoir été habitué à voir les Playoffs avec les Bulls depuis 2009, l’ancien chouchou de Tom Thibodeau ne peut pas être satisfait de son bilan puisque celui collectif représente un échec pour une franchise qui sortait de 4 Finales NBA consécutives. Bien entendu, les explications – pas les excuses – sont nombreuses, entre réapprendre à vivre sans LeBron, les blessures et les ennuis de santé de Chris Bosh, mais dans une Conférence Est loin d’être le bordel de l’Ouest, Miami aurait dû connaitre le basket printanier. Pourtant, les aléas de cette saison 2015 ont eu raison de la volonté de Pat Riley de voir sa franchise se maintenir au sommet de la pyramide NBA.

Une saison plus discrète…

Les difficultés collectives des hommes de South Beach ont rejailli sur les prestations de Luol Deng. Lui qui cherchait à retrouver de la stabilité et une organisation solide après son épisode chez les Cavs en mode foutoir, il a certes atterri dans une équipe sérieuse, mais pour la continuité du roster, on repassera avec les allers et venues des uns et des autres à l’infirmerie. Un contexte que l’Anglais doit pourtant maîtriser suite à ses années chicagoanes. Mais l’habitude de voir ses coéquipiers blessés ne change rien au fait qu’il est difficile de créer une alchimie quand les rotations varient soir après soir. Surtout que contrairement aux Bulls où Luol Deng connaissait les meubles en en faisant lui-même partie, là il débarquait juste ce qui demandait encore plus d’adaptation. Conséquence, l’ailier a sorti, d’un point de vue statistique, une saison très quelconque et en dessous de ses moyennes en carrière. Au niveau des points et des rebonds, il a même atteint ses plus faibles marques depuis son année rookie, bien loin de ce qui lui avait permis d’être All Star en 2012 et en 2013.

Luol Deng

Comparaison des statistiques de Luol Deng entre sa saison rookie, la saison dernière et l’ensemble de sa carrière
Source : Basketball-Reference

…mais pas moins bonne

En y regardant de plus près, on se rend compte que Luol Deng était sur les bases de ses meilleures saisons mais que son temps de jeu a bien diminué. Finis les marathons de Tom Thibodeau, place à la récupération. Alors oui, avec une dizaine de matchs manqués l’an dernier, on ne peut pas dire que cela ait vraiment porté ses fruits. Surtout que malgré tout, il est le joueur du Heat ayant passé le plus de temps sur les parquets l’an dernier, avec 2421 minutes, soit presque une heure d’avance sur le second Mario Chalmers (2368 minutes). Si l’impact sur sa santé n’a pas été flagrant, celui sur son efficacité bien plus.

Luol Deng

Statistiques sur 36 minutes de Luol Deng lors de ses deux saisons All Star et la saison dernière.
Source : Baskeball-Reference

Moins de balles perdues, une meilleure adresse et un apport au scoring ou au rebond équivalent (légère baisse pour les passes et les contres), difficile de cracher sur la saison dernière de Luol Deng. Finalement, en dehors de son temps de jeu qui a fait diminuer ses stats, ce sont surtout les difficultés de Miami qui l’ont éloigné du statut All Star. Entre la lutte pour les Playoffs au Heat l’an dernier et le quasi meilleur bilan de la Ligue en 2012, les coachs ont également pris en compte la dimension collective au moment de choisir les participants au Match des Etoiles.

Difficile donc de se prononcer définitivement sur la saison de Luol Deng. Forcément, on ne l’attendait pas au niveau de LeBron James et son apport a été conforme à ce qu’on pouvait espérer de lui. En dehors des chiffres, on l’a également vu bon en défense – probablement le meilleur et le plus constant du Heat -, une de ses spécialités. En outre, si on regarde en détail les statistiques avancées (source Basketball-Reference), Deng est le premier de la classe au win share (une valeur estimé du nombre de victoires dues au joueur). Pas mal pour une première saison. L’intéressé lui même ne sait pas trop quel bilan tirer de son exercice.

C’est très dur de juger ce que je peux faire en regardant l’an dernier. C’était une année où vous avez vu le meilleur et le pire de Luol Deng. Il n’y avait pas de régularité… Aussi longtemps qu’on gardera le groupe ensemble et que tout le monde sera en bonne santé, vous pourrez me voir plus régulier. – Luol Deng

Les points forts sur lesquels s’appuyer

La santé, voilà le nerf de la guerre pour le Heat en général, mais aussi pour Deng en particulier. En effet, l’ancien ironman des Bulls n’a joué que 4 fois dans sa carrière 75 matchs ou plus sur une saison. Sa régularité dépendra également de sa condition physique maintenant qu’il connait mieux les systèmes de Spoelstra et qu’il sait comment jouer avec ses collègues. C’est également le cas dans l’autre sens puisque ses coéquipiers savent mieux comment utiliser ses qualités, en particulier sa capacité à couper vers le panier pour des paniers faciles, ce qui nécessite une bonne alchimie. Et celle-ci commence à se créer.

Il est plus à l’aise. Est-ce que cela signifie que sa production va exploser ? Personne ne sait, mais je pense qu’il est dans une meilleure disposition mentale. Il est plus à l’aise avec l’environnement et il sait ce à quoi s’attendre et ce qu’il doit faire. Il est un peu mieux installé maintenant. Cela va beaucoup aidé. – Dwyane Wade

En dehors de son rôle en tant que slasher, c’est from downtown qu’on attend aussi Luol Deng. On l’a vu sur ses stats de l’an dernier, l’ancien de Duke peut shooter avec consistance du parking. Cumulant 220 tentatives en 2014-15, il a atteint sa troisième meilleure marque de sa carrière. Parmi celles-ci, une petite moitié venait du corner, une place qu’affectionne coach Spoelstra et qui correspond à la position préférée du 7ème choix de la Draft 2004 puisqu’il a converti 44% de ses tirs de cet endroit. Sachant que le Heat n’est pas aussi riche que lors de ses belles années en snipers, le rôle de Luol Deng sera primordial. Il en a bien conscience.

Je veux prendre beaucoup plus de 3 points cette année. Je shoote beaucoup chaque jour pour que cela soit une part plus importante de mon jeu. Je me lance le défi d’avoir un pourcentage encore plus élevé cette saison. – Luol Deng.

Sa place dans l’effectif

Si cela se confirme, son importance pour le Heat elle aussi sera plus élevée. De quoi lui garantir de prolonger l’aventure à South Beach la saison suivante ? Dans sa dernière année de contrat, ne comptez pas sur lui pour se la jouer perso et tenter de gonfler ses stats afin d’aller gratter un dernier gros contrat. Dans une franchise qui rêve de Kevin Durant à son poste et qui a drafté Justise Winslow qui évolue lui aussi sur l’aile, il pourrait se poser des questions sur son avenir et miser sur sa poire. Pas le genre de la maison. Ses ambitions sont collectives et élevées, comme ces déclarations d’avant saison l’illustrent bien.

Si nous restons en bonne santé, nous serons bien placés. Je miserais sur nous contre n’importe quelle équipe. Nous avons le potentiel pour aller au bout. C’est toujours l’objectif, même si on ne peut pas se permettre d’arriver en se disant qu’on est meilleurs que tout le monde. Nous allons devoir mériter ce statut. – Luol Deng.

Il faut dire qu’à Miami, ce n’est pas le talent qui manque. Et au milieu de Dragic, Wade, Bosh et Whiteside, l’importance de Luol Deng ne sera pas mesurée par ses chiffres personnels, mais par sa capacité à servir de lien à cette équipe qui se traduira par des victoires. Un rôle qui lui allait comme un gant dans l’Illinois et qui faisait de lui un partenaire apprécié.

Quel role ?

Car pour l’instant, c’est dans le 5 majeur que Luol Deng a débuté la saison, malgré – déjà – une petite alerte à la hanche.  Avec 10,3 points à 43,2% don 35,7% du parking et 4,3 rebonds en seulement 27,8 minutes, cette légère blessure le gêne peut-être et limite son temps de jeu, même si c’est surtout son non-match contre les Hawks cette nuit (4 points à 2/9, 0/4 de loin) qui pénalise son bilan sur les 4 premières rencontres. La question de son maintien en tant que titulaire ne se pose pas trop actuellement, mais la possible émergence de Justise Winslow pourrait redistribuer les cartes si Erik Spoelstra juge qu’un changement d’ailier équilibrerait mieux son équipe. Le rookie reçoit de nombreuses louanges quant à sa maturité et sa capacité à faire ces petites choses qui font pencher la balance en la faveur de son équipe. Un peu comme Luol Deng en fait. Si le vétéran garde un avantage, il le doit à son expérience, mais elle ne fera pas forcément la différence sur la longueur de la saison. Après 4 soirées, Winslow a disputé un total de 97 minutes, soit 14 de moins que Deng. Loin d’être un gouffre.

Les bruits de couloir disent que l’homme du Soudan conservera sa place dans le 5 le temps que “Chief Justise” fasse ses preuves, dans la régularité. Il pourrait alors obtenir se chance en tant que titulaire et offrir un joli casse-tête à coach Spo’. Comme toujours, tout sera une question d’équilibre et d’alchimie. On en revient à ce qu’il a manqué au Heat l’an dernier et que Luol Deng espère avoir construit durant ses premiers mois en Floride.

Une chose est sûre, Miami aura besoin d’une contribution solide mais pas toujours visible de ses deux ailiers pour retrouver le haut de la Conférence Est et pourquoi pas rêver de retourner en Finales NBA. Expérience et jeunesse, toutes deux inscrites dans le collectif peuvent être des atouts majeurs. Les ambitions personnelles doivent être mises de côté dans l’intérêt du collectif. Ça tombe bien, c’est typiquement l’une des principales qualités de Luol Deng et cela fera de lui le ciment de cette équipe.

Source image : NBA.com


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