Profil Draft 2015 : Timothe Luwawu, la pépite française bien cachée ou pas de quoi s’extasier ?

Le 25 mai 2015 à 15:51 par Bastien Fontanieu

Cocorico ! Voilà le plus beau représentant de l’Hexagone pour cette cuvée 2015 qui se présentera à la Draft, l’ailier d’Antibes offrant un potentiel intéressant pour son jeune âge. Comme de nombreux frenchies sélectionnés avant lui, la question reste la même : c’est du lourd ou un peu court ?

Profil

> Âge : 20 ans. Né le même jour que Doug Christie. Quelque part, ça lui va assez bien.

> Position : Arrière. Capable de jouer ailier, mais on reste sur le poste 2.

> Equipe : Antibes (Pro B). La Provence-Alpes-Côte d’Azur is in the building.

> Taille : 201 centimètres. Coucou Kawhi Leonard.

> Poids : 95 kilos. Coucou Tayshaun Prince.

> Envergure : aucune donnée. Mais ça gratte les genoux sans se baisser.

> Statistiques 2015 : 6.9 points, 2.5 rebonds, 1.4 passes, 1.0 interception et 0.1 contres à 43% au tir dont 32% de loin, le tout en 17 minutes.

> Comparaison : Iman Shumpert ou Thabo Sefolosha. Au minimum, après on ne dira pas non à un petit Paul George hein.

> Prévision TrashTalk : 23ème position minimum, 38ème max.

Qualités principales

# Défense individuelle

S’il y a bien une partie de son jeu qui pourra permettre à Timothe (Timothé pour nous) de se faire un salaire chez l’Oncle Sam, c’est en défense. Déjà prêt physiquement et surtout intelligent dans ses prises de décisions, le bonhomme est capable de défendre jusqu’à 3 positions (meneur, arrière, ailier) sans paraître perdu sur une île déserte. Il faut dire qu’avec sa capacité à bien bouger ses pieds et ses bras interminables, on a typiquement le genre de poste 2 bien relou qui vous colle à la peau, sans prendre de décisions qui pourraient mettre en péril ses coéquipiers. Rotations solides, pression sur le tireur et le dribbleur tout en respectant les fondamentaux : quand il dit qu’il a pas mal étudié Paul George pour apprendre à bien soûler ses adversaires, on sent la bonne école.

# Bonne vision du jeu

Formation tricolore et donc forcément, QI basket plutôt élevé. On ne va pas commencer à dire que la Pro B est the place to be pour y développer la meilleure vision possible, mais entre l’Europe et les States il peut exister de gros écarts niveau réflexions sur le terrain. Ainsi, Luwawu reconnaît particulièrement bien les rotations qui lui sont imposées, quel intérieur va se retrouver avantagé et comment le basket se joue sur demi-terrain. Peu d’initiatives à la Dion Waiters où les sourcils se froncent, une bonne aisance sur pick-and-roll puisqu’il garde son dribble pour effectuer la bonne passe au bon moment, bref du bon joueur collectif qui ne va pas briser un schéma offensif demandé par son entraîneur.

# Shooteur correct

Si sa fiche joueur montre une comparaison avec Iman Shumpert, c’est surtout parce qu’on voit pas mal l’arrière des Cavs se régaler actuellement en situation de spot-up, c’est-à-dire les pieds dans le béton avec un parasol et une canette. Sa gestuelle est très loin d’être hideuse et ses 32% de réussite à distance donnent quelques sourires aux scouts qui pensent pouvoir développer cette belle mécanique. Bien évidemment, on n’est pas encore sur un arrière capable de créer son shoot de façon régulière en sortie de dribble, mais dans le profil d’un deux-trois qui défend et plante ses banderilles (coucou Ariza, Carroll et Green) le Timothe se place assez bien. Exactement comme Shumpert, au final.

# Corps quasi-parfait pour son poste

Grand, longiligne, rapide, mobile, le tout dans une carcasse qui semble pouvoir accepter quelques kilos supplémentaires et nécessaires, Luwawu est tombé sur le bon ticket lors de la loterie génétique et les franchises se frottent les mains devant ce prototype du poste 2 aux dimensions idéales. Il suffit de voir le succès de Klay Thompson ou Kawhi Leonard pour comprendre ce que le frenchie possède de la tête aux orteils, un body parfait pour défendre les plus petits, attaquer les plus lents et terminer dans les airs. Car si le garçon possède déjà une belle mécanique de tir, c’est son premier pas et ses pénétrations qui font saliver certains entraîneurs, eux qui voient en lui un potentiel slasher de qualité. Il faudra bosser à la salle pour ajouter de la couenne autour du jambon, mais la structure est au top.

Défauts majeurs

# Quel potentiel ?

C’est la question number one qui tombera sur chaque ailier français souhaitant traverser l’océan Atlantique. Pour aujourd’hui et probablement pour toujours. Nico Batum, Mike Gelabale et Mike Pietrus ont offert des carrières bien différentes en NBA, mais un point commun les rassemble et pourra jouer des tours concernant Luwawu : jusqu’où souhaite-t-il aller. Non pas qu’on veuille dire que les trois frenchies mentionnés sont des flemmards sans ambition, loin de là même, mais en voyant Rudy Gobert et Evan Fournier apporter un peu d’attitude méchante et cette hargne qu’il faut pour aller loin, on espère voir le joueur d’Antibes débarquer avec une détermination exemplaire, afin de réaliser son potentiel. Timothe dit lui-même qu’il a pris exemple sur Paul George, le parcours du joueur est pour le coup intéressant. Attendu en défense, avec un peu d’attaque mais sans plus, c’est dans son éthique de travail et son mental que la différence a été faite et aujourd’hui les Pacers se régalent. Entre Iman Shumpert et Kawhi Leonard un gouffre s’impose : de quel côté Luwawu souhaitera se poser, seul lui le sait.

# Régularité au scoring

En défense, aucun problème car s’il reste tout de même du boulot à faire en lecture, les fondamentaux sont bien présents. Par contre, l’attaque pourrait apporter son lot d’interrogations, et l’équipe dans laquelle il tombera devra lui offrir quelques opportunités sans oublier de s’armer de patience. Encore trop limité et irrégulier sur son tir, pas assez polyvalent pour proposer une première saison royale, l’ailier est un pari sur lequel une franchise va se poser en lui proposant probablement quelques détours par la Summer League et même la D-League. Attention à ne pas craquer et à continuer le boulot sur son jeu offensif, car le poste 2-3 est devenu plutôt bien peuplé ces dernières années et ce n’est certainement pas avec un jeu bancal que Timothe va pouvoir affronter James Harden, Klay Thompson ou Bradley Beal. Les étiquettes sont assez faciles à distribuer en NBA, à lui d’aller chercher celle du 3 and D (tireur + défenseur) le plus rapidement possible.

# De la Pro B à la NBA ?

On avait vu Alexis Ajinça passer de Toulon à la NBA, un jump un peu trop grand pour le géant qui avait dû se balader entre D-League et autres mini-contrats, et même si ce dernier avait débuté du côté de Pau Orthez la conclusion est vite arrivée comme une évidence pour les scouts américains : on ne passe pas comme ça d’une petite structure française à la meilleure ligue au monde. Il faut certes avoir le talent, mais aussi la détermination et les qualités nécessaires pour tenir chez les grands, ce qui représente une forte source de questionnements concernant Luwawu. Le bonhomme pourra surprendre tout le monde en devenant la belle histoire tricolore qui commence d’un coin du Sud pour terminer en couverture de magazine, mais tous les pronostics sont contre lui. Un probable role-player de qualité, sans plus.

Conclusion

L’énigme est assez simple lorsqu’on se penche sur le dossier de l’ailier. Le corps est impeccable, la vision du jeu est solide et les fondamentaux également. Maintenant, il faudra voir ce que Luwawu peut et souhaite devenir, entre un role-player apprécié sur le circuit, une nouvelle pépite tricolore ou un potentiel finalement peu adapté pour la NBA. Les trois scénarios sont possibles, à lui de jouer.

Source image de couverture : Sharks-Antibes