Pour Tim Duncan, l’heure est venue de suivre les pas de son ancien mentor : David Robinson

Le 07 juil. 2015 à 18:07 par Bastien Fontanieu

Il souhaitait terminer sa carrière sur un sixième titre, les Spurs ont respecté son désir et ont du coup décidé de blinder sa raquette pour une ultime tentative : l’année prochaine, la légende devra suivre un modèle qu’il connaît assez bien.

Les jeunes bacheliers qui ont validé leur diplôme ce mardi ne s’en souviennent probablement pas. Nés entre 1996 et 2000, ils étaient forcément trop jeunes pour raconter l’arrivée de Duncan à San Antonio, cet espèce de robot tout droit venu de Wake Forest et qui possédait -déjà- le charisme d’un lampadaire. Gregg Popovich avait déjà les cheveux blancs, Tony Parker jouait à la Playstation avec Boris Diaw et Manu Ginobili enchaînait les calzones. Mais surtout ? David Robinson restait the man dans la région, cet immense pasteur aux qualités athlétiques invraisemblables et qui représentait tout ce que la cité texane chérissait. Loyauté, travail, patriotisme et foi. Sans oublier d’ajouter des records de points à la pelle et un titre de MVP acclamé pour sa domination dans les raquettes, l’Amiral était absolument intouchable et il allait devoir intégrer ce jeune au numéro 21 dans son vestiaire. Rapidement, ce dernier compris qu’il avait une pépite avec laquelle bosser, un joyau pur à façonner afin de le faire briller de la meilleure façon possible et permettre à sa franchise de remporter enfin un titre, celui qui manquait tant dans le palmarès déjà sublime du pivot. Se mit alors en place une transition qui marquera à tout jamais l’armée noire et blanche…

Après une première campagne brillante mais malheureusement ponctuée par une défaite en demi-finale des Playoffs face au Jazz d’un certain Karl Malone, le duo Duncan-Robinson se retrouva face à un carrefour des plus compliqués. Sourcils froncés, menton pointé vers le torse. Vers où aller, à qui faire confiance, comment progresser pour dominer dès la saison prochaine : un véritable travail de réflexion personnelle eu lieu pendant l’été 1998. Et il le fallait, quand on se souvient des certitudes de chacun. Comment est-ce que Robinson, âgé de seulement 32 ans, figure emblématique de la franchise et auteur d’une nouvelle saison monstre (22 points, 11 rebonds, 3 passes et 3 contres de moyenne, au calme), allait pouvoir demander à un gosse de 21 ans de l’emmener jusqu’à la terre promise ? Comment faire confiance à un nouveau pour remporter un titre..? Une question terriblement compliquée à aborder, surtout pour une star dont les pieds étaient régulièrement embrassés dans les rues de San Antonio. Mais avec l’aide d’autres pasteurs de renom, notamment Avery Johnson et Sean Elliott, David pris la meilleure décision de sa carrière et s’y colla sans broncher une seule seconde. Il lâcha sa cape de Goliath et accepta l’évidence. Que Duncan, aussi jeune fût-il, était celui à qui il fallait donner la gonfle en attaque pour permettre à l’équipe de réussir, la franchise de grandir, et l’avenir de prospérer dans le Texas. Que Robinson n’avait pas été Défenseur de l’Année pour rien en 1992, l’heure était venue pour lui de se transformer en coéquipier ultime.

Le numéro 50 se transforma donc en véritable Bill Russell texan, lâchant près de 5 tirs par rencontres pour les filer à son bras-droit et mieux se concentrer sur sa propre moitié de terrain. Près de 10 rebonds, 2.4 contres et 1.4 interceptions de moyenne, une activité folle sous les arceaux et un leadership exemplaire devant ses tranchées, David réussit son pari et remporta son premier titre en 1999. C’est bon, enfin. Il l’avait fait. Dans le doute et priant pour trouver la solution, Robinson était enfin devenu champion. Mais mieux encore, et c’est là que le lien avec la carrière de Duncan prend tout son sens, c’est en 2003 qu’il réalisera une des plus belles fins de carrières de l’histoire. Les minutes chutent, Kevin Willis vient faire souffler le géant, mais Tim est au sommet de son art. Trop concentré, en mission et au top de ses capacités physiques, le futur meilleur ailier-fort de l’histoire écrasera les Nets à cause de sa palette offensive comme défensive. David, pendant ce temps-là ? Attaché aux basses besognes, il réalisera le finish dont tous les enfants rêvent en cumulant double-double (13 points et 17 rebonds), titre de champion et larmes devant son public. Un bonheur tel qu’il prendra sa retraite comme annoncé dans la foulée et qu’il renforcera encore plus son image dans sa franchise : celle d’une véritable légende vivante, à la fois pour son exemplarité sur comme en dehors des terrains.

Fast-forward, 2015. Devant la possibilité de mettre un terme au cycle des années 2000, R.C Buford et sa clique signent David West et surtout LaMarcus Aldridge. Dans la tête de Duncan, évidemment, les émotions se mélangent mais le visage reste froid. La certitude que cette future saison sera sa dernière, l’impression d’avoir déjà vu ce scénario quelque part, et d’entendre de plus en plus la voix d’un ancien frère, celui avec lequel il vivait chaque moment et grandissait d’une aussi belle façon. Tim le sait, mieux que quiconque. Il a la possibilité de réaliser ce que son mentor avait fait en 2003, ce dont il rêvait et qu’il avait presque réussi en battant Miami il y a un an. Jugé pour overdose d’amour envers son sport et tentation trop forte face à un potentiel back-to-back, le phare des Spurs avait finalement reçu une année de plus de la part de la cour. Battu par les Clippers au premier tour, il patientera et verra le boulot réalisé par son management, pour revenir une dernière fois. La dernière ? La dernière. La saison prochaine, Duncan marchera probablement sur les traces de Robinson en devenant le pivot-éboueur ultime. Finies les soirées à 20 points minimum, un nouvel intérieur plein de talent sera là pour assurer la marque et permettre à la franchise de prospérer. Il faudra donc se donner sous les arceaux, se transformer en Bill Russell texan et… on a déjà évoqué la suite.

Personne ne sait si les Spurs, aussi talentueux sont-ils sur le papier, pourront repartir avec un 6ème titre l’an prochain. Cependant, on peut déjà avancer une chose. La saison prochaine sera la plus exemplaire de Tim Duncan, en suivant le modèle que Robinson avait instauré il y a presque 20 ans. Et quand on revoit la carrière du bonhomme, cela ne semble pas très étonnant. Allez, on termine sur un dernier titre, et on remballe…

Source image : Boston Herald